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NOTE SUR LES LITTÉRATURES ETRANGERES. 347

rétude du droit, mais il i'nhandonna bientôt pour la poésie, publia en I5r)2 Renaud, poème chevalei('s([ue en douze chants dont la réputation le lit ap|ieler à la cour d'Alphonse 11, duc de Ferrare. En 1571 il vint en France où Charles IX, |Jocte lui-même, le regut avec distinction. De retour à Ferrare il publia la Jérusalem délivrée en 1575. S'étant ensuite brouille avec la cour de Ferrare, parce (ju'il aspirait ù la main de Léonore, sœur du duc, il fut contraint (l'errer dans les dilTérentes villes de l'Italie, luttant contre le besoin. S'étant hasardé à rentrer dans Ferrare en 1579 il fut enfermé, par ordre du duc, dans un hôpital do fous, d'où il ne sortit qu'en 1580 à la prière du pape. En 1.595 Clément VIII voulut renouveler pour lui l'antique cérémonie du triomphe*, mais le poète mourut la veille même du jour où elle devait avoir lieu.

Le sujet de la Jérusalem délivrée est la conquête de la Palestine par les Croisés, sons le commandement de Godefroy de Bouillon, VAf/amemnon du poème, comme Renaud en est V Achille. Ce dernier, ayant tué un chevalier en combat singulier, est vivement blâmé par Godefroy et quitte le camp des Croisés. A quelque temps de là on trouve ses armes ensanglantées, on accuse Godefroy de sa mort et il s'élève une sédition (jue Godefroy réussit à apaiser. Cependant le siège de Jérusalem se resserre. Clorinde, héroïne musulmane, tente une sortie; mais mortellement blessée par Tan- crède, elle succombe après avoir reçu le Ijaptême. Jérusalem va se rendre, quand Ismen, magicien d'Aladin, tyran de la ville, enchante la forêt où les chrétiens coupent les bois nécessaires pour le siège. Aucun guerrier n'y peut plus pénétrer. Alors on songe à rappeler Renaud : deux guerriers vont le chercher aux îles Fortunées, où l'avait transporté l'enchanteresse Armide, et le ramènent au camp. Renaud fait cesser le charme dont la forêt avait été frappée, et Jéru- salem tombe bientôt au pouvoir des Croisés.

��ANGLETERRE

Les trois grands noms qui se détachent avec le plus de relief dans la littérature anglaise sont ceux de Shakespeare, de Milton et de lord Byron.

Shakespeare (William) (1364-1616) est le plus grand poète tra- giiiue de l'Angleterre. 11 paraît avoir eu une jeunesse agitée, sur laquelle on a peu de renseignements. Après quelques essais poé- tiques qui passèrent inaperçus, il aborda le théâtre où l'atten- daient les succès les plus éclatants.

Shakespeare, d'un génie éminemment fécond, considère une tra- gédie comme la représentation d'un événement terrible au milieu duquel se heurtent avec une incroyable discordance le pathétique et le grotesque, le sérieux et le comique. Il affectionne trois sortes de personnages : les terribles, qui dépassent tout ce que l'imagi-

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