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La Villa des Ancolies

Comment ! vous ici, ma chère Yo ? s’exclama le jeune homme en apercevant l’espiègle.

— Oh ! Jean ! S’entendant interpeler, elle avait levé les yeux et, dans son regard candide et innocent, une telle surprise se lisait que le brave garçon fut bien loin de soupçonner que cet étonnement était simulé.

— Je ne rêve pas, c’est bien vous, petite Yolande ?

— En chair et en os.

— Par suite de quelles circonstances vous trouvez-vous en notre ville ?

— Je suis en vacances de repos.

— Que je suis heureux de vous voir. Et vous ?

— Disons que je ne suis pas fâchée.

— Comment avez-vous appris ma présence ici ?

— Mais je l’ignorais complètement. C’est le hasard qui m’a valu d’être en cette ville en ce moment, le hasard et la bonté d’une cousine qui a consenti à m’héberger durant ces quelques semaines.

— Ah ! ce n’est pas à cause de moi que vous avez choisi Saint-Hyacinthe comme villégiature…

— En toute franchise, je vous répète que je ne vous savais pas ici. J’avais un mois de vacances, ma cousine m’invita à le passer auprès d’elle ; je ne pouvais refuser une telle aubaine ; mais j’étais à cent lieues de vous croire ici.

Moi qui avais cru…

— Cru quoi ?

— Que vous veniez lever la consigne, que ma longue soumission vous avait touchée… Enfin puisque ce n’est qu’un effet du hasard, je bénis le hasard et j’espère au moins que je pourrai profiter de votre présence ici, que vous ne m’interdirez pas de vous voir durant votre séjour à Saint-Hyacinthe.