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LA PAGODE AUX COBRAS

rectement dans le fourré, les bonzes, chef en tête, ont rapidement pris la fuite.

Étourdi par la chute, enfermé dans un cul de basse fosse taillé dans la pierre et clos par une lourde dalle, Rigo gisait dans un coin où nul bruit ne lui parvenait.

Il essaya de crier, d’appeler. Mais le son de sa voix, retombant sur lui, lui fit comprendre qu’il s’épuisait en vains efforts.

Il devait réserver son énergie pour un meilleur usage. Ses yeux commençaient à s’habituer à l’obscurité et il pouvait voir, horrifié ! s’avançant vers lui en rampant, les cobras !

Il n’avait plus qu’une mince chance de salut : demeurer absolument immobile, pareil à un mort, afin de ne pas les exciter et provoquer leur attaque.

Puis une pensée lui vint… Un souvenir qu’il s’efforça de préciser… l’air joué par les flûtes des bonzes… tout à l’heure… air sur lequel les cobras, charmés, avaient dansé devant eux.

Il se rappelait ces notes lancinantes, toujours les mêmes, phrase musicale reprise, répétée… Il essaya de les reproduire.

Des lèvres, en sifflant, il modula ce chant… Très doucement d’abord, puis progressivement, en intensifiant le son…

Le succès est complet. Les cobras, lovés, reprennent le balancement rythmé.

Le prisonnier ne souhaite qu’une chose : que le charme opère pendant assez longtemps pour qu’on le découvre et le délivre ! Il ne peut rien espérer d’autre.