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DE l'adjectif qualificatif. 41

1° Ainsi : grand nous est resté comme adjectif féminin dans : grand'bande, grand' chose, grand'soif, grand' garde, grand'honte, grand'mère, grand'messe, grand'peine, grand'peur, grand'pilié, grand'salle, grand'lanle, etc.

C'est il tort qu'on met une apostrophe dans ces expressions, puisqu'il n'y a pas d'c muet de supprimé, comme le prétendaient les anciens grammairiens.

2° En termes d'ancienne chancellerie on disait : Lettres royaux, ordonnances royaux. Dans ces deux expressions, royaux n'était point au masculin, mais bien au féminin, suivant la règle de l'ancien français qui faisait les deux genres semblables dans les adjectifs en al. Par là s'explique la prétendue incorrection de ce vers de Racine dans les Plaideurs :

J'obtiens lettres royaux, et je m'inscris en faux.

3" Dans la formation des adverbes de manière provenant d'ad- jectifs terminés par anl et ent, on a eu égard à ce qu'autrefois ces adjectifs étaient invariables quant au genre : de constant, de pru- dent, on a fait constamment, prudemment, et non pas constante- ment, prudentement (Voir au chapitre de Vadverbe).

PLURIEL MASCULIN DES ADJECTIFS TERMINÉS EN âl.

121. — Les adjectifs terminés au masculin singulier par al font leur masculin pluriel en aux : loyal, loyaux; origi- nal, originaux.

Cependant fatal, final, glacial, nasal, naval, pascal, théâ- tral, prennent un s au pluriel : Un froid glacial, des froids glacials.

122. — Grammaire historique. A l'origine du français, tous les adjectifs en al formaient par als non seulement leur pluriel mas- culin, mais encore leur pluriel féminin. Un peu plus tard, au contraire, ces deux pluriels étaient en aux.

Aujourd'hui le pluriel masculin d'un certain nombre d'adjectifs flotte entre ces deux formations. Quand un adjectif est nouveau dans la langue, on est porté à lui donner un pluriel en als. C'est ainsi, par exemple, que La Harpe* a dit : « Des effets Ihédtrals. » Mais à mesure que l'usage d'un adjectif en al devient plus fré- quent, on voit se manifester la tendance contraire à lui donner un pluriel en aux. Les savants qui font autorité proposent l'emploi du pluriel en aux : glaciaux, nasaux, amicaux, frugaux, pénaux, naraux, théâtraux, etc.

A une époque où l'on peut dire que la science grammaticale n'était point encore fondée, l'Académie* non seulement proscri- vait ces pluriels, mais encore elle déclarait que plusieurs adjectifs en al, comme amical, ne pouvaient être employés au pluriel mas- culin. Cet arrêt ne prévaudra pas contre des tendances irrésistibles.

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