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4010 HUILE. la racine du souchet comestible en contient Fi’ès du tiers de son poids. Dans les graines, huile est ordinairement accompagnée d’albumine et de mucilage ; il résulte de là que quand on broie ces jiTaines avec de l’eau, riiuile, à la faveur de cotte albumine ou de ce mucilage, reste en suspension dans le liquide qui prend l’apparence du lait ; on a alors ce qu’on appelle une emutsion. Par abus, on donne quelquefois le nom A’/tulIfs à des substances pâteuses, d’origine végétale, qui mériteraient plutôt le nom de beurres ; telles sont les huiles de palme, de coco et de laurier. Les huiles que l’on extrait du corps des animaux sont, pendant la vie, à l’état de gouttelettes liquides dans le lard ou tissu cellulaire de ces derniers ; telles sont les huiles de baleine, de cachalot, de lUiuphin, de morse, de phoque, de marsouin, etc. Kn faisant bouillir dans l’eau les os des jambes et des pieds des bœufs, des vaches, des montons et des chevaux ou ce que l’on appelle les abatis de ces animaux, on obtient l’huile A& pieds de bœuf oa de mouton. Les huiles de poissons proprement dites se préparent en faisant bouillir des harengs ou des sardines dans l’eau pendant cinq ou six heures, en laissant refroidir la masse, et en séparant de celle-ci l’huile qui surnage. Pour les besoins de la médecine, on extrait de l’huile des foies de morue, de raie et de st/uule par le procédé suivant : on laisse pourrir ces foies jusqu’à un certain degré, puis on les fait bouillir dans l’eau ; après le refroidissement, on recueille l’huile qui constitue la couche supérieure de la masse. Les hniles végétales, de même que tous les corps gras, sont essentiellement formées de trois corps simples, savoir : le carbone, Vhi/drogène et Vo.ri/gène. Ces huiles sont des mélanges de plusieurs éthers de la glycérine ou, comme ou dit aujourd’hui, des mélanges de plusieurs glycérides. Chaque éther ou chaque glycéride qui entre dans une huile est une combinaison neutre de glycérine iC’ H" 0) avec un, deux ou trois équivalents d’un acide gras et élimination de deux équivalents d’eau par équivalent d’acide comljiné. La glycéride qui domine dans les huiles est la Irioléiue. liquide à la température ambiante. A cette trioleine se trouvent associées d’autres glyoérides, variables d’une huile à l’autre, mais au nombre desquelles ligure à peu près constamment la trimarqarine. L’huile d’olive renferme 73 p. 100 de trioleine ; le l’cste est formé de trimargarine et de triarachine. Les huiles d’feillette, de lin, de chènevis, de noix, de faîne sont constituées, presque en totalité, par une variété d’oléiiyî à laquelle les chimistes donnent le nom de linotéine. L’huile de ricin est principalement formée par la ricinole’ine, autre variété d’oléine. Le principe le plus abondant dans les huiles de colza, d’amandes douces, de noisette, de sésame, est la trioleine. Outre l’oléine et la margarine ou palmitine, l’huile d’arachide renferme deux autres glycérides qui sont : la triarachine et la trihjipogéine. L’huile de palme qu’on tire du mésocarpe du fruit d’une sorte de palmier, X’elseis Guincensis , est principalement composée d’oléine et de palmitine ; liquide sous les tropiques, elle prend chez nous la consistance du beurre. L’huile ou beurre de cacao est surtout riche en une stéarine particulière qui a reçu le nom de cacaostéarine. L’huile ou beurre de coco contient au moins six glycérides différentes, parmi lesquelles dominent la trilaurine, la trimyristine et la trimargarine. L’huile ou beurre de muscade est presque entièrement formée de trimyristine associée avec de petites quantités d’oléine et de butyrine. Les huiles des cétacés ont une composition spéciale : d’après Chevreul, elles renferment : 1° deux glycérides solides, la margarine et la cétine ; 2" deux glycérides liquides, l’oléine et la phocénine ou valérine ; 3" un acide gras volatil, l’acide phocénique ; 4» un principe colorant jaune. Les huiles de foie de morue, de raie et de squale doivent leurs propriétés médicinales à la présence de petites quantités d’iode, de brome, de chlore, de phosphore et de soufre. Le procédé que l’on suit pour l’extraction de l’huile contenue dans les graines des végétaux est le même que celui que l’on emploie pour obtenir l’huile d’olive : quelle que soit la graine, on la broie, on ajoute à la farine une certaine quantité d’eau pour en faire une sorte de pâte et on pressure celle-ci renfermée dans des calias. L’huile fournie par cette pression est désignée sous les noms d’huile de fleur et d’huile de froissaf /e. La pâte, réduite en tourteaux par le pressoir, est retirée des sacs, moulue finement, traitée jiar l’eau bouillante et pressée une seconde lois. Klle donne alors ce que l’on appelle Vhuile de refait ou de rebat. Une fois extraites des graines, les huiles ont besoin d’être épurées avant de servir aux usages alimentaires, économiques et industriels, à cause de l’albumine, du mucilage, des matières colorantes, extractives et résineuses qu’elles contiennent toujours et dont il faut les débarrasser. On épure simplement l’huile d’olive en la laissant reposer pendant un certain temps dans une cave fraîche et en la décantant ensuite. Quant aux huiles plus particulièrement destinées à l’éclairage, telles que l’iuiile de colza et celle de navette, on les clarilie en les battant fortement avec deux ou trois centièmes de leur poids d’acide sulfurique, en ajoutant ensuite une bouillie de craie, en laissant déposer, en soutirant l’huile et en la filtrant. Pour eire<’tuer cette dernière opération, on met l’huile dans une grande futaille oii on la bat avec de la poudre de tourteau desséchée. On n’a pas encore réussi jusqu’à présent à épurer convenablement l’huile de baleine et a lui enlever son odeur désagréable. M . Girardin estime que ce qu’il y a de mieux à faire pour la décolorer et la désinfecter, c’est de la soumettre soit à l’action d’une lessive alcaline froide, soit à l’action successive de la craie, de la vapeur d’eau et de l’acide sulfurique, de la laisser reposer, et enfin de la filtrer à plusieurs reprises sur du charbon animal. Les différentes sortes d’huiles grasses jouissent de propriétés de même ordre, mais non identiques. Toutes tachent le papier d’une façon indélébile en le rendant translucide, ’l'outes sont plus légères que l’eau. Voici le tableau de leurs densités ; Huile de «ichalot 0,8810 — de colza 0,9147 — de navette 0.9155 — de pied de bœuf. .... 0,9160 — d’arachide 0,9170 — d’olive 0.9170 — d’ama-iides douces. . . . 0,9180 — de faîne 0,9207 — de sésame 0,92^5 — de baleine filtrée. . . . 0,9240 — d’œillette 0,92.53 — de foie de morue. . , . 0.9260 de foie de raie 0.9270 de chènevis 0,9270 — de cameline 0,9282 — de croton 0.9306 — de lin 0,9350 Los huiles fixes se figent à des températures différentes. Le point de solidification des principales est indiqué dans le tableau suivant : Nom (les huiles. Point de Bolidiflcation. Huile de cachalot -4~ 8" — d’olive +6» — de baleine -|-l".t2° — de pieds de bœur, — de fuie de morue. ... 0* — de moutarde 0" — d’arachide — 3" — de navette — 3° 75 — de sésame — 5" — de colza — e^Sô — d’amandes douces, — de noisette — lO" — de ricin — 16* — de faîne — 17" 5 — d’œillette — de cameline — IS" de lin, — de chènevis — 27«5 Aucune des huiles grasses n’est volatile ; toutes bouillent à une température très élevée, mais différente pour chacune d’elles ; par exemple, l’huile de ricin entre en ébullition à -f 265" et les huiles d’olive et de noix ne commencent à bouillir qu’à + 320". Les huiles, chauff’ées au-dessus de leur point d’ébullition et au contact de l’air, se décomposent en donnant naissance à de l’acide carbonique, à de l’hydrogène bicarboné et à do i’aeroléine, liquide huileux, d’une saveur brûlante et d’une odeur insupportable ; puis elles brunissent et finissent par s’enflammer. Distillées en vase clos, elles produisent d’abord les mêmes gaz que par la distillation à l’air libre et, en outre, des acides raargarique, oléique, acétique et sébacique. A une température plus élevée, il se forme de I’aeroléine et une huile volatile odorante. A la fin de l’opération, on voit se produire une matière solide rougeâtre qui est un mélange de 2 carbures d’hydrogène désignés sous les noms de chrysène et de pyrènc. En faisant tomber sur des morceaux de coke incandescent une huile quelconque, divisée en minces filets, on obtient un gaz d’éclairage qui ne contient pas moins d’une douzaine d’hydi’ogènes carbonés et qui fournit une lumière beaucoup plus éclatante que celle du gaz de houille ; mais le haut prix des huiles ne permet pas de recourir à ce moyen d’éclairage. Les huiles grasses se conservent longtemps sans altération lorsqu’elles ne sont pas en contact avec l’air ; mais dès qu’on les expose à l’action de ce fluide, elles absorbent de l’oxygène, s’acidifient et acquièrent une saveur acre et désagréable. On dit alors qu’elles deviennent rances. Ce changement dans la nature des huiles se produit plus ou moins lentement ; tandis que l’huile d’olive et l’huile d’amandes douces peuvent éti’e exposées longlemjis à l’air sans que leur goût soit altéré, l’huile de noix, au contraire, est déjà rance au bout de quelques jours. En outre, il est un certain nombre d’huiles qui n’absorbent à l’air qu’une faible quantité d’oxygèneetqui dcmeurenltoiijours liquides ; on leur donne la qualification d’huiles non siccatives. Telles sont les huiles d’olive, d’amandes douces, de faîne, de navette, de noisette, etc. Les autres soutirent à l’air une proportion d’oxygène beaucoup plus considérable ; elles finissent par s’épaissir et par se changer par degrés en une masse résineuse, transparente, de couleur jaune, un peu élastique, qui a l’apparence d’un vernis. On exprime cotte propriété en disant que ces huiles sont siccatives. Les principales huiles siccatives sont celles de lin, de noix, de chènevis, d’oîillelte, de ricin, de croton, etc. Parmi elles, c’est l’huile de lin qui est la plus siccative de toutes. Vient ensuite celle de noix, puis celle de chénevi.s . Ces huiles siccatives sont seules employées pour la réparation des vernis et des couleurs à ’huile. Elles doivent la propriété qu’elles possèdent de se solidifier à la linoléine qui en forme la base. Ainsi, en règle générale, toute huile contenant de la linoléine est siccative ; toute huile où n’enlre point la linoléine n’est point siccative. Quelquefois l’absorption d’oxygène est si énergique et il en résulte un tel dégagement de chaleur que les huiles prennent feu spontanément. De là résultent de fréquents incendies dans les fabriques où l’on amoncelle des tas de chiffons de laine, de coton, etc., imbibés d’huile. On rend les huiles dont il vient d’être question plus siccatives qu’elles ne le sont naturellement, en les faisant bouillir soit avec 7 à 8 p. 100 de litharge réduite en poudre fine, soit avec quelques millièmes de borate ou de benzoate de protoxyde de manganèse. Toutes les huiles grasses sont insolubles dans l’eau et peu solubles dans l’alcool, dans l’esprit de bois ordinaire ; cependant elles se dissolvent dans ces deux liquides portés à l’ébullition, et d’autant plus facilement qu’elles sont plus riches en oxygène. Mais les meilleurs dissolvants des huiles fixes, et ceux qu’on emploie le plus communément, sont l’éther, le chloroforme, la benzine, les essences, le pétrole, les huiles de houille et de schistes, le naphte et le sulfure de car- . bone. Ce dernier produit, à cause de son bas prix, est fréquemment employé dans l’industrie pour dissoudre toute espèce de corps gras. f