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Page:Larive Fleury Grammaire 1910 tome 4.djvu/343

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HISTOIRE LITTÉRAUtfc; DK LA FRANCE. 329

langue en est éinineiiiment corroclc et le style naturel. On y dési- rerait seulement un peu plus de clinleur. Dans l'épltre qui célèbre le passage du Rhin, l'auteur |)rend le ton de l'épopée; mais on y sent plus l'ellet de l'art que l'inspiration.

L'Art poétique, (jui est avec le Lutrin le meilleur ouvrage de Hdileau, fut composé de 1009 à 1074. L'auteur avait 33 ans à la première date, et était dans toute la maturité de son talent. Un de nos crititjues a dit (jue fArt poétique était la profession de foi lit- téraire d'un grand siècle. Beaucoup plus étendu que celui d'Ho- race, VArt poétique se compose de quatre chants.

La critiijue de Boileau, aussi exacte que sévère, exerça la plus heureuse induence sur les écrivains contemporains.

Jean de La Fontaine, notre inimitable fabuliste, naquit ù Châ- teau-Thierry en 1021 et mourut à Paris en 1003. 11 était liis d'un maître des eaux et forêts et mena jusqu'à vingt-six ans une vie désœuvrée. Mais déjà son goiit pour la poésie s'était éveillé en entendant lire une ode de Malherbe. Dès que La Fontaine eut atteint sa vingt-sixième année, son père lui céda sa charge et le maria; mais La Fontaine ne tarda pas à venir à Paris, le foyer de la littérature. Le reste de sa vie se passa chez les grands qui lui servirent successivement de protecteurs.

La Fontaine a composé douze livres de fables (V. Morceaux choisis, p. 373), dont les sujets sont empruntés à divers auteurs anciens et modernes. Les six premiers livres parurent en lOOS. La Fontaine avait alors quarante-sept ans. Les six derniers livres furent publiés successivement de 1078 à 1094.

Dans cette seconde partie le poète étend le champ de l'apologue; il devient plus hardi, sinon plus ])rofond ; son pinceau se colore davantage. Du reste, les fables de La Fontaine, dans leur ensem- ble, sont des chefs-d'œuvre de bonhomie, de naïveté, de délica- tesse et de naturel. Le poète prend sans elfort tous les tons, depuis le sublime jusqu'au badin. La Fontaine a été surnommé Vinimi- taOle, et de fait jamais personne n'a tenté de l'imiter. Il doit sans doute son style, uni([ue entre tous, à la lecture assidue qu'il fai- sait de nos vieux auteurs. 11 semble avoir pris leur verve gauloise pour la marier heureusement aux qualités des grands écrivains de l'antiijuité. Si La Fontaine n'est pas le plus grand écrivain du siècle de Louis XIV, il en esta coup sûr le plus original.

Sou Élégie aux nymphes de Vaux, écrite en faveur de Fouquet désigné sous le nom d'Oronte, est une de ses plus touchantes pro- ductions en même temps qu'un acte de courage, car Louis XIV était fort irrité contre le surintendant.

SUITE DU SIÈCLE DE LOUIS XIV. — ÉLOQUENCE SACRÉE

Descartes et Pascal avaient pour ainsi dire créé la prose française pendant la première moitié du .\vii« siècle. Ils curent de dignes émules dans les orateurs et les philoso-

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