Page:Larguier - L'an mille, 1937.djvu/118

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d’une assiette de fraises, d’une grappe de chasselas, d’une salade, aperçus ainsi dans un jardin ; d’une promenade à petits pas, le long d’une haie en fleurs, d’une lecture devant une flambée de sarments, les pieds sur les chenets, mais personne ne le savait et il n’accordait même pas un regard à l’énorme porte verrouillée qui allait se refermer sur lui, quand on arrivait devant quelque forteresse, sous une aube grelottante ou pluvieuse. Jacques Santeuil voyait le froid mathématicien de la révolte, toujours ganté de fil noir comme un veuf, le vieux, ainsi que l’appelaient ses fidèles.

Il lui ressemblait beaucoup. De l’ancien révolutionnaire de 48, il avait la silhouette menue, la barbe pauvre, le front magnifique, la petite taille et l’ardente foi.

Sans doute aucun tribunal ne l’avait jamais condamné à la prison, mais ce