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HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE. 335

vcnibre 1604, et y ost mort le 30 mai 1778; il remi)lit le xviii" siècle dp sa renoininée littéraire. Il fit ses études au collège de Louis-lc- Graiid alors dirigé par les jésuites. Nous n'entrerons pas dons les détails de sa vie aventureuse, sorte d'odyssée littéraire. Mis deux fois à la Bastille, il s'exila en Angleterre, habita successivement Paris et Cirey en Champagne, demeure de la marquise du Chà- (elet. Après avoir été gentilhomme de la Cliamhre de Louis XV et liistciriographe de France, il alla se fixer en 17.^0 à Berlin, auprès du grand Frédéric*, roi de Prusse, avec lequel il ne tarda pas à se brouiller. Rentré en France, il habita successivement plusieurs villes, jusqu'à ce qu'enfin il se fixât en 1758, à Ferney, sur le ter- ritoire de Genève. Il ne quitta plus cette résidence que pour venir à Paris, dans l'hôtel du marquis de Villette, situé sur le quai qui est aujourd'hui le quai Voltaire, et où il mourut.

Après avoir débuté par une sorte de poème épique, la Henrunle, Voltaire se fit remarquer comme auteur dramatique et comme his- torien. Le sujet de la Henriade est la lutte de Henri IV contre la Ligue*; mais ce poème contient en outre le récit des événements survenus pendant les règnes de Charles IX et de Henri III, récit que le Béarnais est censé faire à la reine Elisabeth, pendant un vovcige secret et supposé par l'auteur. La He7iriade ne peut être rangée au nombre des poèmes épiques; le merveilleux consiste simplement dans des allégories. Le poète personnifie la vérité, la discorde, la politique, le fanatisme, etc. C'est à peu près à cela que se réduit le surnaturel.

Dans l'art dramatique, on doit à Voltaire d'avoir donne une importance plus grande à l'action; il a rehaussé ses tragédies de toute la pompe théâtrale; elles sont faites pour la représentation plutôt que pour la lecture; il vise à la peinture de la passion, sans se soucier de la mettre en lutte avec le devoir. Ses pièces offrent plus de pathétique que celles de Corneille et de Racine. Le prin- cipe moral en est à peu près absent. Elles sont en outre semées de tirades philosophiques. Le poète s'est fait du théâtre une tribune du haut de laquelle il cherche à faire triomidier ses opinions. On admire la variété des sujets qu'il a traités. Son style est d'une élégance soutenue; mais la versification en est très faible. Les tra- gédies de Voltaire sont au nombre de vingt-huit. Nous ne citerons (|ue les plus importantes : Œdipe, Bi'utus, Zaïre, la Mort de César, le Fanatis7ne ou Mahomet, Mérope. Sémiramis, Rome sauvée.

Considéré comme historien. Voltaire doit fixer l'attention par les innovations qu'il introduisit dans la manière d'envisager et d'écrire l'histoire. 11 publia d'abord, en 1730, VHisloire de Cliurles XII, roi de Suède, narration rapide, colorée, intéressante comme un roman, de la vie de ce singulier monarque. En 1732, parut le Siècle de Louis XIV, l'œuvre historique la plus originale de l'au- teur. Rompant avec la tradition, Voltaire ne se contente pas de mettre en scène les souverains et de raconter les événements poli- tiques: il entreprend de peindie complètement une époque, d'en

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