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La Villa des Ancolies

Une lettre d’avocat ! Recevoir une lettre d’avocat… elle, la si paisible Mlle Perrin… Elle en était d’abord restée abasourdie. Une lettre d’avocat ! Que faire ? À chacune de ses lectures la consternation de la pauvre fille augmentait. Mon Dieu ! que les gens étaient méchants !

Elle demeurait sur place, incapable de prendre une résolution, fascinée par ces lignes remplies de menaces, impuissante à en détacher les yeux… une lettre d’avocat !

Voici ce que contenait la malheureuse missive qui venait de jeter le trouble et la consternation dans l’âme de notre recluse :

« St-Hyacinthe, 30 juin, 1918.
Mademoiselle Laure Perrin,

St-Hyacinthe le Confesseur,

Mademoiselle : —

J’ai reçu instructions de mon client, Monsieur Paul Hainault, de vous réclamer la somme de cinq cents piastres à la suite de l’assaut brutal et non provoqué dont votre chien s’est rendu coupable sur sa personne.

Il est inutile de vous rappeler les détails de cette affaire, on m’apprend que vous en avez été témoin.

Mon client répartit comme suit sa réclamation, savoir :

Pour douleurs corporelles, la somme de cent cinquante piastres ; pour ébranlement nerveux résultant en une dépréciation des facultés de mon client et en une diminution de ses capacités de travail jusqu’à parfait rétablissement du choc nerveux causé par la dite agression, la somme de cent cinquante piastres ; enfin, pour dommages exemplaires résultat de votre négligence et de votre mauvaise volonté en laissant ainsi en liberté un chien féroce, la somme de deux cents piastres.

Toutefois, mon client serait consentant à abandonner toute réclamation et à se désister de toute action en dommage pourvu que vous