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Page:Larive Fleury Grammaire 1910 tome 4.djvu/355

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HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE. 341

André Chénier, né k Constanlinoplc on 1762, d'un Français et d'une iiicn' f;r('C(iuo, mourut sur l'échat'aud en 1794, l'avant-veilie du !) Itierniidor. On s'accorde à reconnaître (lue s'il avait vécu davantage, il eût donné à la Franco un grand poète de plus. Un commerce assidu avec la musc grecque assouplit son talent et communiqua ù son style une grâce exquise, qui se mariait heureu- sement avec une tournure d'esprit éminemment frani;aise. 11 a laissé des élégies, ([uelques idylles, des odes empreintes d'une déli- catesse et d'une harmonie remanjuahles. 11 était incarcéré à Saint- Lazare, lorsqu'il composa la Jeune Captive, pièce de vers tou- chante, inspirée par la présence, dans sa prison, d'une jeune fille noble, mademoiselle de Coigny, condamnée par le tribunal révolu- tionnaire (V. Morceaux choisis, p. .385).

Son frère, Marie-Josep/i Chénier, a écrit, non sans talent, plu- sieurs tragédies.

NEUVIÈME ÉPOQUE (xix" siècle)

Il est fort difficile de porter un jugement exact sur les œuvres littéraires du xixe siècle, trop rapprochées de nous et trop empreintes des idées qui font encore l'objet de nos discussions; aussi nous bornerons-nous à une légère es- quisse.

A Taurore du siècle, de 1800 à 1814, on se fait une idée des plus fausses de la poésie, et l'on porte jusqu'à la super- stition le respect de la règle. L'observation méticuleuse des préceptes tient lieu de naturel et de vie. C'est l'époque du pseudo-classique, époque de décadence marquée.

On est tout heureu.x et surpris, au milieu de cette période stérile, de signaler les œuvres empreintes de sensibi- lité qu'ont produites Legouvé (^1764-1811) et Millevoye (1782-181G). Le premier dut sa popularité au petit poème intitulé le Mérite des femmes (1801); le second à des élégies toucliantes, telles que le Poète mourant et la Chute des Feuilles.

Tandis que la poésie n'existait plus que de nom, la prose, reprenant une nouvelle vie, enrichissait notre littérature d'œuvres importantes et rénovatrices. L'étude attentive des littératures allemande et anglaise, et le retour aux idées religieuses contribuèrent à en relever la portée. On com- mençait à s'insurger contre les préceptes de Boileau; Ma- dame de Staël et Chateaubriand furent les représentants des aspirations nouvelles.

Madame de Staël (1766-1817), fille du ministre Necker*, élevée au milieu des hommes distingués qui se réunissaient chez son père, s'adonna de bonne heure aux belles-lettres. Rentrée à Paris

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