une bicyclette ; il a seize kilomètres à parcourir, tandis que le sampan devra faire un grand détour et, d’autre part, sera fortement ralenti par le courant quand il remontera le fleuve vers Quang-Yen.
Ainsi est-il assuré de le devancer et d’assister, caché, à son arrivée, si telle est bien la destination des bonzes.
À Quang-Yen, il attendit vainement pendant vingt-quatre heures ; un messager expédié vers Mme Rigo, à Hongay, revint, annonçant que celle-ci n’avait pas vu l’embarcation suspecte.
Les bonzes s’étaient donc attardés vers le bas Song-Hip.
Rigo embarqua aussitôt sur le sampan de la Douane pour aller fouiller cette région.
Comme il arrivait en vue du confluent du Song-Hip et du Fleuve Rouge, il aperçut le sampan déboucher et virer de bord, pour gagner Hongay.
Le gibier était retrouvé, il ne fallait plus le perdre de vue.
La seule difficulté, d’ailleurs, était de le suivre sans se faire remarquer — difficulté en somme presque nulle — car les sampans circulaient nombreux dans cette zone, les uns montant, les autres descendant. En se tenant à bonne distance, celui occupé par Rigo ne devait pas attirer l’attention des bonzes.
D’ailleurs, il modifia bientôt sa tactique : il devança ceux qu’il suivait et se tint dès lors à cent mètres environ en avant d’eux.
Ainsi, prêt à bifurquer s’ils bifurquaient, il évitait plus sûrement d’être repéré.