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LA PAGODE AUX COBRAS

frère. Celui-ci l’avisait du passage des deux suspects qu’il avait fait suivre par deux chasseurs Mans.

Tout allait bien dès lors !

Rigo força l’allure et, le soir même, il avait rejoint le poste forestier.

Dans la nuit, l’un des Mans était de retour et faisait de son expédition un récit extraordinaire.

Son compagnon et lui avaient suivi les bonzes, qui, bientôt après le poste, avaient pris un sentier à peine tracé, un sentier de fauves et de chasseurs, orienté vers le nord.

Plusieurs heures de marche les avaient amenés dans un coin mystérieux, connu mais redouté par les Mans superstitieux, une vaste clairière où, entouré de broussailles épaisses, s’élevait un amas de rochers, les « Rochers des Makouis ».

Les Makouis ! les méchants génies attachés à nuire aux pauvres hommes, esprits invisibles, heureux de faire le mal ! Ce sont eux les auteurs de tous les accidents, eux qui égarent les chasseurs dans les fourrés, qui détournent la flèche ou la balle et l’envoient frapper un compagnon de chasse !

Les Mans ne tarissent pas sur les méfaits des Makouis et, parce qu’ils les redoutent, ils les vénèrent, les respectent et leur offrent des sacrifices.

Cet amas de rochers était bien fait pour effrayer une peuplade naïve et la convaincre qu’il devait être le repaire favori de ces sinistres Makouis. Il s’élevait dans la forêt vierge, au milieu d’arbres géants, au centre d’une clairière au sol recouvert de broussailles épineuses, et continuait jusqu’à un énorme tas de rocs entassés les uns sur les autres.