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LA PAGODE AUX COBRAS

— Voyez ce tract. J’en ai trouvé trois exemplaires ce matin dans le parc. Je suis certain que nous devons en découvrir d’autres dans la maison. J’ai traduit le texte peint en caractères. C’est une menace de mort.

Écoutez plutôt :

« À toi, Mandarin Blanc, gouverneur de la Province, il est mandé : Tu as sévi maintes fois contre nous, tu as été dur, sévère pour les nôtres.

Ce jour, nous t’avons condamné !
Tu mourras !…


Toi, et beaucoup d’autres, quand le temps sera venu ! »

Rigo s’arrêta, scrutant le visage du commissaire.

Mais celui-ci restait impassible.

— Eh bien ! que dites-vous de ce morceau ?

— Je ne sais pas… Je ne vois pas… balbutia le fonctionnaire.

— Ah ! vous ne voyez pas ? Eh bien ! moi, je vois ! Je vois même très bien. Un attentat, mon cher commissaire, un attentat ! et prémédité encore. M. le résident de France a été assassiné… et d’autres y passeront… Vous, peut-être… et moi aussi !

Le commissaire fit un bond. C’était cependant un homme brave, courageux, mais cette mort inattendue, suspendue comme une menace mystérieuse… ce n’était pas le combat, la bataille… Il n’aimait pas cela !

— Vous êtes sûr de ce que vous avancez, inspecteur ? demanda-t-il. Dans ces conditions, on ne saurait prendre la chose trop au sérieux… Je vais faire mon rapport.

Il s’arrêta, hésitant, un peu honteux, avant d’ajouter :

— Vous m’y aiderez, n’est-ce pas, Rigo, vous serez chic ?…