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LA PAGODE AUX COBRAS

Puis sort à son tour le bonze-chef hiératique, vêtu d’une longue tunique de soie jaune, la couleur impériale.

Devant le bouddha, il officie, accomplit les sacrifices rituels, tandis que les fidèles se tiennent à genoux pour, de temps à autre, sur un signal donné par un gong, se prosterner front contre le sol et accomplir les grands lays.

L’officiant a terminé et maintenant il parle aux pèlerins. Son allocution est courte, faite en termes hermétiques, pleine de mystérieuses allusions.

Rigo s’étonne que certains mots lui échappent. Il comprend le sens général de ces paroles de haine qui contiennent des menaces contre les blancs — croit-il. Seule, la fin lui paraît claire…

« Le grand cobra sortira de la forêt pour détruire ses ennemis. »

C’est à ce moment que deux bonzes, se détachant du groupe, s’avancent devant le bouddha et, soufflant dans des instruments qui ressemblent à des flûtes, modulent une sorte de danse lente…

Alors, rampant hors de la pagode, surgissent une vingtaine de grands cobras noirs, la variété la plus redoutée.

Les reptiles viennent aux pieds des musiciens et, suivant les modulations de flûtes, oscillants, lovés sur leurs queues, le cou gonflé, ils se balancent lentement au rythme de la mélodie.

Les quatre bonzes qui demeuraient se sont levés aussi et, descendant, circulent au milieu des pèlerins qui sont debout, maintenant, pour ne rien perdre du spectacle. Rigo se rend