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ment ou dans le corps d’un mot, cette lettre, formant une même syllabe avec x, s’écrit sans accent : Exécuter, exemple, réflexion, etc.

L’accent grave se met sur les ouverts qui terminent la syllabe : Algèbre, siècle, règle ; ou qui sont suivis d’un s achevant le mot : Procès, succès, accès. Il y a à cette règle quelques exceptions : Mes, tes, ses, etc. Remarquons que l’è est presque toujours ouvert lorsqu’il termine la syllabe et qu’il est suivi d’une consonne et d’un e muet. Placé sur a, e, u, l’accent grave sert à établir pour la vue, entre deux mots, une différence qui n’existe pas pour l’oreille : ainsi on le met sur à préposition, pour le distinguer de a, troisième personne du présent de l’indicatif du verbe avoir ; sur , adverbe, pour le distinguer de la, article ; sur , adverbe, pour le distinguer de ou, conjonction ; sur dès, préposition, pour le distinguer de des, article contracté. L’accent circonflexe affecte toutes les voyelles, excepté l’y. Il est le plus souvent le signe représentatif d’une lettre retranchée, soit voyelle, soit consonne, et particulièrement de l’s. On écrivait anciennement : Aage, roole, prestre, apostre, qu’on écrit à présent : âge, rôle, prêtre, apôtre. Il se place sur l’i des verbes en aitre et en oitre, partout où cette lettre est suivie d’un t ; sur la voyelle qui précède mes et tes aux premières et deuxièmes personnes du pluriel du passé défini de tous les verbes ; sur la voyelle qui précède le t final de la troisième personne du singulier de l’imparfait du subjonctif de tous les verbes. Dans tous ces cas, il représente l’s qui se trouvait dans le mot latin correspondant : Naître (nasci), croître (crescere), vous aimâtes (amastis). Ici nous sommes obligé d’ouvrir en quelque sorte une parenthèse, car il s’agit de faire éviter une erreur orthographique dans laquelle on tombe fréquemment.

On commet souvent une faute contre l’emploi de l’accent circonflexe, en confondant la troisième personne du singulier du passé antérieur avec la personne correspondante du conditionnel passé, deuxième forme, et du plus-que-parfait du subjonctif :

   Il lut ce livre dès qu’il l’eut acheté ;

   Il aurait lu ce livre s’il l’eût acheté ;

   Pour lire ce livre, il aurait fallu qu’il l’eût acheté.

Dans le premier exemple, eut acheté est au passé antérieur et s’écrit, par conséquent, sans accent ; dans le second, eût acheté est au conditionnel passé, deuxième forme, et dans le troisième, il est au plus-que-parfait du subjonctif. Dans ces trois cas, le verbe a la même consonnance, quoiqu’il appartienne à des temps différents. Pour établir une distinction, il faut changer le nombre du verbe, et se servir de la troisième personne du pluriel.

On obtient pour les exemples ci-dessus :

Ils lurent ce livre dès qu’ils l’ eurent acheté ;

Ils auraient lu ce livre s’ils l’eussent acheté ;

Pour lire ce livre, il aurait fallu qu’ils l’eussent acheté.

Cette substitution rend alors la confusion impossible.

Le même procédé sert à faire distinguer un passé défini d’un imparfait du subjonctif :

Le juge régla ce procès à l’amiable.

Il faudrait que le juge réglât tous les procès à l’amiable.

On obtient au pluriel :

Les juges réglèrent

Il faudrait que les juges réglassent

L’accent circonflexe sert encore à distinguer (et par anal. redû), participe passé du verbe devoir, de du, article contracté ; crû, participe passé du verbe croître, de cru, participe passé du verbe croire ; sûr, adjectif, de sur, préposition ; mûr (et par anal. mûre), adjectif, de mur, substantif ; en même temps qu’il rappelle le souvenir de l’e avec lequel s’écrivaient les mots dû, crû, sûr (deu, creu, teu, seur).

Enfin, dans certains mots en oûment, en îment et en oîment, comme dénoûment, engoûment renoûment, renîment, remercîment, crucifîment, dévoûment, tutoîment, etc., l’accent circonflexe sur u ou i peut suppléer la voyelle e, bien que l’Académie donne la préférence au maintien de cette lettre. Une semblable contraction peut aussi avoir lieu dans gaîté, gaîment, au lieu de gaieté, gaiement.

Remarquons que l’accent circonflexe peut avoir dans certains mots tout à la fois une valeur phonique et une valeur étymologique, dans d’autres une valeur étymologique seulement, dans d’autres enfin une valeur phonique seulement.

Épithètes. Doux, tendre, harmonieux, mélodieux, sublimé, magique, divin, céleste, noble, fier, orgueilleux, joyeux, champêtre, poétique, faible, timide, triste, plaintif, touchant, larmoyant, désespéré, funèbre, lugubre, simple, bruyant, confus, varié, caressant, rauque, dur, rude, irrité, saccadé, terrible, inflexible. || La plupart de ces épithètes ne s’emploient qu’au pluriel, et par conséquent dans un sens poétique.

ACCENTEUR s. m. (ak-san-teur — du lat. accentor, qui chante avec un autre). Ornith. Genre d’oiseaux, voisin de celui des fauvettes, dont plusieurs auteurs ne le séparent pas.

ACCENTUABLE adj. (ak-san-tu-a-ble — rad. accentuer). Qui peut être accentué : Mot, syllabe accentuable.

ACCENTUANT (ak-san-tu-an) part. prés. du v. Accentuer : Je me ferai dévote, dit-elle, en accentuant cette phrase de manière à obtenir un signe d’approbation de Maxime. (Balz.)

ACCENTUATION s. f. (ak-san-tu-a-si-on — rad. accentuer). Manière d’employer les accents graphiques dans l’écriture ou l’impression : Cette accentuation est vicieuse. C’est une faute d’accentuation.

— Par ext. Action d’élever la voix sur une syllabe, de faire sentir l’accent tonique : Les règles de l’accentuation française sont très-simples. Monte-Cristo articula ces dernières paroles avec tant de clarté et avec une accentuation si vibrante, que Morel, se levant tout à coup, s’écria… (Alex. Dum.)

ACCENTUÉ, ÉE (ak-san-tu-é) part. pass. du v. Accentuer. Marqué d’un accent : Cet e est mal accentué.

— Par ext. Où l’accent tonique est sensible : En anglais, tous les mots composés de plus d’une syllabe ont une syllabe accentuée. (Prévost.) La langue des enfants est accentuée. (J.-J. Rouss.) J’aime à écrire dans la langue accentuée des vers. (Lamart.) || Plus distinct, plus net, plus bruyant : Deux autres coups, un peu plus accentués, se firent entendre de nouveau, et une douce voix de femme dit sur un ton très bas : C’est moi, Théodore. (Th. Gaut.) Un ronflement très-accentué de mon père nous donnait à connaître qu’il ne prenait pas grand intérêt à la conversation. (Balz.) Plût à Dieu ! répondit-t-il avec un soupir plus accentué que les autres. (G. Sand.)

— Fig. Dessiné, marqué, fortement prononcé, caractérisé : Sa bouche, trop fendue, était accentuée par des sinuosités qui donnaient à ses lèvres de la ressemblance avec les bizarres torsions du corail. (Balz.) On comprend que, selon l’usage, ses yeux étaient accentués par des lignes de surmeh qui les agrandissent et leur donnent de l’éclat. (G. de Nerv.) De l’autre côté de la haie, j’apercevais parfois un homme grand, maigre, à la figure accentuée. (A. Karr.) Ses traits courts et fortement accentués annonçaient une énergie et une âpreté peu communes. (G. Sand.) || Rendu vif, énergique, véhément : Cette voix, accentuée par la menace, le fit tressaillir. (V. Hugo.)

— Beaux-arts. Se dit d’un détail fini, travaillé, bien prononcé : Vers le milieu du xiiie siècle, lorsque les arcs sont refouillés de moulures accentuées, présentant une coupe de saillies comprises dans des polygones, les abaques inscrivent ces nouvelles formes. (Viollet-le-Duc.)

— Mus. Dont les modulations sont nettement marquées : Je réussis à ce récitatif ; il était bien accentué. (J.-J. Rouss.)

— Hist. nat. Se dit d’un corps qui porte des taches colorées semblables aux accents graphiques : L’araignée accentuée porte deux accents circonflexes sur le dos de l’abdomen. (Encycl.)

ACCENTUER v. a. ou tr. (ak-san-tu-é — du lat. accentus ; formé de accinere, chanter avec. — On écrit avec un tréma l’i de la terminaison aux deux premières personnes du plur. de l’imparf. de l’indic. et du présent du subjonctif : Nous accentuïons, que vous accentuïez). Marquer une voyelle d’un accent : Il faut accentuer cet e. (Acad.) Les Romains n’accentuaient pas leurs syllabes en écrivant. (Trév.)

— Par anal. Prononcer selon les règles de l’accent tonique : Les étrangers ont de la peine à bien accentuer l’italien. || Donner l’accent oratoire ou pathétique : L’art de bien parler, de bien réciter, consiste à accentuer plus ou moins la parole, selon le genre d’élocution, à l’accentuer toujours avec justesse et sobriété. (Marmontel.)

— Fig. Donner plus de relief, de saillie, de force, de vivacité, de caractère : Une affection profonde avait accentué ses traits. (G. Sand.) L’auteur fit imprimer sa pièce avec une préface où il accentuait douloureusement son amertume. (Ste-Beuve.) || Colorer, donner une forme particulière : Tel était le langage de cet enfant de douze ans, tel il fut durant notre conversation ; je supprimerai les jurons et les blasphèmes qui l’accentuaient à chaque phrase. (E. Sue.) Les vieilles filles n’ont-elles pas toutes un certain talent pour accentuer les actions et les mots que la haine leur suggère. (Balz.) || Exprimer avec force, avec insistance, avec énergie : Il accentua ces dernières paroles de manière à empêcher la princesse d’éviter plus longtemps des explications délicates. (G. Sand.) Il accentua ces mots avec une extrême malveillance. (E. Sue.)

— Absol. Mettre les accents selon les règles de la prosodie : Il ne sait pas accentuer. (Acad.)

— Mus. Donner de la vivacité, de l’animation : Le harpiste attaqua les cordes de son instrument avec une énergie joyeuse et sur un rhythme vif, que le tympanon accentuait de coups pressés. (Th. Gaut.)

S’accentuer, v. pr. Être accentué : Cette syllabe, ce mot doit s’accentuer.

— Fig. Se prononcer dans un sens ou dans un autre : Le ministère projeté s’accentuait encore mieux par l’adjonction de certains noms. (Journ.)

ACCEPTABILITÉ s. f. (ak-sèp-ta-bi-li-té — rad. accepter). Qualité de ce qui est acceptable : L’entrepreneur n’a plus à s’occuper de l’argent ; il ne s’agit pour lui que d’établir sa propre productivité, autrement dire l’acceptabilité de ses produits. (Proudh.)

ACCEPTABLE adj. (ak-sèp-ta-ble — rad. accepter). Qui peut, qui doit être accepté : Offre, proposition acceptable. On lui donnait beaucoup de ces provisions acceptables, comme le sucre, le café, le vin, etc. (Balz.) Si acceptable que soit cette justification, elle me semble pourtant trop facile. (E. Sue.) On trouvera peut-être qu’ils sont un peu poussés au rouge, mais en peinture cette nuance est plus acceptable qu’en politique. (Le Figaro.)

— Se disait autrefois pour Agréable : Ce sacrifice a été reçu et est acceptable à Dieu. (Pasc.)

— Mar. Se dit du temps, et signifie Passable, bon : Le vent fut doux et le temps acceptable, ce qui nous permit de prendre la mer.

ACCEPTANT (ak-sèp-tan) part. prés. du v. Accepter : Enfin, c’était se perdre aisément en acceptant, et plus sûrement encore en refusant. (Volt.)

ACCEPTANT, ANTE adj. (ak-sep-tan, an-te — rad. accepter). Qui agrée, qui accepte : Dans tous les contrats, on dit qu’un acquéreur ou donataire est présent et acceptant. (Trév.)

— S’empl. substantiv. : L’Église de France resta divisée en deux factions, les acceptants et les refusants. (Volt.)

— Prat. Celui qui donne, qui exprime un consentement, par lequel une promesse, une convention, une dotation devient définitive, moralement et légalement valable : Il est dû un droit d’enregistrement par chaque acceptant et pour chaque succession. || Celui, celle qui accepte un legs, un don, etc. : Fait en présence du donataire et de l’acceptant.

ACCEPTATION s. f. (ak-sèp-ta-si-on — rad. accepter). Action d’accepter, de recevoir, d’agréer : Je l’ai invité à dîner, mais je ne suis pas sûr de son acceptation. La nouvelle constitution a été soumise à l’acceptation du peuple. Il a été nommé ministre, mais on ignore encore son acceptation. L’acceptation que Dieu fait du sacrifice. (Pasc.) En voyant son fils muet sur le chiffre, le vieil imprimeur devint inquiet ; car il préférait un débat violent à une acceptation silencieuse. (Balz.) || Acte par lequel, dans un pays catholique, on reçoit les constitutions des papes : Il rendit un très-grand service à la France, en s’opposant toujours à l’acceptation du concile de Trente. (Volt.) || Action de se soumettre, de se résigner : Dans tous les accidents et toutes les disgrâces, il ne nous manque qu’une acceptation volontaire et une soumission chrétienne. (Bourdal.) La paix d’ici-bas est dans l’acceptation des choses contraires, et non pas dans l’exemption de les souffrir. (Fén.)

Croyant fléchir les rois écumants de victoire
Par l’acceptation tremblante de leur gloire.
V. Hugo.

— Jurispr. Acte par lequel on reconnaît accepter une chose : acceptation de succession. acceptation de communauté. acceptation sous bénéfice d’inventaire. Le lendemain de l’acceptation du compte de tutelle, le vieillard fut pris d’une faiblesse qui le contraignit à garder le lit. (Balz.)

— Banq. Obligation contractée de payer une lettre de change à son échéance. Cette obligation est signée et exprimée par le mot accepté : L’acceptation, une fois donnée, ne peut plus être révoquée. (Acad.) Il entrait dans le plan d’éducation pratique du père de posséder les premières lettres de change de son fils. Il appelait cela la virginité de l’acceptation. (E. Sue.)

— Par ext. Lettre de change acceptée : Les banquiers d’alors auraient tremblé de savoir sur la place cent mille écus de ses acceptations. (Balz.)

Acceptation en blanc, Lettre de change acceptée, dans laquelle le nom du tireur est resté en blanc, de manière à pouvoir y être mis après coup par le possesseur du titre, quel qu’il soit : L’habile notaire ne pouvant poursuivre en son nom, avait fait faire au malheureux Morel ce qu’on appelle une acceptation en blanc. (E. Sue.)

ACCEPTÉ, ÉE (ak-sèp-té) part. pass. du v. Accepter : Sa parole seule fut acceptée. (Bourd.) Elle était prête à accepter nettement ma proposition, et si bien que je la tins pour acceptée. (Fonten.) Ce traité ne fut pas accepté par le duc d’Orléans. (Volt.) Il veut une lettre de change de toi, acceptée par ton beau-frère. (Balz.)

— Se dit des personnes, dans le sens d’Accueilli, agréé, bien reçu : Comme je me promène tous les jours, je commence à être connu et accepté dans les villages. (V. Hugo.)

— Elliptiq. et invar. Formule dont on se sert pour l’acceptation des lettres de change : Accepté pour dix mille francs. || Se dit de même dans une conversation, pour marquer consentement : Vous le voulez ? Accepté.

ACCEPTER v. a. ou tr. (ak-sèp-té — lat. acceptare, même sens). Agréer, recevoir ce qui est proposé, offert : Accepter une condition. Accepter un présent. Accepter une donation. Accepter la paix. Accepter une excuse. Ce vieux maréchal ne voulut pas accepter le portefeuille de la guerre. Le prince a accepté la dédicace de ce livre. Vitellius se repentit bientôt d’avoir accepté une couronne qu’il ne pouvait pas soutenir. (La Harpe.) On ne peut, sans s’avilir, rien accepter de la scélératesse. (Mme  Roland.) Un peuple qui accepte une charte abdique : le droit n’est le droit qu’entier. (V. Hugo.) Toute fonction publique engage la conscience de celui qui l’accepte et la responsabilité de celui qui la donne. (E. de Gir.)

J’accepte tous les dons que vous voulez me faire.
Racine.

— Par anal., en parlant des personnes, Adopter, agréer : On m’accepta sur sa parole. (Marmontel.) Les multitudes ont une tendance à accepter le maître. (V. Hugo.)

Je t’adopte pour fils, accepte-moi pour père.
Corneille.
Il vient, en m’embrassant, de m’accepter pour gendre.
Racine.

|| Admettre, trouver bon : N’acceptons des langues étrangères que les mots qui nous manquent. (Arnault.) Celui qui accepte la vérité sans l’examiner, celui-là ne croit pas. (E. Laboulaye.) Rien ne sert mieux les rois que d’accepter sans discussion et de bonne grâce les nécessités qu’ils sont contraints de subir. (Guizot.) La raison n’accepte à son tribunal que des raisons. (E. Pelletan.) La fin voulue, il faut accepter le moyen. (Charma.) || Consentir à : Il est en état de me faire tout accepter, et il me tient, le scélérat, le poignard sur la gorge. (Mol.) || Se montrer prêt à : Accepter la lutte, le combat, la bataille.

— Fig. Supporter, subir, se soumettre à : Ce peuple abandonnerait son pays, ou se livrerait à la mort, plutôt que d’accepter la servitude. (Fén.) Il faut accepter de bonne grâce les difformités que le ciel envoie ou que le temps amène. (Joubert.) Mon âme s’usant peu à peu à ce combat, je perdis la force stoïque avec laquelle j’avais su accepter les revers. (G. Sand.) Si vous aimez la nature humaine, il faut l’accepter telle qu’elle est. (Cousin.) Le cœur des femmes est singulièrement fait ; il s’asservit ou s’exalte au point d’accepter les affronts avec ivresse. (E. About.)

Je m’étais résigné, j’acceptais ma misère.
V. Hugo.

— Suivi d’un infinitif, il prend la prép. de : J’aimais la sombre sagesse de ces hommes qui acceptaient stoïquement dêtre brisés par d’autres hommes. (G. Sand.) || Il ne se construit avec à que dans cette seule locution : Accepter à dîner.

— Absol. Il nous invita à aller prendre une collation chez sa grand’mère ; nous acceptâmes. (Arago.)

J’accepte : ce seul mot renferme leur trépas ;
Et ce mot plein de sang, vous ne le direz pas.
C. Delavigne.

Accepter un rendez-vous, Promettre d’aller à un rendez-vous donné : Trouvez-vous demain à onze heures dans la grande église. — J’acceptai le rendez-vous. (Duclos.) || Accepter un défi, S’engager à faire la chose pour laquelle on a été mis au défi : J’accepte ton défi, lui dis-je, et il me tarde de mille ans que nous soyons aux prises. (P.-L. Cour.) || Accepter une lettre de change, Prendre l’engagement de la payer à l’échéance, en mettant son nom au bas avec le mot accepté. || Accepter un présage, Accepter l’espérance offerte par un présage : J’accepte ce présage, que je crois heureux. (Fén.)

J’accepte avec plaisir un présage si doux.
Racine.


|| J’en accepte l’augure, Je désire que cela arrive comme on me le fait espérer : Allons, j’en accepte l’augure. (Marmontel.)

— Dr. coutum. Accepter à juge. Se disait pour exprimer la soumission des parties en litige à un tribunal qu’elles désignaient.

S’accepter, v. pr. Être accepté. Cette proposition ne peut s’accepter. (Acad.) Ne fallait-il pas affronter ce mépris que les femmes réservent souvent à des amours dont l’aveu s’accepte comme une flatterie ? (Balz.)

Enfin l’offre s’accepte, et la paix désirée
Sous ces conditions est aussitôt jurée.
Corneille.

Syn. Accepter, agréer, recevoir. Recevoir, c’est prendre ce qui est donné ou envoyé : recevoir le revenu d’une terre. La manière dont il reçoit ces applaudissements. (Boss.) Accepter, c’est prendre ce qu’on nous offre : Dans nos transactions, nous acceptons ce qui nous est proposé d’avantageux. Recevoir n’exclut que le refus ; accepter semble marquer un consentement ou une approbation plus expresse. Mais agréer, c’est accepter les choses qui sont de notre goût : Dieu agréa les victimes d’Abel, et eut en horreur celles de Caïn.

Antonymes : Récuser, refuser, rejeter, repousser.

ACCEPTEUR s. m. (ak-sèp-teur — lat. acceptor, même sens). Celui qui reçoit, qui accepte, et particulièrem. Celui qui s’engage à payer une lettre de change : L’accepteur d’une lettre de change devient personnellement débiteur de la somme. (Acad.)

— Signif. autref. Celui qui a des préférences, qui se conduit avec partialité : Dieu n’est point accepteur de personnes. (Contes de la reine de Navarre.)


ACCEPTILATION s. f. (ak-sèp-ti-la-si-on — lat. acceptilatio, même sens). Dr. rom. Contrat par lequel un créancier supposait avoir reçu de son débiteur la chose promise, et le déliait ainsi de son obligation.