Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/264

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perd toujours de sa beauté, et vous serez plus longtemps jolie. Quant à moi, je n’aime pas les enfants. » Ah ! si le duc n’avait pas été mon mari, je crois que dès ce moment je l’aurais détesté. Tu sais tout, maintenant. Le temps me guérira peut-être ; mais pour le moment je souffre bien. Si tu savais, j’avais passé mon enfance à voir de loin une tête d’enfant me sourire et me parler. Je lui prêtais une âme, un visage, un nom. Après mon mariage je l’appelais Edmond, comme lui, ou bien Lydie, comme toi. Par avance je lui brodais des vêtements ; pour cela je me cachais, de peur qu’on ne se moquât de moi. Chaque fois que je voyais une jolie robe d’enfant, elle me paraissait faite pour le mien, je l’achetais et je la mettais dans une cachette que j’appelais en moi-même : la maison du marquis. Comme j’étais enfant ! C’est bien pardonnable, je n’ai que vingt ans. Si l’on me voyait quand je suis seule, on me croirait folle. Je m’enferme pour regarder toutes ces brassières, ces jupes, tous ces petits bonnets, et je pleure mon enfant comme s’il était mort ; car il vivait, vois-tu, il a vécu dans mon esprit. J’embrasse ces petits objets comme s’ils lui avaient appartenu ; la nuit je m’éveille, je me dérange avec frayeur, je m’imagine qu’il est couché près de moi et j’ai peur de l’étouffer. Oh ! tiens ! c’est un supplice horrible qui m’envahira si Dieu ne m’envoie du courage. Nous ne