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LA PAGODE AUX COBRAS

« Il faut donc que vous continuiez seul la poursuite. Peut-être plus tard vous rejoindrai-je. J’emmène deux linhs avec moi qui, s’il ne m’est pas possible de venir vous retrouver, vous en aviseront et vous apporteront mes nouvelles instructions.

Ayant dit, à toute vitesse il rebroussa chemin et, quelques heures après, rejoignit à la pagode sa femme qui attendait sur place des nouvelles de la poursuite.

Il lui expliqua :

— Voici à peu de chose près les mots qui ont été dits. Bien qu’appartenant à la langue annamite, leur sens complet m’a échappé, je ne sais pourquoi.

Et il récita les phrases qu’avait prononcées l’officiant.

Sa femme l’écouta dans un silence réfléchi, puis prononça :

— Ceci est grave, très grave même ! Ces mots sont de l’ancien annamite et ne sont plus guère en usage, mais les lettrés les connaissent bien. Le bonze ne voulait sans doute être compris que de quelques-uns, c’est pourquoi il s’en est servi. Voici l’exacte traduction.

Demain, vers la ville du Dragon Blanc rampera le Cobra.

Par le Cobra, par l’Esprit tortueux de la Forêt, le Grand Dragon Blanc périra.

Et d’autres Dragons périront et tous les Dragons venus d’au delà les mers trembleront, fuiront ou mourront.

Ce sera la fuite vers l’Occident.

La vieille Terre d’Annam, la Sainte Terre d’Annam, sera délivrée !

Sur Elle régneront à nouveau Ceux que protège l’Esprit.