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HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE. 317

Aussi ne faut-il s'attendre pendant ce temps ni à la multi- plicité des poètes ou des écrivains en prose, ni à des œuvres d'un grand mérite. Le xiV^ siècle est donc une époque relativement stérile. Ce qui, indépendamment des événe- ments politiques, peut encore expliquer cette stérilité, c'est la transformation que subit alors la langue. Cet âge marque en elfet le commencement du français moderne.

Pendant le xiv<= siècle, la poésie eut pour principaux in- terprètes Christine de Pisan et Froissard.

Christine de Pisan, née en Italie en 1363 et dont la date de la iiHPit est inconutic, vint de bonne heure en France, s'y maria, de- vint veuve il 2.J ans, mais considéra toujours notre pays comme sa patrie d'adoption. Christine était fort savante pour son temps, et elle montre dans ses poésies une sensibilité touchante qui lui assure un rang distingué parmi nos poètes du moyen âge. Ses ballades surtout sont remarquables. Elle a aussi écrit en prose une Histoire de Charles V, dont on excuse la partialité en consi- dération des bienfaits qu'elle avait reçus de ce roi.

Jehan Froissart, né en Flandre en 1333, mourut vers 1420. Il se distingua à la fois comme poète et comme prosateur; mais ses vers sont plus remarquables par la grâce que par la vigueur et le sentiment. Sa manière rappelle un peu celle de Guillaume de Lor- ris dont il semble s'être inspiré. Froissart est surtout connu et estimé comme prosateur. La Chronique de Fra?ice, cC Angleterre, d'Ecosse et d'Espagne est son titre le plus sérieux à l'admiration de la postérité. Le style en est abondant, plein d'imagination, coloré et naïf; mais on ne peut trouver dans Froissart ni des pensées pro- fondes et philosophiques, ni cette fidélité qui est une des pre- mières qualités des historiens modernes. On regrette encore que cet auteur ne soit pas animé de sentiments patriotiques et qu'il témoigne en toute occasion sa prédilection pour l'Angleterre.

Le XIV® siècle, si pauvre d'ailleurs en productions litté- raires, est cependant remarquable par le développement que prit alors notre théâtre. C'est l'époque de la plus grande vogue des Mystères. Mais ces pièces avaient déjà revêtu un certain caractère profane. On ne les jouait plus à la porte des églises, et le clergé n'y prenait plus aucune part. Une troupe d'acteurs s'était constituée pour les représenter. C'é- tait la Confrérie des Frères de lu Passion, qui avait obtenu un privilège de Charles VI en 1402, et s'était installée à l'hôpital de la Trinité, en dehors de la porte Saint Denis à Paris. Dans le même temps florissait le théâtre des Clercs de la Basoche à qui l'on doit les moralités et les farces.

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