DU STYLE. 237
rare qu'elles aillent au delà de ce nombre. Voici pourtant une période à cinq membres. Elle est de Bud'on, qui a dit en parlant du chien :
« C'est une créature qui renonce à son être pour n'exister que par la volonlé d'un autre; — qui sait même la prévenir; — qui, par la promptitude et la précision de ses mouvements, l'exprime et l'exécute; — qui sert autant qu'on le désire, et ne rend qu'au- tant qu'on veut; — qui, se livrant sans réserve, ne se refuse à rien, sert de toutes ses forces, s'excède, et même meurt pour mieux obéir. »
614. — De la concision du style. Écrire avec con- cision, c'est n'employer que le nombre de mots strictement nécessaires pour exprimer sa pensée.
Le défaut contraire à la concision est la. prolixité, au sujet de laquelle Boileau s'est exprimé ainsi :
Tout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant, L'esprit rassasié le rejette à l'instant.
Une trop grande concision produit Vobsciirité.
QUALITÉS PARTICULIÈRES DU STYLE
615. — On appelle qualités particulières du style celles qui, à l'encontre des qualités générales, ne doivent apparaître qu'à certains endroits déterminés.
Les qualités particulières du style sont : la simplicité et la naïveté, plus spéciales au style simple; Vélégance, la délica- tesse et la finesse, plus spéciales au style tempéré; la richesse, Vénergie, la véhémence, la magnificence et le sublime, qualités plus spéciales au style sublime.
616. — De la simplicité. La simplicité consiste à ex- primer ses pensées le plus naturellement possible, et sans les embellir d'aucun ornement.
617. — De la naïveté. La naïveté consiste à exprimer ses pensées d'une manière simple et gracieuse, qui exclut en quelque sorte la réflexion et le travail.
On sait que la naïveté est le caractère par excellence du génie de La Fontaine*. Il en donne un exemple quand il dit avec bonhomie :
Si Peaii-d'Ane m'était conté, J'y prendrais un plaisir extrême.
618. — De l'élégance. Vélégance consiste à choisir avec tact les expressions et les tournures les plus distinguées.
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