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AYE

Tant les pages suivantes, et ne cherche pas à t’approprier ce qui appartient également à mille autres individus. Si tu rencontres un portrait qui reproduise ta physionomie sous un jour désagréable, garde bien le secret. Songe qu’un trait ne fait pas le visage, et que, bien eue tu sois peut-être pourvu d’un nez en pied de marmite, dix de tes voisins peuvent se trouver dans le même cas. ■

En dépit de cette protestation, le public s’obstina à retrouver les originaux de Gawkey, Crabbé et Potion ; on crut reconnaître dans le pharmacien Potion le chirurgien Gordon, ancien professeur de Smollett ; dans le vieux juge, son aTeul, auquel il ne pouvait pardonner de l’avoir frustré da sa succession ; sa femme, enfin, sous les aimables traits de Narcissa. Un relieur et un barbier, amis de Smollett pendant son enfance, se disputèrent l’honneur ■ d’avoir fourni le modèle de ce Strap.si dévoué, si bon et si généreux dans sa simplicité. On regrette l’absence de tout sens moral dans l’œuvre de Smollett, que déshonorent les passages les plus licencieux ; et l’on a beau faire la part de l’époque et de ses mœurs, tant de jgrossièreté ne laisse pas de choquer les esprits les moins délicats. Le romancier semble également méconnaître ce qu’il y a de grand et de pur dans le cœur de la femme, bien inférieur en cela a l’auteur de Clarisse Harlotoe et à Fielding. Quant au stjle de Smollett, il est familier et négligé jusqu’à l’excès. Cependant W, Scott, dans ses Vies des Romanciers, cite avec éloge la description du combat naval, auquel assiste Rodenck, enchaîné sur le pont du vaisseau le Tonnerre ; et, en effet, cette description ne manque ni de grandeur ni d’énergie. Roderick Random a été traduit en français.

Aventure, de Peregrine PleUle, roman de Smollett^ publié en 1751, trois ans après les Aventures de Roderick Random, avec lesquelles il a quelques rapports. On a lien de croire qu’il fut écrit en 17B0, pendant le séjour de Smollett à Paris, où l’auteur agrandit le cercle de ses connaissances, et sut étudier avec sagacité les mœurs et les usages. Un petit— *" modèle

iquel il fit connaissance lui’fournit le

de l’inimitable Palette, et un médecin,

iceptibilité nationale

permettant des observations offensantes pour 1 Écosse, lui donna celui du pédant docteur Ackenside. Il existe entre le roman de Roderick Random et celui de Peregrine Pickle une différence assez grande : Peregrine Pickle est plus fini, écrit avec plus de soin, mieux observ* ; il offre des scènes d’un intérêt plus vif et plus compliqué, une plus riche variété d’aventures et de caractères ; mais il y a dans les Aventures de Random une aisance et un naturel qu’on ne retrouve pas au même degré dans Peregrine Pickle ; ainsi les caractères des marins Trunnion, Pipes et Hutchway lui-même, tombent presque dans la caricature ; tandis que Bowling et Jacques Ratlin, dans Roderick, sont la nature et la vérité même. Mais si la simplicité du premier roman de Smollett ne se retrouveras dans le second, celui-ci a l’avantage d’offrir une galerie de portraits plus riche que celle de son devancier ; l’auteur y a développé, d’une manière plus brillante et plus variée encore, les ressources de son talent et de sa gaieté. Cependant Peregrine Pickle ne dut pas entièrement son succès à son mérite intrinsèque ; les Mémoires d’une dame de qualité, . intercalés dans le roman, contribuèrent à sa popularité. Ces mémoires contiennent l’histoire de iady Vane, fameuse alors par ses intrigues et sa beauté, et le portrait du généreux et chevaleresque Mac Kercher ; les épisodes de la femme galante et du chevalier charitable aidèrent beaucoup au succès de Peregrine Pickle, dont on comprend que nous ne donnions pas l’analyse. Smollett, comme dans les Aventures de Roderick, a commis la faute de rendre son héros odieux et extravagant, et a introduit, dans son récit quelques souvenirs de sa propre histoire. À part cette tache, on peut dire que ce roman, fort intéressant et fort gai, est son chef-dVcuvre. Il n’a pourtant été traduit qu’une fois dans notre langue, au siècle dernier, et d’une manière très-imparfaite.

Aventures d’une Et.ii>éc (CHRYSAL OU LES)

roman satirique anglais de Johnston. On croit généralement que ce livre fut composé en 1760. Il avait été annoncé par les journaux du temps comme • un récit détaillé et impartial de tous les événements remarquables de l’époque en Europe, à La publication de l’ouvrage suivit de près l’annonce ; et comme.en effet, le roman, écrit d’un style nerveux, riche de couleurs et d’images, offrait au lecteur affriandé la chronique scandaleuse des principaux personnages vivants, il captiva sur-le-champ la curiosité publique. Cette sorte de satire offre, sans parler du plan, plus d’une analogie avec le Diable boiteux de Le Sage. Dans les deux, ouvrages, l’auteur français et l’auteur anglais ont introduit un esprit doué de la faculté de lire les pensées et d’expliquer les aberrations de l’esprit humain ; mais le premier a été plus heureux que Johnston dans le choix de son personnage intermédiaire. Asmodée est une corception admirable, et le lecteur prend autant de plaisir en assistant au développement du rôle de ce démon, qu’à aucun des secrets que ce démon dévoile et met à nu pour le plaisir et l’instruction de don Cléophas. Cbrysal n’est, au contraire, qu’un esprit de second ordre, infiniment moins spirituel et moins profond qu’Asmodée, et qui se contente

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de réfléchir, comme le ferait un miroir, les objets qui lui sont présentés, sans ajouter au tableau les sages et amusantes leçons du diable espagnol. Mais c’est surtout par la couleur satirique que les aventures racontées par Chrysal se distinguent de celles des héros de Le Sage. Il y a la toute la différence de l’esprit des deux nations. L’es folies de Le Sage nous font rire tout en nous instruisant, tandis que l’auteur anglais, dans une gamme plus sombre, met en scène des" vices et des crimes qui font horreur aux esprits délicats ; les caractères qu’il retrace sont, il est vrai, d’une effrayante vérité ; mais il semble que Johnston aurait pu rendre sa satire aussi piquante, aussi sévère même, en épargnant au lecteur la grossièreté de quelques-unes des scènes qu’il retrace. Peut-être, après tout, était-ce une question de tempérament. Johnston, d’une constitution ardente, d’une imagination dévergondée, s’est abandonné sans réserve au penchant de son caractère ; comme la plupart doses personnages étaient encore vivants, et dès fors faciles à reconnaître, !] leur offrait un miroir où se reflétait l’image frappante des traits les plus hideux de leur personnalité. Le style de 1 ouvrage est énergique et soutenu ; le naturel n’y fait pas défaut ; les personnages se meuvent, respirent, parlent avec toute la vérité de personnages réels. Lés réflexions de l’auteur sont, en général, celles d’un censeur hardi, fier, honnêtement indigné contre un siècle lâche et corrompu, et animé contre le vice de cette haine vigoureuse dont parle le misanthrope. On comprendra que nous n’analysions pas une telle série d’aventures diverses ; au reste, l’intérêt du livre n’est pas là, il est dans la moralité, dans le but que l’auteur s’est proposé d’atteindre, et c’est ce que nous avons essayé d’expliquer.

Johnston a évidemment trop exagéré les vices du siècle en les cinglant de sa lanière. Un critique anglais dit de ce tableau de mœurs, mœurs qui étaient bien celles du xvme siècle, surtout pour l’aristocratie britannique : à Ce roman nous conduit à travers tous les passages tristes, impurs et malsains de la vie, et l’on en sort avec une sensation de soulagement, comme celle que l’on éprouverait en remontant d’un souterrain dont l’air s’est chargé de vapeurs délétères. » En effet, il est évident que le ton moral, que le sentiment, compris a la façon de Fielding et de Smollett, ont une influence plus salutaire et plus durable que ces satires sociales où l’on met à découvert, non les blessures, mais les plaies de la nature humaine.

Johnston a donné plus tard la clef des personnages qui figurent dans son livre ; cette clef, publiée par William Davis dans son Recueil d’anecdotes bibliographiques et littéraires, est jointe au texte, avec quelques notes explicatives sur les événements et les personnages qui sont du domaine de l’histoire. Quant aux anecdotes scandaleuses, on les a laissées avec raison enveloppées du mystère qui les couvre dans le texte. Ce livre est encore fort estimé en Angleterre ; il a été traduit pour la première fois en français, par J.-P. Fresnais, en 1768-1769.

Aventures de mon père (LES), parKotzebue.

Cette production, moitié conte, moitié roman, est le résultat d une espèce de gageure. Elle est due à la plume facile d’un homme à qui il n’a manqué, sans doute, que les passions généreuses pour devenir un écrivain de premier ordre. On y remarque les qualités qui distinguent la plupart de ses autres écrits, verve, ironie, narration vive, connaissance des défauts de la nature humaine. Kotzebue, un jour, invita un de ses amis à lui nommer au hasard dix mots, s’eDgageant à broder làdessus une histoire dont chacun de ces mots formerait un chapitre. Ces mots furent’ Vésuve, ministre, scarabée, autruche, orage, mine, océan, loup, plomb, couardise, enfer, corruption. L’auteur se mit à l’œuvre et écrivit la narration dont voici le canevas :

Un certain baron allemand, à qui Kotzebue fait jouer le rôle de son grand-père, épouse, plus que septuagénaire, une jeune femme de dix-s"A " " ——- - : —=—■ •*■ ••

femme ; tout en trompant......

tyrannise. Un soir, revenant du théâtre avec un jeune hobereau, son amant et Son sigisbée, elle feint un granckchagrin, et, quand le mari lui en demande la cause, elle répond que madame une telle, femme d une des notabilités de l’endroit, se dispose à aller faire un voyage en Italie, que déjà cette femme écrase les autres par son luxe et ses grands airs, et, qu’à son retour, lorsqu’elle pourra parler de visu de Rome, de Florence, de Naples, nulle autre ne sera plus en état de lui tenir tête. La jeune baronne insiste donc auprès de son époux pour faire un voyage semblable. Le vieillard a beau opposer son âge, à lui, l’état avancé de sa grossesse, à elle, la femme tient bon et le voyage s’effectue, bien entendu, en compagnie du jeune galant. Lorsqu’ils sont arrivés à Naples, la baronne ■ veut faire l’ascension du Vésuve. L’amant l’y accompagne. Arrivés au bout de la route carrossable, ils continuent leur ascension à pied. La fatigue l’emporte sur les forces de la voyageuse ; elle se trouve mal, et, pendant que

e accouche avant terme d

petit

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on envoie chercher M. Van Doelen, ancien chapelain de la légation hollandaise auprès de la cour des Deux-Siciles, alors marié et fixé à Naples, pour ondoyer l’enfant. Mais la baronne, ne voulant pas s’embarrasser d’un fardeau si précieux et si fragile pendant son voyage de retour, confie son fils à M. Van Doelen, en s’engageant à payer une pension convenable, et a le faire reprendre lorsqu’il sera temps de songer sérieusement à son éducation. L enfant, à qui l’on a donné le nom de Polycarpe, grandit, et à côté de lui la petite Wilhelinine, fille de M. Van Doelen,

les devoirs de la maternité, négligeait de rappeler son fils, lorsqu’enfin M. Van Doelen est

Polycarpe, un jour, jouant prë : de son père nourricier, aperçoit tout à coup un magnifique scarabée aux ailes dorées. Il le suit, le poursuit, croit à chaque instant l’atteindre avec son petit chapeau, et se laisse entraîner à plus d’une lieue de la maison, jusqu’à l’entrée de la forêt. Le scarabée s’y réfugie. Polycarpe s’acharne après sa proie. Mais tout à coup il enfonce jusqu’aux genoux dans un marécage. La nuit arrive. Après d’inutiles efforts pour se dégager, l’enfant appelle au secours. Bientôt un homme à mine rébarbative l’apostrophe, et le saisit d’un bras Polycarpe demande qu’on le conduise on de M. Van Doelen. Pour toute ré>n sauveur l’entraîne dans une ca

Faire d’une bande de brigands dont il . Là le pauvre Polycarpe est employé aux petits soins du ménage. Une tentative d’évasion échoue, il est gardé plus soigneusement, et il resterait sans doute indéfiniment le marmiton d’une bande de brigands, si l’assassinat d’un personnage haut placé ne déterminait le gouvernement napolitain à prendre des mesures efficaces. La caverne des brigands est cernée, et ceux-ci sont ou tués ou emmenés prisonniers. Pendant la bagarre, Polycarpe s est blotti dans le creux d’un rocher et n’est point découvert. Quand tout le monde est parti, il sort de sa retraite, s’oriente tant bien que mal pour retrouver la grande route, et y rencontre tout d’abord, dans une voiture, un homme gros et gras à qui il demande la maison de M. Van Doelen. Cet homme lui dit qu’il se rend directement vers cet endroit et qu’il n’a qu’à l’accompagner. La nuit arrive ; on couche à l’auberge, et le gros homme console Polycarpe en lui disant que le lendemain, à la première heure, ils seront rendus à destination. Mais quand, le lendemain, Polycarpe se voit trompé dans son espoir, il pleure, il se désole. L’homme, qui n’est autre que le propriétaire d’une ménagerie ambulante, le menace d’une correction et lui déclare que dorénavant il restera avec lui. Il vient de perdre un garçon de l’âge de Polycarpe, qu’un de ses tigres a mis en pièces, et, en attendant que Polycarpe soit initié au métier, il le charge de la garde de son autruche. Nous ne pousserons pas plus loin l’analyse de cette course au clocher littéraire ; le lecteur a déjà compris qu’il va s’élever un terrible orage, pendant lequel Polycarpe réussit à s’échapper. Après avoir été employé dans les mines pendant quelque temps, il devient poète et produit une épopée intitulée l’Océan. Les mots loup, plomb, couardise, enfer, corruption se présentent chacun à son tour dans le récit, mais d’une manière un peu plus allemande que si ce tour de force avait été entrépris par Alex. Dumas, Méry, J. Janin ou About. Eii résumé, nous ne voyons pas là un tour de force, et on ne s’expliquerait guère le succès que cette nouvelle a obtenu en Allemagne, si elle n’était émaillée çà et là de critiques assez fines sur les poètes, les courtisans, les favorites, etc. Si 1 auteur de Misanthropie et repentir n’avait jamais puBlié que cette enfilade d’aventures très - peu piquantes, il n’aurait porté aucun ombrage à la jeune Allemagne et serait sans doute mort de vieillesse.

Aventures de Julien Delmours (LEs).roman

de M>ne de Genlis (Paris 1819). M’" de Genlis nous apprend qu’à l’âge de douze ans, sans doute àl époque où elle avait cessé de s’habiller en garçon, elle inspira une passion très-vive à un adolescent qui en avait dix-huit, mais qui n’était que le fils d’un médecin. Le premier sentiment qu’inspira à la jeune comtesse la révélation de cet amour précoce ne fut que de l’indignation : elle ne pouvait concevoir qu’un roturier osât l’aimer. Il était impossible d être infectée plus complètement, et de meilleure heure, de gentilhommerie et de pédantisme. Dans les Aventures de Julien, Mme de Genlis a retracé cette circonstance de sa vie, et elle y a reproduit toutes les idées dont elle était imbue dès sa jeunesse. Elle a voulu aussi faire entrer dans son cadre, non-seulement cette société aimable et polie qu’elle atoujours su mettre en scène avec autant de grâce que de vérité, mais encore la classe des artisans, dont elle ne connaissait ni les mœurs, ni le langage, ni les travers, ni les ridicules, ni les vertus, ni les vices. Elle a voulu surtout peindre ses affections, ses haines, ses rancunes, ses opinions, et elle a saisi cette occasion pour raconter des actions odieuses qu’elle prête à Robespierre, à Marat, à Danton et à quelques membres de la Commune de Paris, qu’on ne comptait certainement pas trouver dans les Aventures de Julien Delmours,

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Aventure» de N’igel (i.es), roman anglais de Walter Scott, Ce roman, dont le manuscrit était terminé au printemps de 182S, parut le 30 mai de la même année. Il offre un panorama complet de la cour d’Angleterre et de la ville de Londres, sous le règne de Jacques I«r. L’auteur y a peint, avec une surprenante vigueur et une science profonde, l’avidité des Écossais qui viennent chercher fortune auprès de leur royal compatriote ; la jalousie des Anglais, qui ne peuvent voir sans mécontentement cette foule de nouveaux venus ; l’antique animosité des deux nations, toujours vivante, malgré la réunion des deux couronnes ; le mouvement d’une ville sans police et abandonnée en quelque sorte à elle-même ; les allures, si diverses à cette époque, des différentes classes de lu société, des mariniers de la Tamise, des marchands de la Cité, de leurs turbulents apprentis, des étudiants du Temple, des habitants de l’Alsace, quartier privilégié où les malfaiteurs trouvaient un asile à Eeu près inviolable ; et, au milieu de cet assemlage singulier, un roi rempli des doctrines du pouvoir absolu et gouverné despotiquement par des favoris ; abandonnant volontiers le soin des affaires publiques pour se mêler des affaires particulières de ses sujets ; mais excellent homme, s’il est prince détestable. Tout cela est peint avec le talent le plus vif et le plus original. L’abondance et la variété des détails montrent combien Walter Scott avait étudié l’histoire de cette période, principalement dans ce qui a rapport à l’aspect général de Londres sous Jacques Ier. La description de l’Alsace surpasse de beaucoup pour l’exactitude et la réalité, les fameuses scènes de Ben Johnson, et des dramaturges, ses contemporains. Rien n’est mieux réussi que le

portrait de ce pauvre roi, gueux, faible et pédant ; puis les figures de Richie Moniplie, le brave Écossais, et de sir Mungo Mulugrowther. On rapporte que le lendemain même de l’apparition de ce roman, Constable, qui avait passé la nuit aie lire, écrivit àl’auteur une lettre où il lui disait, entre autres compliments :

« Mon cher sir Walter Scott, je viens’d’éprouver le plus vif plaisir en lisant un ouvrage nouveau, et c’est avec intention que je le qualifie de nouveau, car il est conçu sur un

ferai pourtant un reproche à l’auteur, c’est que son livre est trop court : le plaisir du lecteur dure trop peu. Mais, cela dit, je loue sans réserve sa merveilleuse introduction... ; l’admirable portrait de Jacques Ier ; les descriptions si familières, si exactes de notre bon vieux Londres ; tout, enfin, depuis le premier chapitre jusqu’au dernier. •

(LES), par Chateaubriand ; Paris, 1827. L’auteur nous montre le descendunt de l’illustre famille des Abencérages ramené dans la patrie de ses pères par le regret et pour satisfaire des projets de vengeance. Mais bientôt, à la vue de la belle Blanca, fille du duc de Santa-Fé, l’amour lui fait oublier les sentiments qui l’avaient amené à Grenade. Blanca, de son côté, ne tarde pas à partager la passion qu’elle inspire au jeune Maure. Celui-ci, du reste, a toujours gardé le secret de sa naissance. Rappelé à Tunis par un message de sa mère mourante, l’Abencérage quitte l’Espagne ; mais à peine a-t-il rendu les derniers devoirs à celle qui lui donna le jour, qu’il s’em Eresse de revenir auprès de la belle Espagnole, es jours du couple heureux s’écoulent comme ceux de l’année précédente... Même amour, ou plutôt amour croissant, toujours partagé, mais aussi même attachement à la religion de leurs pères. «Sois chrétien, disait Blanca ; sois musulmane, disait Aben-Hamet d j et ils se séparèrent encore une fois sans avoir succombé à la passion qui les entraînait l’un vers

La troisième année, l’Abencérage trouve auprès de Blanca don Carlos, son frère, et Lautrec, jeune Français à qui non Carlos veut unir sa sœur. L’amour et la jalousie d’Aben-Hamet occasionnent un combat entre lui et don Carlos, où celui-ci est vaincu et doit la vie à son adversaire. L’Abencérage, chéri de la sœur et estimé du frère, est sur le point de renverser l’obstacle qui le sépare de celle qu’il aime. Mais un chant de don Carlos, dans lequel celui-ci célèbre les exploitsdu Cid, l’un de ses ancêtres, apprend au Maure que don Carlos est issu de la fumille des Bivars, et est le fils du guerrier qui a tué son grand-père. Aussitôt, l’Abencérage, transporté de fureur, révèle sa naissance et déclare qu’il était venu à Grenade tout exprès pour venger sur les Bivars la mort de son aïeul : « Sire chevalier, lui répond don Carlos, je vous tiens pour prud’homme et véritable fils des rois j vous m’honorez’par vos projets sur ma famille, -.et j’accepte le combat que vous étiez venu chercher secrètement. Si ie suis vaincu, tous mes biens, autrefois les vôtres, vous seront fidèlement remis. Si vous renoncez au projet de combattre, acceptez à votre tour ce que ie vous offre : soyez chrétien, et acceptez la main de ma sœur. • Aben-Hamet s écrie : « Que Blanca prononce ; qu’elle dise ce qu’il faut que je fasse pour être plus digne de son amour. — Retourne au désert I ■ dit Blanca, et elle s’évanouit. Le Maure part et disparaît. L’Espagnole demeure inconsolable.

« Rien de plus courtois, de plus accompli comme forme, dit M, Sainte-Beuve ; rien ae