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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/252

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— Encycl. La famille des alangiacées renferme de grands arbres, souvent épineux, à feuilles alternes, pétiolées, simples, entières. Les fleurs, disposées en fascicules axillaires, ont un calice adhérent, campanulé, à cinq ou dix dents ; une corolle présentant un nombre égal de pétales étroits, très-étalés : des étamines longuement saillantes, en nombre double ou quadruple ; un ovaire infère, à une ou deux loges uniovulées. Le fruit est une drupe contenant un noyau osseux, qui ne renferme ordinairement qu’une graine.

Cette famille a des affinités avec les myrtacées et les combrétacées ; elle a aussi quelques rapports avec les hamamelidées. Elle renferme les deux genres alangium et marlea ; ce sont généralement de beaux arbres, appelés par les Indiens alangi ou angolam, et qui sont répandus dans l’Inde jusqu’au pied de l’Himalaya. Leur bois est excellent. Quelques-uns ont des fruits savoureux ou des racines odorantes. Chez d’autres, les fruits et les racines ont des propriétés purgatives.

ALANGIÉ, ÉE. Bot. V. Alangiacé.

ALANGION s. m. (a-lan-ji-on). Bot. Genre de plantes, type de la famille des alangiacées. Il renferme un petit nombre d’espèces confondues par les Indiens sous les noms collectifs d’alangi ou d’angolam.

ALANGOURI, E part. pass. du v. Alangourir : Vivant en un extrême anéantissement d’eux-mêmes, ils demeurent fort alangouris en tout ce qui appartient aux sens. (S. Franç. de Sales.) Abattus, alangouris de longue maladie, les soupirs que nous tirons ne sont plus que les sanglots de la mort. (Sat. Ménippée.)

Une vieille sourie
… Estoit toute alangourie.
xiiie siècle.
… L’âme d’amour alangourie,
Tantôt il veut ses cheveux frisoter,
Se parfumer, se tiffer, mignoter.
Tahureau.

ALANGOURIR v. a. ou tr. (a-lan-gou-rir — rad, langueur). Vieux mot qui signifiait Affaiblir, faire tomber en langueur.

S’alangourir, v. pr. Devenir faible, languissant :

Tout mon esprit s’alangourit
Du regard qui va mourant.
xvie siècle.

ALANGUI, IE (a-lan-ghi) part. pass. du v. Alanguir. Rendu, devenu languissant : Le général, qui la regardait, s’aperçut alors de sa beauté souveraine, plus touchante depuis qu’elle était alanguie par la douleur physique et la tristesse. (F. Soulié.) Ses grands yeux noirs, agrandis par une ligne d’antimoine, étaient alanguis d’une indicible tristesse. (Th. Gaut.) Justine leva sa maîtresse un peu fatiguée, ou plutôt alanguie de ses prouesses du bal. (Th. Gaut.)

Je retournais son corps alangui par la fièvre ;
Je versais, larme à larme, une eau fraîche à sa lèvre.
Lamartine.

|| Se dit aussi des choses : La brise alanguie de la Syrie nous apporte indolemment la senteur des tubéreuses sauvages. (Chateaub.)

ALANGUIR v. a. ou tr. (a-lan-ghir — rad. langueur). Fatiguer, affaiblir : Était-ce notre artillerie et nos bagages qui nous avaient tant alanguis ? (Ségur.) || Rendre languissant, langoureux, énerver : Le raisonnement tue l’inspiration ; l’attention qu’on lui prête l’alanguit et l’amortit. (V. Cousin.) Alanguir une scène. (Beaumarch.) Elle assouplit sa taille, alanguit ses yeux. (A. Achard.) Elle alanguissait ses regards, ses paroles, ses gestes. (Balz.)

Sous ces rameaux penchés, de leurs vagues concerts,
D’invisibles oiseaux alanguissaient les airs.
A. Soumet.

|| On disait autrefois alangourir, alangouri.

— v. n. ou intr. Être languissant, être énervé ; perdre son énergie : Il alanguit de jour en jour.

S’alanguir, v. pr. Devenir languissant, langoureux ; perdre de ses forces, de son énergie ; dépérir : Il s’alarmait de cet état parce que sa fille s’alanguissait. (F. Soulié.) Ses yeux noirs s’alanguissaient. (L. Gozlan.) Ce duc, d’abord ardent, s’alanguit bientôt et devint d’une tristesse déchirante. (A. Houss.) Quand la pauvre fille voyait la conversation s’alanguir… (Balz.)

ALANGUISSANT (a-lan-ghi-san) part. prés. du v. Alanguir : J’irois facilement alanguissant mon esprit et mon jugement. (Montaig.)

ALANGUISSEMENT s. m. (a-lan-ghi-se-man — rad. alanguir). État de langueur, d’abattement : Un tiède alanguissement énerve toutes mes facultés, et l’esprit de vie s’éteint en moi par degrés. (J.-J. Rouss.) Secouant son alanguissement, ses hésitations, le nouveau colonel songe, avant tout, au nerf de la guerre. (Saintine.) L’alanguissement de l’amour. (Michelet.)

ALANINE s. f. (a-la-ni-ne). Chim. Substance que l’on obtient en traitant l’aldéhydate d’ammoniaque par l’acide cyanhydrique en présence d’autres acides. L’alanine cristallise en prismes incolores, réunis en faisceaux ; elle est soluble dans l’eau, surtout dans l’eau chaude, peu soluble dans l’alcool, insoluble dans l’éther. Sous l’influence de l’acide azoteux, elle se transforme en acide lactique. L’alanine joue le rôle d’acide avec les bases et oxydes métalliques, de base avec les acides.

ALANSON (Edouard), habile chirurgien anglais, né en 1747, mort en 1823. Il perfectionna la méthode d’amputation des membres, et publia le résultat de ses observations dans un traité qui a eu deux éditions en anglais.

ALANTINE s. f. (a-lan-ti-ne — de l’allem. alant, année). Chim. Nom donné par Trommsdorf au principe végétal appelé depuis inuline.

ALAPA s. m. (a-la-pa). Bot. Nom vulgaire de la bardane (arctium lappa) dans quelques parties du Languedoc, || On dit aussi alapas.

ALAPI s. m. (a-la-pi). Oiseau de la Guyane.

ALAPTE s. m. (a-la-pte). Entom. Genre d’insectes hyménoptères, ne renfermant qu’une seule espèce, qui habite l’Angleterre.

ALAQUE s. f. (a-la-ke). Archit. Nom donné à un ornement carré et plat qui sert d’assise à la base des colonnes. On l’appelle aussi plinthe ou orlet.

ALAQUÉCA s. f. (a-la-ké-ka). Minér. Pierre qui se trouve à Balagate, aux Indes, en petits fragments polis. C’est une espèce de pyrite ou fer sulfuré qu’on appelle aussi arrête-sang, parce qu’elle a, dit-on, la vertu d’arrêter les hémorragies quand on l’applique extérieurement.

ALARÇON, bourg d’Espagne, dans la prov. de Cuença (Nouvelle-Castille) ; 500 hab. Place de guerre considérable sous la domination des Maures, qui y vainquirent les Espagnols en 1195 ; elle était bâtie sur un rocher, au milieu d’une rivière. Église remarquable.

ALARÇON (Hernando de), navigateur espagnol, vivait dans le xvie siècle. Il est un de ces hardis explorateurs espagnols & qui la géographie et les sciences nautiques sont redevables de tant de progrès. C’est lui qui a le premier fait le relevé hydrographique des côtes de la Californie, et démontré que cette vaste contrée n’est point une île.

ALARÇON Y MENDOZA (D. Juan Ruiz de), poëte dramatique hispano-américain, né au Mexique vers la fin du xvie siècle, mort en 1639. Il vint en 1622 se fixer en Espagne, où il obtint un emploi dans le conseil des Indes. Il eut peu de popularité de son vivant. Cependant ses drames sont pleins de force et d’originalité. Corneille lui a pris le sujet du Menteur. M. Hippolyte Lucas a imité une de ses pièces, le Tisserand de Ségovie.

ALARÇONIE s. f. (a-lar-so-nî — de Alarçon, nom de celui qui aborda le premier en Californie). Bot. Genre de plantes de la famille des composées, tribu des sénécionidées. Les alarçonies sont des plantes herbacées, à grandes feuilles, ayant le port de l’aunée. Elles habitent la Californie.

ALARD (Jean-Delphin), violoniste français distingué, né à Bayonne en 1815, entra en 1826 au Conservatoire de Paris, dans la classe d’Habeneck, et en sortit en 1830 après avoir remporté le premier prix de violon. En 1840, il fut nommé violon solo de la chapelle des Tuileries, et succéda au célèbre Baillot en 1843, comme professeur au Conservatoire. Le jeu de M. Alard est d’une grande pureté, rempli d’expression, et son style appartient à l’école classique par sa sévérité ; aussi s’est-il attaché de préférence à populariser les œuvres des grands maîtres qui ont fait la gloire du genre auquel il s’est voué : Haydn, Mozart et Beethoven. On cite surtout, parmi ses œuvres gravées, l’École du violon, méthode adoptée par le Conservatoire ; cinq livres d’Études, des duos, concertos, symphonies, fantaisies, etc. On a beaucoup remarqué la Symphonie pour deux violons, exécutée au concours de 1855.

ALARGUÉ, ÉE (a-lar-ghé) part. pass. du v. Alarguer.

ALARGUER ou ALLARGUER v. n. ou intr. (a-lar-ghé — du lat. ad, vers ; largus, large). Mar. Porter plus largue ; prendre la haute mer, s’éloigner des côtes ou de quelque vaisseau. || L’impératif de ce verbe : Alargue ! est syn. de Au large !

ALARIC Ier, roi des Wisigoths, de la race illustre des Balthes, envahit, vers l’an 400, les provinces romaines, pendant les querelles d’Honorius et d’Arcadius, dévasta la Pannonie, la Macédoine et la Grèce, où il renversa les autels des dieux païens ; fut vaincu une première fois par Stilicon, se rejeta sur l’Italie, et deux fois voulut assiéger Rome, qui réussit à l’éloigner à prix d’or.

Saint Augustin le regarde comme un instrument dont se servait la Providence pour châtier Rome. « Je sens en moi, disait le Barbare, quelque chose qui m’excite à mettre Rome en cendres.

— Que laisserez-vous donc aux Romains ? lui disaient les envoyés du Sénat en se plaignant de l’énormité des contributions qu’il exigeait.

— La vie, » répondit-il.

Les perfidies et le manque de foi d’Honorius ramenèrent une troisième fois Alaric devant Rome, qu’il emporta d’assaut et qu’il abandonna, pendant trois jours, au pillage et à la fureur de ses hordes de barbares (410). Il se préparait à faire la conquête de la Sicile, lorsque la mort le surprit à Cosenza, en Calabre (412). Ses soldats l’enterrèrent dans le lit du Busento, dont ils avaient détourné le cours, et, après l’avoir enseveli avec de grandes richesses, rendirent les eaux à leur cours naturel et tuèrent les captifs qui avaient servi de fossoyeurs, afin que les Romains ne pussent jamais retrouver les restes de leur capitaine.

Alaric était arien ; il montra une modération relative dans sa conduite, et il est à remarquer que, pendant le sac de Rome, il avait ordonné à ses soldats de respecter les trésors des églises ainsi que les malheureux qui s’étaient réfugiés au pied des autels. C’est lui qui a jeté les fondements de la monarchie militaire des Wisigoths.

Le règne d’Alaric est une des plus mémorables époques de la décadence de l’empire romain, et lui-même fut l’un des plus grands hommes parmi ces peuples nouveaux que nous nous sommes habitués à nommer barbares, en lisant les historiens latins. Il serait temps cependant de faire justice de ces préventions, et de décider quel fut ici le barbare, celui qui usa deux fois avec modération et humanité de sa victoire, ou celui qui ne vit dans les traités qu’un moyen d’échapper au danger qui le menaçait.

ALARIC II, huitième roi des Wisigoths (484-507), régnait sur l’Espagne et sur la partie de la Gaule comprise entre le Rhône et les Pyrénées. Il avait fait de Toulouse sa capitale. Clovis, roi des Franks, l’attaqua et le tua de sa propre main, à la bataille de Vouillé en Poitou. C’est lui qui fit faire l’abrégé du Code théodosien, connu sous le nom de Code d’Alaric.

ALARIE s. f. (a-la-rî — du lat. alarius, qui concerne les ailes). Bot. Genre d’algues, ou plutôt simple section du genre laminaire, dont le type est la laminaire comestible (laminaria esculenta des auteurs).

ALARMANT (a-lar-man) part. prés. du v. Alarmer.

ALARMANT, ANTE adj. (a-lar-man, an-te — rad. alarmer). Qui est de nature, qui est propre à alarmer, à causer de l’émotion, de épouvante, de l’inquiétude : Nouvelle alarmante. Situation alarmante. Maladie alarmante. Il fut un temps en France où, au milieu des causes les plus alarmantes, c’était un crime de s’alarmer : c’était en l’an II de la République. (Sallentin.) De toutes parts se manifestaient dans l’empire grec des symptômes alarmants de faiblesse et de décadence. (Chateaub.) René fut frappé des traits de cette femme, sur lesquels la nature avait répandu une expression alarmante de passion et de faiblesse. (Chateaub.) Et ensuite, nous avons changé ces ornements ridicules en carquois de flèches ; symbole encore plus alarmant pour ceux qui veulent trouver un sens où il n’y en a pas. (X. Marmier.)

… Des bruits alarmants et de tristes messages
Sont venus me trouver jusque sous mes ombrages.
C. Delavigne.

ALARME s. f. (a-lar-me — de à l’arme ! cri militaire qui avertissait de prendre les armes, et qui, autrefois, s’écrivait en trois mots : à l’arme ! Le guet du Chastel commença à crier À l’arme ! À l’arme ! trahi ! trahi ! [Froissart.] Dans ce sens, le pluriel a été substitué au singulier, et l’on dit aux armes !) Cri, bruit quelconque que l’on fait entendre pour attirer l’attention dans une circonstance dangereuse : Sonner l’alarme. Il entend sonner le beffroi des villes et crier à l’alarme. (La Bruy.) Aussitôt les grosses timbales de cuivre et les karnas ou grands hautbois de la garde sonnèrent l’alarme avec un bruit épouvantable. (B. de St-P.)

La trompette a jeté le signal des alarmes.
Lamartine.

— Par ext. Frayeur, épouvante subite causée dans un camp, dans une place de guerre, par l’approche ou sur le bruit de l’approche des ennemis : Donner l’alarme. Fausse alarme. Chaude alarme. L’alarme est au quartier, au camp. (Acad.) Les ennemis nous donnaient de fréquentes alarmes. (Acad.) Donner l’alarme à l’Europe. (Volt.) Déjà l’alarme était à Versailles comme dans le reste du royaume. (Volt.)

…… Vêtu des armes d’Achille,
Patrocle mit l’alarme au camp et dans la ville.
La Fontaine.

— Fig. Crainte, frayeur subite, trouble que cause dans l’âme l’image d’un danger réel ou apparent : Grande alarme. Fausse alarme. Prendre l’alarme. Cette nouvelle porta l’ alarme dans mon cœur. (Lav.) Jeter la persuasion dans les esprits et l’alarme dans les cœurs. (La Bruy.) Je crains bien moins les armes de mes ennemis que les alarmes de mon peuple. (Alph. de Castille.)

Remettez-vous, monsieur, d’une alarme si chaude.
Molière.
…… On tremble à l’environ,
Et cette alarme universelle
Est l’ouvrage d’un moucheron.
La Fontaine.

|| Dans le style élevé et poétique, s’emploie presque toujours au pluriel : De vaines alarmes. De tendres alarmes. De terribles alarmes. Vivre dans les alarmes. Nous vîmes alors, dans cette princesse, au milieu des alarmes d’une mère, la foi d’une chrétienne. (Boss.) Chaque instant nous donne de nouvelles alarmes. (Mass.) Autour de ces rois voltigeaient, comme des hiboux dans la nuit, les cruels soupçons, les vaines alarmes. (Fén.) Rien ne prouve plus les alarmes que l’excès des précautions. (Volt.) Je me moquais de moi-même et de mes vaines alarmes. (J.-J. Rouss.) Les jours du méchant sont remplis d’alarmes. (Dider.)

Il sait votre dessein, jugez de ses alarmes !
Racine.
Bénissez votre enfant, et dormez sans alarmes.
Lamartine.
… Ne me suit point, si ton coeur en alarmes
Prévoit qu’il ne pourra commander à ses larmes.
Racine.
Et me déshonorant par d’injustes alarmes,
Pour attendrir mon cœur, on a recours aux larmes.
Racine.
Tout au monde est mêlé d’amertume et de charmes,
La guerre a ses douceurs, l’hymen a ses alarmes.
La Fontaine.
… De son cœur il chassa les alarmes,
La foi vint essuyer ses yeux mouillés de larmes.
Voltaire.
Le sommeil quitta son logis ;
Il eut pour hôtes les soucis,
Les soupçons, les alarmes vaines.
La Fontaine.

Canon d’alarme, pièce d’alarme, Canon ordinairement de gros calibre, chargé à poudre, et près duquel la mèche ou le boute-feu est toujours allumé. Les canons d’alarme sont établis à certains postes et dans les places assiégées. Dans les campements, ils donnent le signal, et équivalent à un ordre de prendre les armes ou de rappeler les fourrageurs. || Batterie d’alarme ou alarme céleustique (du gr. keleusma, ordre donné au moyen d’un signal ou d’un instrument). Batterie de caisse destinée à donner l’alarme, en usage sous Louis XIV, remplacée aujourd’hui par la générale, || Poste d’alarme, Poste avancé, placé de manière à donner l’alarme à l’approche de l’ennemi, || Cloche d’alarme ou tocsin, Sonnerie d’une cloche destinée à avertir les habitants d’une ville ou d’un village de courir aux armes : C’est surtout dans les temps de révolution que l’on sonne l’alarme, quand toutefois on vous laisse vos cloches. (Sallentin.) || Fausse alarme, Crainte sans motif, sans fondement. || Prendre l’alarme, S’effrayer, s’épouvanter : Nous pouvons nous tromper, ma bonne, et nous prenons peut-être l’alarme mal à propos. (Le Sage.) || Être nourri dans les alarmes, Être accoutumé à la guerre et à ses dangers ; vivre au milieu des camps. || Donner les alarmes, Tenir en éveil, harceler les avant-postes de l’ennemi : C’est à la cavalerie légère à donner les alarmes. (Gén. Bardin.) || On dit aussi tenir en alarme.

En alarme, loc. adv. En crainte, dans l’inquiétude : Il est toujours en alarme. (Acad.) La présence de cet homme dans la ville la tient en alarme. (Acad.)

Notre alouette de retour
Trouve en alarme sa couvée.
La Fontaine.

— Prov. L’alarme est au camp. Se dit quand une réunion, une société vient d’être effrayée par un motif quelconque :

… Je mets l’alarme au camp ?
Je suis donc un foudre de guerre !
La Fontaine.

|| On le dit aussi de gens qui ont quelque dessein secret et qui se croient sur le point d’être découverts.

— Syn. Alarme, appréhension, crainte, effroi, épouvante, frayeur, peur, terreur. Alarme indique une grande inquiétude sur les dangers dont on est menacé ou qu’on pressent : La nouvelle de la défaite de Trasimène jeta à Rome une grande alarme. La terreur nait d’un danger présent, réel ou imaginaire : Condé, jusqu’alors l’appui de l’État, en devint tout d’un coup la terreur. (Bourdal.) L’effroi est toujours produit par un danger réel : J’aurais vu les apprêts de ma sépulture avec moins d’(effroi que ceux de mon mariage. (J.-J. Rouss.) La frayeur est le sentiment d’un effroi passager et actuel : La frayeur de la mort ne lui fit point abandonner sa maison. (Mass.) L’épouvante nous fait fuir tout éperdus, ne sachant où nous allons : Les éléphants rompaient les rangs, écrasaient des bataillons entiers, et jetaient partout l’épouvante et le désordre. (Roll.) La crainte est inspirée par une chose qui peut être favorable ou contraire : La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse, (Écrit. sainte.) La peur se rapporte à une chose que l’on considère comme devant être funeste, mais qui est souvent imaginaire : L’ardeur de vaincre cède à la peur de mourir. (Corn.) L’appréhension est due à l’incertitude de l’avenir : Job portait au fond de son cœur une continuelle appréhension de déplaire à Dieu. (Boss.)

Épithètes. Chaude, soudaine, subite, vive, fausse, vaine, honteuse, mortelle, secrète, froide, sinistre, timide, guerrière. — Vives, folles, précoces, tristes, violentes, sombres, secrètes, douces, tendres, affreuses, horribles, terribles, épouvantables, effrayantes, mortelles.

ALARMÉ, ÉE (a-lar-mé) part. pass. du v. Alarmer. Rempli d’effroi, d’inquiétude, d’émotion, de crainte, de souci, etc. : Les matelots furent alarmés jusqu’à perdre l’esprit. (Boss.) La conscience du roi était alarmée par son confesseur. (Volt.) Vous avez été très- alarmé d’apprendre sa maladie. (J.-J. Rouss.) Il n’avait pas encore fait son testament, jugez si la gouvernante fut alarmée. (Le Sage.) M. de Choiseul, alarmé de ce changement, fit d’inutiles représentations pour l’empêcher. (Dulaure.) Alarmée du moindre souffle et tremblante comme le faon séparé de sa mère, elle se hâte de se cacher dans les eaux. (Deleuze.) Ô ciel ! s’écrie le père Beauregard, justement alarmé d’une telle résolution. (Billecocq.)

D’un geste, d’un regard, je me suis alarmé.
Racine.