Aller au contenu

Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

viennent de lui montrer dans Bethléem un dieu caché dans une crèche d’étable. Rois mages et bergers vont adorer le Dieu nouveau-né. Si vous venez avec nous, lui disent les rois mages, nos éléphants vous porteront dans des palanquins de soie, nos peuples tiendront votre parasol sur votre tête ; des péris de la Perse, habillées de diamant, vous berceront d’amour mieux que votre mère dans votre étable. Dans notre pays, le dattier et le citronnier fleurissent, la gomme croît sur les arbres, l’encens sur les branches, l’amour sous la tente des femmes. Si vous venez avec nous, lui disent les bergers, nos chemins sont durs, plus durs nos chariots. Dans notre pays, le pin verdit sur le mont, le bouleau dans la forêt, le nuage est noir, la bise murmure, la feuille morte sanglote, la chaumine soupire, la grotte pleure ; vous aurez faim, vous aurez soif, et il n’y a rien auprès de nous que nos chiens pour vous garder. J’aime mieux, répond le Christ, que le pays des rois, le pays où la chaumine soupire, où la grotte pleure, où la feuille sanglote. — La seconde journée, intitulée la Passion, nous montre le Christ montant au Golgotha, suivi par la foule, avide de douleurs ; Ahasvérus, qui l’a repoussé sans pitié, est condamné à marcher de ruines en ruines, de royaumes en royaumes, sans atteindre jamais son calvaire. Puis nous voyons accourir sur leurs étalons sauvages les Goths, les Huns, les Hérules, lancés par l’Éternel comme un nouveau déluge contre le vieux monde romain. — La troisième journée, intitulée la Mort, nous fait entrer dans le moyen âge. Ahasvérus rencontre Mob et Rachel à Worms. Qu’est-ce que Mob ? Qu’est-ce que Rachel ? Mob est la mort sous les traits d’une vieille femme ; elle ne peut rien su la vie d’Ahasvérus ; mais l’implacable railleuse s’attaque, à toutes ses croyances ; elle rit de la poésie, de la science, de la politique, de la religion, de l’amour. Rachel est un ange devenu femme, qui, pour avoir eu pitié d’Ahasvérus, est banni du ciel et réduit à habiter la maison de Mob ; elle est sur la terre l’espoir qui console, l’amour qui guérit. Ahasvérus est aimé de Rachel, qui s’attache à lui malgré la malédiction du Christ. — La quatrième journée est intitulée le Jugement dernier. La dernière heure a sonné ; les peuples se réveillent ; la vallée de Josaphat se remplit de morts ; on entend le chœur des fleurs, des oiseaux, des montagnes, des étoiles, des femmes, des dieux morts, des villes de l’Orient, des saints, des villes du moyen âge, des peuples modernes ; tous défilent comme une procession de Pâques devant le Père éternel, et viennent confesser leurs fautes et exposer leurs œuvres. Le tour d’Ahasvérus et de Rachel est venu : les voici devant le Christ. Ahasvérus reçoit son pardon ; son voyage recommence ; le Christ le bénit en le nommant le pèlerin des mondes à venir et le second Adam. — À la lecture d’Ahasvérus, on éprouve de l’éblouissement plutôt qu’une admiration sans réserve. L’impression du bizarre fait tort à l’impression du beau. Des éclairs et de l’ombre, des couleurs trop saisissantes pour ne pas fatiguer, peu de dessin, une voix dont le ton ne baisse jamais, un luxe oriental de métaphores capables de distraire du sentiment et de l’idée, une végétation poétique trop touffue : voilà l’œuvre de M. Quinet. « Ce n’est point ici, dit avec raison M. Magnin, de la poésie contenue, reposée, qui coule majestueusement entre ses rives ; c’est de la poésie enivrée, débordée, ruisselante, qui dévore son lit et nous porte aux dernières limites du connu. Dans ce voyage par delà les temps et les mondes, bien peu d’entre nous ont la vue assez ferme pour ne pas se troubler, ou pour jouir, à travers cette course, de leur propre vertige. »

AHÉGAST s. m. (a-é-ga-ste). Bot. Arbre des Indes orientales, dont les racines servent à teindre en rouge.

AHÉMÈRE ou AÉMÈRE adj. (a-é-mè-re — du gr. a priv. ; hèmera, jour). Se dit des saints dont on ignore le jour de la naissance et qui, par conséquent, n’ont point de jour férié.

AHENOBARBUS (qui a la barbe couleur d’airain, rousse), Surnom d’une branche de la famille Domitia. V. Domitius.

AHÉTULE s. f. (a-é-tu-le). Erpet. Espèce d’ophidiens du genre dendrophis.

AHEURTÉ, ÉE part. pass. du v. S’aheurter. Attaché obstinément à une chose, à une opinion : Nous avons vu David entrant dans la pensée des autres, point aheurté à ne vouloir jamais le croire. (Boss.). De tout temps, elle a été aheurtée à cela. (Mol.) J’aurais quelque peu l’air de Bélise, aheurtée à l’idée que tout ce qui la voit tombe fatalement amoureux d’elle. (Balz.)

AHEURTEMENT s. m. (a-eur-te-man — rad. Aheurter). Obstination extrême, attachement invincible à une opinion, à un sentiment : C’est un grand aheurtement que le sien. (Acad.) La raison de cet aheurtement à ses sentiments particuliers vient de ce que, ne pouvant pas considérer tous les rapports, ou les annexes d’une question, l’esprit ne reste frappé et ébloui que d’un seul point. (Virey.) || S’est pris dans le sens d’Obstacle : De là sourdent tant de scandales et aheurtements de notre foi. (Calvin.)

AHEURTER (S’), v. pr. (a-eur-té — franç. à et heurt, choc). S’attacher opiniâtrement à quelque chose : C’est un homme qui s’aheurte tellement à ce qu’il s’est mis une fois en tête, qu’on ne le fait jamais revenir. (Acad.) Il est dangereux de s’aheurter en quelque opinion contraire aux institutions de nos pères et à la foi ancienne de l’Église. (Tahureau.) C’est un grand malheur que de s’aheurter à ce qu’on ne peut exécuter tout seul. (Boiste.) || Échouer, se briser : La raison et la foi, c’est la double barrière contre laquelle on voit de siècle en siècle venir s’aheurter les esprits superbes et égarés. (Dupanl.) Depuis deux cents ans environ, les diverses philosophies s’aheurtent à la question de la certitude, sans la résoudre. (P. Leroux.)

AHI, interj. qui exprime un sentiment de douleur physique : Ahi ! ahi ! ahi ! vous ne m’aviez pas dit que les coups en seraient. (Mol.) || On écrit et on prononce plus ordinairement aïe.

AHLWARDT (Chrétien-Guillaume), philologue allemand, né à Greifswald en 1760, mort en 1830, s’appliqua surtout à l’étude des langues et y obtint de grands succès. En 1797, il fut nommé recteur du gymnase d’Oldenbourg, et revint en 1811 occuper le même poste dans sa ville natale. Outre un très-grand nombre de traductions de morceaux d’Euripide, de Pindare, de Catulle, d’Ovide, de Virgile, de Juvénal, du Camoëns, de Shakspeare, on a de lui une Traduction d’Ossian, en vers ; une Grammaire de la langue gaélique, dans les Tables de comparaison des langues-mères de l’Europe, par Vater ; un Essai pour l’éclaircissement du poëme des Nibelungen, et beaucoup d’articles de critique dans divers recueils périodiques.

AHM s. m. (a-me). Métrol. Nom d’une mesure de capacité dans plusieurs parties de l’Allemagne. Hambourg, 144 litres 786 ; Hanovre, 155 litres 552 ; Hesse-Cassel, 158 litres 750 ; Hesse-Darmstadt, 160 litres ; Lubeck, 144 litres 820 ; Hollande, 155 litres 254 ; Rotterdam, 151 litres 380.

AHMEDABAD, ville de l’Indoustan anglais, dans la présidence de Bombay, 116,873 hab. Belles et nombreuses ruines, qui attestent sa grandeur passée.

AHMEDNAGOR, ville de l’Indoustan anglais, présidence de Bombay, environ 20,000 h. ; nombreuses fabriques de coton et orfèvrerie très-estimée. Les Anglais s’en emparèrent en 1803. || Le district du même nom renferme près de 700,000 hab.

AHMED-SCHAH-L’ABDALY, fondateur du royaume de Candahar, né vers 1724, mort en 1773, était issu de la tribu afghane des Abdalys. Il s’attacha à la fortune de Nadir-Schah, tenta d’inutiles efforts pour venger l’assassinat de ce prince ; puis, aidé par les circonstances, se fit reconnaitre souverain des Afghans. Il envahit jusqu’à six fois le nord de l’Inde, ravageant les États du Grand Mogol, et fut appelé dans l’Indoustan en 1758 par les nababs, auxquels la puissance toujours croissante des Mahrattes causait de justes inquiétudes. Ahmed ne put d’abord empêcher ces derniers d’entrer à Delhy, mais il les écrasa à Panipot, en 1761, se rejeta ensuite sur les Seykes, qui avaient mis à profit son absence pour s’emparer d’une partie du Lahore, et tira une vengeance éclatante de leurs agressions. Peu de temps après, le Cachemire tomba en son pouvoir. Il eut pour successeur son fils Timour-Schah. Ce fut Ahmed qui termina la ville de Candahar, commencée par Nadir.

AHONQUE s. f. (a-on-ke). Nom de l’oie sauvage chez les Hurons.

AHONTANT part. prés. du v. Ahonter.

AHONTÉ, ÉE part. pass. du v. Ahonter.

AHONTER v. a. ou tr. (a-on-té — rad. honte). Rendre quelqu’un honteux : Je ne crains pas que l’on mahonte en m’opposant à moi-même le peu que je vaux. (L Veuillot.)

AHORE adj. (a-o-re — du gr. a priv. ; òra, heure). Antiq. Se disait des enfants morts, dont on n’admettait les ombres aux enfers que lorsque le temps qu’ils auraient dû vivre était accompli.

AHOUA ou AHOUAI s. m. (a-ou-a, è — nom indien). Bot. Genre d’apocynées, ou peut-être simple section du genre cerbera. L’ahoua croît au Brésil. Ses fruits ont des couleurs vives et une saveur agréable. Les noyaux servent aux Américains à faire des colliers. Les amandes sont amères et passent même pour vénéneuses. En Europe, cet arbre est cultivé dans les serres chaudes.

AHRIMAN ou AHRIMANE s. m. (a-ri-mann). Principe du mal et des ténèbres chez les anciens Perses. Dans la religion de Zoroastre, Ahriman est l’ennemi d’Ormuzd, principe du bien et de la lumière ; c’est de leur lutte continuelle que résulte l’alternative de bien et de mal que présente le spectacle de l’univers. Le jour est le règne d’Ormuzd, et la nuit celui d’Ahriman. Tous les deux sont les produits du temps incréé. Chacun d’eux a son armée qui le seconde, l’une dans le mal, l’autre dans le bien, et opprime ou protège les habitants de la terre. Ormuzd est le chef des Amschaspands ou génies bienfaisants, et Ahriman celui des Dews ou génies malfaisants. Du reste, le mal, ou Ahriman, est entièrement subordonné au bien, il ne peut contre-balancer l’œuvre d’Ormuzd qu’en imitant en sens inverse ses créations, et même, à la fin du monde, il doit être purifié avec ses satellites et les âmes des méchants. Alors renaîtra un nouvel univers, pur, parfait, immortel. — On comprend que les Orientaux aient symbolisé le bien dans la lumière du soleil, qui donne à la nature la beauté et la fécondité, et le mal dans l’absence de cette lumière vivifiante. Le mythe d’Ahriman et d’Ormuzd représente la solution dualiste donnée par Zoroastre au problème du mal. L’Ahriman des anciens et le Satan des chrétiens ont un tel air de famille, que pour un certain nombre de critiques, Satan n’est autre qu’Ahriman transporté dans un milieu monothéiste et modifié par ce milieu. Entre les deux conceptions théologiques, il y a cette différence que Satan est une création déchue, tandis qu’Ahriman possède une existence indépendante et fatale.

AHRIMANIEN, ENNE adj. (a-ri-ma-ni-ain, ène — rad. Ahriman). De la nature d’Ahriman : L’un et l’autre sont des êtres ahrimaniens et typhoniques, malfaisants et impurs. (Val. Parisot.) Si ce personnage mythique était de plus ancienne date, on pourrait y voir un emblème de l’être mortel, de l’esclave, du faible, délaissé par le génie ahrimanien, qu’il a servi pendant la première partie de sa vie. (Val. Parisot.)

AHRIMANIQUE adj. (a-ri-ma-ni-ke — rad. Ahriman). D’Ahriman, qui appartient à Ahriman : Emblêmes ahrimaniques.

AHU s. m. (a-u). Chevreuil de Tartarie.

AHUN, ch.-lieu de cant. (Creuse), arrond. de Guéret ; pop. agglo. 980 hab. — pop. tot. 2,285 hab. Riches mines de houille. Ahun est bâti dans une position charmante, sur une montagne au pied de laquelle coule la Creuse. Les restes d’un grand nombre de monuments druidiques attestent que cette petite ville existait avant l’ère chrétienne.

AHURI, IE part. pass. du v. Ahurir. Qui est troublé, étourdi, stupéfait : Le pauvre homme en est resté tout ahuri. (Le Sage.) On sort de là ahuri, mais émerveillé. (Ad. Meyer.) Elle l’écoutait, tout ahurie des choses étranges qu’elle venait d’entendre. (Casim. Blanc.) || Qui indique l’ahurissement, le trouble : Il avait l’air tout ahuri. (E. Sue.) Je parvins à boire beaucoup de bière et à me donner l’air à peu près ahuri. (P. Féval.) Ses longs cheveux noirs, qui tombaient en boucles sur ses épaules, complétaient la physionomie gracieusement ahurie d’un jeune paysan breton. (E. About.)

— Substantiv. Celui, celle qui est ahurie : Il a l’air d’un ahuri. Quelle ahurie !

AHURIR v. a. ou tr. (a-u-rir — selon l’opinion la plus probable, de l’adj. celtique hur, stupéfait). Étonner quelqu’un, le troubler, l’étourdir : Vous ahurissez cet enfant à force de le gronder. Je vous assure que vous finirez par me compromettre ici : tout vous ahurit, tout vous rend stupéfait. (Th. Leclercq.)

AHURISSANT (a-u-ri-san) part. prés. du v. Ahurir.

AHURISSEMENT s. m. (a-u-ri-se-man — rad. ahurir). État d’une personne ahurie, qui ne sait où donner de la tête ; étonnement, stupéfaction : Mais enfin, pourquoi, après m’avoir pris Marchiali, me le ramenez-vous ? s’écria le malheureux gouverneur dans un paroxysme de douleur et d’ahurissement. (Alex. Dum.)

AHUSAL s. m. (a-u-zall). Nom du soufre d’arsenic dans le style hermétique.

AI, nouvelle orthographe de la diphthongue oi, qui s’est substituée à l’ancienne, par suite du changement de prononciation. Le nom de peuple françois se prononçait et s’écrivait comme le nom propre François ; qu’il paroisse se confondait avec la paroisse. On prétend que cette prononciation a changé lors de l’arrivée de Catherine de Médicis. Le son oi n’existant pas en italien, la reine et les nombreux Italiens qui l’accompagnaient prononcèrent ces mots à l’italienne : françèse, qu’il parèsse. Cette prononciation, adoptée bientôt par les courtisans, ne tarda pas à devenir générale, bien que l’orthographe restât la même. Il paraît que Racine est le premier qui, faisant concorder l’orthographe avec la prononciation, se soit écarté de l’orthographe ancienne, en remplaçant oi par ai dans sa préface de la Thébaïde. Voltaire n’est donc pas, comme on le croit généralement, le réformateur de cette orthographe ; mais il en est le vulgarisateur, et, à ce titre, il a mérité l’honneur d’y attacher son nom ; on dit encore aujourd’hui l’orthographe de Voltaire. Cependant elle n’a été définitivement adoptée par l’Académie que dans son édition de 1835.

ou AY, ch.-lieu de cant. (Marne), arrond. de Reims, renommé pour ses vins de Champagne mousseux ; pop. aggl. 3,304 hab. — pop. tot. 3,418 hab. Cette petite ville est située au pied d’un riche coteau planté de vignes, au bord d’une prairie qui s’étend sur la rive droite de la Marne. Le territoire vignoble d’Aï comprend près de 2,000 hectares, qui produisent annuellement en moyenne 20,000 pièces de vin.

s. m. (a-i). Vin de Champagne mousseux du territoire d’Aï : Le ferme lien de la société française cultivée, c’est le vieux bordeaux, le bordeaux exquis, et l’ plein de charme, cause de douces rèveries, de vives effusions. (De Cussy.) Le pétillant fait éclater à la ronde les propos joyeux, les bons mots et les traits délicats. (Grimod.)

— On dit aussi vin d’Aï : Ce vin d’Aï me semble délicieux, chaud, parfumé. (L. Gozlan.)

Chloris, Eglé, me versent de leur main
D’un vin d’Aï dont la mousse pressée,
De la bouteille avec force élancée,
Comme un éclair fait voler le bouchon.
Voltaire.

s. m. (a-ï). Mamm. Genre de mammifères appartenant à l’ordre des édentés et à la famille des tardigrades. Son pelage, d’un gris varié de brun, est quelquefois marqué d’une tache noire sur le dos. L’extrême lenteur de ses mouvements a fait donner à cet animal le nom de paresseux. On assure qu’il met une journée entière à monter sur un arbre, dont il ronge l’écorce jusqu’à la dernière branche. Les aï sont les seuls mammifères qui aient plus de sept vertèbres cervicales. On leur en trouve tantôt huit, tantôt neuf, selon les espèces.

— Chirurg. Gonflement des coulisses fibro-synoviales des tendons, accompagné d’une crépitation particulière et survenant à la suite d’une violence ou d’un effort. M. Velpeau a conservé dans le langage de la chirurgie ce nom vulgaire d’, par lequel les paysans de la Gascogne désignent cette maladie.

— Mar. Nom sous lequel les pêcheurs et les mariniers désignent un courant rétrograde au cours d’une rivière sur ses bords, et finissant par un tourbillon. C’est un endroit dangereux pour de petites embarcations.

AIANTIDE adj. (a-i-an-ti-de — du gr. Aiax, Ajax). Myth. Qui appartient, qui a rapport à l’un des Ajax. || s. m. pl. Antiq. Membres d’une tribu d’Athènes.

AIAUT s. m. (a-i-o). Bot. Nom donné, dans quelques parties de la France, au narcisse des prés (narcissus pseudo-narcissus). Dans d’autres localités, on désigne sous ce nom le bulbocode printanier. V. Bulbocode.

AÏCHA (a-i-ka), fille d’Abou-Bekr et seconde femme de Mahomet, qui la chérissait tendrement et s’en faisait accompagner dans ses expéditions. Ennemie implacable d’Ali, elle contribua à l’éloigner longtemps du califat, puis se révolta contre lui lorsqu’il fut parvenu au souverain pouvoir, et s’avança à la tête d’une armée pour le combattre. Elle fut vaincue et tomba au pouvoir d’Ali, qui la respecta et la fit reconduire à la Mecque, où elle mourut en 678. Sa mémoire est restée chère aux musulmans, qui l’ont décorée du titre de prophétesse, et l’ont mise au rang des quatre femmes incomparables qui ont paru sur la terre.

AICHANT (è-chan) part. prés. du v. Aicher.

AICHE s. m. (è-che — du lat. esca, nourriture, appât). Pêch. Petit ver qui sert d’amorce pour la pêche à la ligne. On l’appelle mieux achée.

AICHÉ, ÉE part. pass. du v. Aicher. Garni d’aiches : Hameçon aiché.

AICHER v. a. ou tr. (è-ché — rad. aiche). Pêch. Mettre un aiche à l’hameçon pour lui servir d’amorce.

— Par ext. Amorcer une ligne avec une matière quelconque.

S’aicher, v. pr. Être aiché : Les lignes s’aichent avec des appâts de diverse nature.

AICHMOPHORE s. m. (èk-mo-fo-re — du gr. aichmè, trait, lance ; phoros, qui porte). Hist. anc. Nom que les Grecs donnaient aux gardes des rois de Perse, parce qu’ils étaient armés d’une lance.

AIDABLE adj. (ê-da-ble — rad. aide). Qui peut être aidé ; qui peut aider : Il n’y a d’aidables que ceux qui commencent par s’aider eux-mêmes. Que la fortune vous soit aidable. || Ce mot, fréquemment employé dans notre vieux langage, est aujourd’hui inusité.

AIDANCE s. f. (ê-dan-se — rad. aide). Aide, secours. || Vieux mot qu’on a essayé de rajeunir.

AIDANT (è-dant) part. prés. du v. Aider : Ils se sont appauvris en aidant les pauvres. (Boss.)

Dieu aidant, loc. prov. qui signif. Avec l’aide, la protection de Dieu : J’ai fait élever un théâtre sur lequel, Dieu aidant, je ferai représenter par mes disciples une pièce que j’ai composée. (Le Sage.) Voyons où il va, pour en instruire mon autre maître, le père Barnabé ; car c’est encore mon devoir, et, Dieu aidant. je veux le remplir. (Scribe.) || S’empl. dans plusieurs autres phrases analogues : Le comte avait extorqué, la duchesse aidant, plusieurs sommes à des banquiers. (Balz.) Il réalisa, la bourgeoisie aidant, une foule d’améliorations. (Balz.) Malgré ces incapacités visibles, en trente-six ans, il avait, la révolution aidant, gagné trente mille livres de rente en prairies, terres labourables et bois. (Balz.) C’est devant vous que je voulais lui donner cette rude leçon, qui, ma fermeté aidant, lui profitera doublement. (E. Sue.)

AIDANT, E adj. (é-dan, an-te — rad. aider). Qui aime à aider, à secourir : Cette personne est Aidante. Peu usité. || Se dit aussi des choses : Toutes choses sont aidées et Aidantes.

— S’empl. substantiv. dans cette phrase proverbiale : Malgré lui et ses Aidants, Malgré lui et tous ceux qui prennent parti pour lui. On a dit depuis, par corruption : Malgré lui et ses dents, expression qui se prend dans un sens différent.

Plusieurs lexicographes, et en dernier lieu M. Littré, prétendent qu’une telle aphérèse sort des règles générales qui président à ces sortes d’altérations. Nous ne partageons pas