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se compose d’une colonne avec cette devise sceptique et païenne :

Mes amis, croyez que je dors.

L’architecte du Père-Lachaise, Brongniart, y a, lui aussi, trouvé son dernier asile. Il repose dans l’allée au bout de laquelle est Talraa.

Des monuments d’une simplicité antique couvrent toute une série d’illustres noms : Geoffroy Saint-Hilaire, Cuvier, Benjamin Constant, Bernardin de Saint-Pierre, Beaumarchais, Molière enfin, et La Fontaine. Ces deux derniers tombeaux furent transférés au Père - Lachaise en même temps que celui d’iléloïse. Les deux tombeaux sont entourés de vingt-quatre caisses de laurier. Deux inscriptions latines, brièvement élogieuses, indiquent simplement les noms et la date de la translation.

Citons encore létombeau de Casimir Delavigne, surmonté d’une muse pensive, tenant lyre et couronnes. Après Nodier, voici Balzac, dont David d’Angers a sculpté le buste olympien. Parmi les quelques grands noms qui nous restent à signaler, mentionnons celui du général Foy, d’abord. L’artiste l’a représenté en toge de sénateur romain. Le socle du monument est orné de bas-reliefs. Sur la dernière face, on Ut ces mots :

AU GÉNÉRAL FOT SES CONCITOYENS 23 NOVEMBRE 1823.

Ensuite, celui de Manuel. Sur sa tombe on lit ces mots :

MANUEL, ’ ' ’ " ’ ' ■

HÉ À BARCELONHETTE EH DÉCEMBRE 1775,

SOLDAT VOLONTAIRE EN 1793,

MEMBRE DE LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS,

DÉPUTÉ,

EXTOLSÉ PAR LA MAJORITÉ DE 1823.

Et au-dessous, la phrase célèbre du grand orateur :

« Eier, j’ai annoncé que je ne céderais qu’à la force ; aujourd’hui, je viens tenir ma parole. *

(Séance du 4 mars 1823.)

Signalons encore deux monuments remarquables : l’un est celui d’un prince de la finance, M.Aguado, marquis de LasMarisinas. Il est situé sur la hauteur ; un socle en pierre de Château-Landou supporte un sarcophage de marbre, flanqué de deux génies-A’Art et la Bienfaisance. L’autre monument est celui d’un ouvrier : sur un cippe de marbre noir se dressent deux statues de bronze, figurant, l’une, l’ouvrier en tenue de travail, les manches retroussées, les outils à la main ; l’autre, l’ouvrier en bourgeois, avec les livres et les insignes de la science. Au-dessous du fronton du mausolée, on lit ;

Marc Schelcher, fabricant de porcelaine, 1766-1832. Son fils Victor’ Schelcher reconnaissant, 1840.

Dans cette revue rapide, nous avons dû omettre bien des noms célèbres, et un plus grand nombre de simplement marquants. C’est que nous n’avons pas eu la prétention de faire un guide du Père-Lachaise, nous bornant simplement à en décrire les principaux monuments au point de vue de leur conception et de leur architecture. Nous rappellerons seulement, au moment de clore notre travail, parmi les célébrités qui dorment au Père-Lachuise du sommeil éternel, côte à côte de celles que nous avons déjà citées : François Arago, Lallemand, Chappe, Edme Champion (l’homme au petit manteau bleu), Firmin Didot, Béclard, Bichat, Blandin, Esquirol, Régnault de Saint-Jean-d’Angely, Suard, François de Neufchàteau, Marchangy ; Mme Blanchard, l’intrépide aéronaute j Bouilly ; le maréchal de Lauriston ; Clurke, duc de Feltre ; Panckoucke, La Rochefoucauld, Lanjuinais, Sieyès, Lemercier, Gay-Lussac, Girodet, Daunou, Lameth, Barras, le maréchal Mortier, Rcederer, Fourier, le docteur Gall, Dacier, les Franconi, Mme Cottin, Andrieux, Martignac, Erard, Ruolz, Marpchetti, Mlle Clairon et Ml’e Raucourt ; tous ces noms un peu pêle-mêle. Mais la mort ne frappe-t-elle pas au hasard, sans distinguer les classes ni les rangs ?

Le Père-Lachaise a deux quartiers spéciaux, réservés l’un aux protestants, l’autre aux israélites. Les monuments du premier forment un contraste frappant, par leur simplicité austère, avec les mausolées élégants ou fastueux du cimetière catholique. La plupart des tombes portent pour tout emblème une Bible ouverte à une page de l’Ancien Testament, sur laquelle se lit un verset ayant trait à. Sa fin suprême. Le cimetière israélite est placé derrière le monument d’Héloïse et d’Abailard. À droite, en entrant, on y remarque une chapelle funéraire, de style grec, devant laquelle sont deux jardinières ornées de fleurs : c’est le tombeau de Rachel. Plus loin, à gauche, est celui de la famille Rothschild, de forme analogue. La sépulture de la famille Bernheim d’Allegri est surmontée d’une pyramide de granit, ornée d’étoiles et d’arabesques d’or, d’un caractère un peu voyant, mais oriental, qui convient à un cimetière hébreu. Au fond se trouve le mausolée de la famille Fould, avec cette inscription au centre :

Ici le repos : là haut le bonheur.

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Et cette autre, au-dessus des épitaphes de trois femmes de cette famille :

À vous, amours et douleurs de ma vie.

Enfin, au sommet de la colline du Père-Lachaise, dans les terrains nouvellement annexés, est le cimetière musulman, avec une mosquée d’architecture mauresque. La princesse d’Oude et un de ses parents sont venus les premiers habiter cette nécropole.

Le cimetière du Père-Lachaise a été, le 27 mai 1871, le théâtre d’une horrible boucherie.

Depuis cinq jourS, l’armée de Versailles avait pénétré dans Paris. Les troupes de la Commune, malgré une défense acharnée, avaient dû se replier sur les buttes Chaumont, les hauteurs de Belleville et dans le Père-Lachaise. Le 27, des bataillons de fusiliers marins, faisant partie du corps du général Vinoy, pénétrèrent dans le cimetière, où se trouvaientun grand nombre de fédérés. « II y eut la, dit M. CTaretie, une lutte héroïquement affreuse. Sous la pluie, on se battit, à l’arme blanche, à travers les tombes. Les fusiliers marins poursuivaient dans les caveaux les cominuDalistes, qui avaient encloué leurs canons. On voyait deux jours après encore, sur les caveaux de pierre, des traces de mains noires de poudre essuyées là, et,

Earini les fosses mortuaires, des tas d’armes risées et de bouteilles vides. Ces combats corps à corps dans ce cimetière, ces égorgements auprès des morts, cette furie dans la ville morte, sont un des épisodes les plus étranges de cette formidable semaine. »

LACHAISE (Louise-Christine du Sadtoy de), comédienne française, née en 1091, morte à Poitiers en 1756. Elle reçut une bonne éducation, et, comme elle montrait un goût décidé pour le théâtre, elle débuta, le 12 mai 1713, à la Comédie-Française, grâce à de puissantes protections. Elle jouait les rôles de soubrette, fut reçue sociétaire en 1715, et se retira, par ordre de la cour, en 1717, avec une pension de 500 livres. Ce qui nuisit au succès de M’e de Lachaise, ce fut le choix de ses rôles. Douée d’une taillé avantageuse, d’une beauté sévère, elle s’avisa de vouloir tenir l’emploi des soubrettes, dans lequel sa distinction paraissait presque choquante. Il ne lui restait que son intelligence et sa diction remarquable : le public trouva que ce n’était pas assez. Mlle de Lachaise ne se rebuta pas ; elle étudia plus sérieusement l’art qu’elle aimait avec passion, et reparut à la Comédie-Française, en 1724, par le rôle d’Hermione, dans Andromaque ; mais elle n’obtint pas le succès qu’elle rêvait, et elle rentra dans les soubrettes par la Doune de Tartufe, et la Lisette des Folies amoureuses. Mlle de Lachaise était plutôt faite pour briller dans un salon que sur le théâtre. Devenue veuve de Pierre Perron, avocat au parlement de Paris, elle épousa en secondes noces M. de La Pilotière, lieutenant criminel de Montmorillon.

LA CHAISE (Jean-François, baron de), général et administrateur français, né à Mont-Cenis, près d’Autun, en 17-12, mort en 1823. Il devint général de brigade en 1793, puis fut maire de Beauvais, et, en 1803, préfet du Pas-de-Calais. On cite de lui ce mot, d’une exagération phénoménale, prononcé dans un discours adressé à l’empereur au camp de Montreuil, lors des préparatifs de descente en Angleterre : Dieu créa Bonaparte et se reposa. Un plaisant compléta ce trait par les deux vers ci-après, que nous citons avec un léger changement, pour ne pas offenser les oreilles délicates :

Et pour faire plus à son aise,

Auparavant il fit La Chaise.

Napoléon, à qui les plus plates adulations ne déplaisaient point ? créa La Chaise baron, en 1809, et le maintint dans sa préfecture. Les Bourbons, à qui La Chaise adressa les mêmes louanges hyperboliques, en 1814, lui laissèrent l’administration du Pas-de-Calais ; mais, en revenant de l’île d’Elbe, Napoléon s’empressa de destituer le préfet girouette, qui rentra définitivement dans la vie privée.

LACHAISE (Claude), médecin français, né a Mâcon en 1797. Après avoir été chirurgien militaire sous 1 Empire, il se rendit à Paris, où il compléta son instruction médicale, et se fit recevoir docteur en 1820. Sous la direction d’Esquirol, il se livra h une étude spéciale des maladies-mentales, et fut attaché pendant plusieurs années à une maison d aliénés. Indépendamment de nombreux articles publiés dans là Bévue médicale, la Gazette des hôpitaux, la Biographie des médecins célèbres, le Dictionnaire des dictionnaires de médecine, de Fabre, on lui doit les ouvrages suivants : Topographie médicale de Paris ou Examen des causes gui peuvent avoir une influence marquée sur la santé des habitants de cette ville (1822, in-s°) ; Hygiène physiologique de la femme (1825, in-s°)j Hygiène de la bouche et des soins qu’exigent l’entretien de la bouche et la conservation des dents (1826, in-12) ; Précis physiologique sur la courbure de la colonne vertébrale ou Exposé des moyens de prévenir et de corriger les difformités de la taille (1827, in-8°) ; Nouvelles preuves du danger des lits mécaniques, et avantages des exercices gymnastiques dans les traitements des difformités de ta taille (1S28, in-8°) ; les Médecins de Paris jugés sur leurs

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œuvres, statistique scientifique et morale des médecins de Paris (1845, hi-S°), sous le pseudonyme anagrammatique de Saclmïic.

LA CHALOTA1S (Louis-René de Caradeuc dh), magistrat fiançais, né à Rennes en 170L, mort en 1785. La Chalotais aborda le barreau avec succès, et devint successivement avocat général, et procureur général près le parlement de Bretagne. C’est là que commença cette lutte énergique qu’il soutint toute sa vie contre les abus, les exactions, les tyrannies de toute sorte, et qui devait immortaliser son nom. M, d’Aiguillon était, à cette époque, gouverneur de la Bretagne. Sans souci des intérêts les plus sacrés, des libertés publiques, des droits des citoyens, le neveu du maréchal de Richelieu signala son administration par une série de faits illégaux et arbitraires, que tout le monde trouva excessifs, même en ce temps où les gouverneurs étaient des tyrans h peu près irresponsables. En quelques années, le nom de d’Aiguillon était devenu l’objet de l’exécration universelle. Le parlement avait plusieurs fois protesté contre son administration, en refusant d’insérer ses édits, et le procureur général La Chalotais n’avait pas craint de se faire l’interprète de l’indignation générale. Plusieurs fois même, il était venu inutilement à Versailles pour prévenir les ministres et le roi de ce qui se passait. Ces démarches avaient inspiré au duc d’Aiguillon une haine violente contre l’austère procureur général. Un fait particulier vint encore accroître cette haiue. En 1758, les Anglais avaient tenté de débarquer devant Saint-Malo. Le duc d’Aiguillon ne montra, dans cette occasion, ni l’activité d’un génénéral ni la bravoure d’un soldat. Retiré dans un moulin, avec son état-major, il laissa un de ses officiers, d’Aubigny, attaquer, sans ordre, et repousser les Anglais, qui laissèrent sur le rivage plus de 3,000 des leurs, morts ou prisonniers. Un courtisan malavisé eut la maladresse de dire devant La Chalotais que, dans cette expédition, le duc d’Aiguillon s’était couvert de gloire. « Oui, do gloire et de farine, «répliquale procureur général. Sur ces en trefifi tes éclata la faillite du père La Valette, supérieur général des jésuites aux Antilles. Attaqués par les créanciers, les jésuites de France répondirent que, réunis en société et solidaires pour le spirituel, les membres de la société de Jésus étaient individuellement responsables pour le temporel. Le parlement de Bretagne, suivant en cela l’exemple des parlements de Grenoble et de Toulouse, chargea quelques-uns de ses membres de lui présenter un rapport t sur la doctrine morale des prêtres et écoliers soi-disant de la Société de Jésus. » Le procureur général La Chalotais fit un saisissant tableau des dangers que présentait la théorie soutenue par les jésuites. L’affaire prit rapidement des proportions considérables. Tout-puissants à Rome, les jésuites firent expédier par le pape une série de bulles, brefs, lettres apostoliques, qui approuvaient et sanctionnaient leurs doctrines et leurs déclarations. La Chalotais en appela, comme d’abus, devant le parlement de Bretagne, qui le chargea de présenter —des comptes rendus sur les livres, la morale et l’enseignement de la Société. Le 24 mai 1762, La Chalotais déposa sur le bureau cet admirable compte rendu qui devait attirer à son auteur tant d’odieuses persécutions. Les jésuites prétendirent que d’Alembert, ami de La Chalotais, n’était pas étranger à la ré’ daction de ce travail ; c’est peut-être faire trop d’honneur à l’illustre géomètre, qui n’atteignit jamais, croyons-nous, à une si haute éloquence. Le parlement de Bretagne adopta, le 27 mai 1762, les conclusions de La Chalotais, qui, tout en demandant la dissolution de la Société de Jésus, était d’avis qu’une pension de 120 livres au moins, de 700 livres au plus, fût accordée à chaque membre. Le compte rendu eut un retentissement immense. L’année suivante, il compléta ce travail par son Essai d’éducation nationale oaPlan d étude pour ta jeunesse, qu’il présenta au parlement, et qui fut publié in-12.

Le duc d’Aiguillon, partisan des jésuites, se plaignit amèrement au roi des menées de La Chalotais, qui ne tendaient à rien moins qu’à soulever la Bretagne contre l’autorité royale. Le parlement de Bretagne répondit par des remontrances qui dévoilaient l’administration de d’Aiguillon. Les remontrances ayant été mal accueillies, le parlement, en musse, donna sa démission, sauf douze conseillers, que la population nomma les jeanf..., et, par politesse, les Ifs. Les démissionnaires furent portés en triomphe, tandis que les Ifs furent honnis et conspués. En ce moment, des lettres anonymes fort injurieuses ayant été adressées au ministre Saint-Florentin, d’Aiguillon ne craignit pas d’accuser La Chalotais de les avoir écrites. Sur sa dénonciation, le magistrat et son fils, Anne-Jacques de Caradeuc, furent arrêtés (1765) et conduits à la citadelle de Saint-Mulo. Pendant sa détention, La Chalotais écrivit, avec un cure-dent et de l’encre qu’il s’était fabriquée avec de la suie, trois mémoires justificatifs, qui furent imprimés clandestinement, et supprimés par ordre du conseil. Le style de ces mémoires est incisif et plein d’une admirable énergie. Sa Lettre au roi et saLettre au comte Saint-Florentin furent de même livrées furtivement à l’impression

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(1766). L’impression de la Cédule évocatoire et des quatre Bequêtes au roi fut, au contraire, autorisée. Culoiine, qui faisait de toute cette iifïaire une intrigue politique destinée à introduire dans le parlement de Bretagne une fournée d’intrigants, se montra contre les accusés d’une partialité révoltante, jusqu’à supprimer une lettre justificative que La Chalotais lui avait adressée. Au dernier moment, la chambre royale se dessaisit de l’affaire, qui fut renvoyée devant le parlement de Bretagne. De nouveaux embarras s’étant alors produits, le roi coupa court à tout en déclarant que le passé devait être oublié, et exila cependant La Chalotais, son fils et quatre conseillers à Saintes, où ils demeurèrent jusqu’en 1774.

Un des premiers actes du règne de Louis XVI fut de rappeler de l’ëxil et de réintégrer dans leurs charges les deux procureurs généraux. Par ordre du roi, une somme de 100,000 livres, plus une rente de 8,000 livres furent données à La Chalotais. Une présidence à mortier était jointe à cette réparution, avec survivance pour M. de Caradeuc ; toutefois, MM. de La Chalotais durent déclarer qu’ils renonçaient à toutes plaintes, actions et poursuites.

« Le caractère de La Chalotais, dit Henri Martin, soutint toujours dignement la renommée que lui avaient value sa brûlante polémique contre la Société de Jésus, et son remarquable Essai sur l’éducation nationale. C’était en patriote et en homme d’État qu’il avait condamné les jésuites. » Son fils, quo nous avons vu partager son sort, lui succéda dans sa charge. À Ta Révolution, il se retira à Linan ; mais, arrêté et condamné comme conspirateur, il périt sur l’échafaud le même jour que le fils de Buffon. Le procès des La Chalotais a été publié (1767,3 vol. in-4»), avec cette épigraphe : Ad perpetuam sceleris memoriarn.

LACHAMBEAUD1E (Pierre), fabuliste et chansonnier français, né à Montignac (Dordogne) le 16 décembre 1806, mort en juillet 1872. Son père, ancien volontaire des armées de la République, percepteur des contributions à Montignac, le plaça d’abord au collège de cette ville, et ensuite au séminaire de Satlat, d’où il fut expulsé pour ne s’être pas assez souvent confessé ; il obtint cependant d’y rentrer, mais ce fut pour en être bientôt définitivement exclu : il avait fait imprimer uns chanson !

En 1828, il entra comme maître d’étude au collège de Montignac ; il occupa ensuite une place analogue dans une pension de Bordeaux. Il entra alors en relation avec Jacques Arago, qui imprima dans son journal, le Kaléidoscope, quelques-unes de ses fables. Ces innocentes publications lui fermèrent néanmoins la porte des divers collèges où il alla demander un emploi, Il vécut pendant quelque temps, à Sarlat, du maigre produit de quelques leçons, et publia, en 1829, par souscription, des Essais poétiques. Il entra à cette époque dans un bureau du chemin de fer do Roanne à Saint-Étienne, aux appointements de 100 francs par mois ; quelques poésies insérées dans les Echos de ta Loire lui attirèrent de sévères reproches de ses chefs, qu’il abandonna sans regret, au bout de quelques mois, pour aller à Lyon prendre l’habit saintsimonnien. Après quelques excursions apostoliques, il entra dans une maison de commerce ; il fut trompé par un chevalier d’industrie qui devait le conduire en Amérique et lui donner une magnifique position à New-York, et qui se borna à le conduire à Paris et à partir seul, en laissant Lachambeaudie sur le pavé. Il parvint cependant à rentrai’ dans son pays, où son père le reçut fort mal à cause de sa vie errante. Il songea un instant à accompagner une mission saint-simonienne en Égypte. Il se rendit à Lyon ; mais, réflexion laite, il rebroussa chemin ec alla habiter quelque temps chez un curé de la Dordogne, qui le fit entrer, comme maître d’étude, au collège de Brive. Il dut le quitter peu après ; ou le trouvait trop familier avec les élèves. Il vint alors à Paris, et trouva un emploi à l’institution Massin. Les espiègleries des élèves l’affectèrent si profondément, qu’il en tomba malade et dut passer quelque temps à l’hôpital, d’où il sortit pour aller loger, àofr., 15 par nuit, dans un bouge de la rue de la Petite-Truanderie. Un ami saint-siinonien améliora un peu sa position en l’employant dans sa fabrique de rieurs artificielles. En 1839, M™" Gatti de Camont édita, à ses propres frais, la première édition des Fables, à la Librairie phalanstèrienne. Le Charivari avait déjà accepté quelques pièces du poflte, qui dès lors vécut de la vente de son œuvre. En 1840 parut une seconde édition des Fables, ornée d’illustrations assez médiocres. Emile Souvestre y avait écrit une excellente préface. Le livre était intitulé : Fables populaires. Deux éditions de ces fables, précédées d’une étude d’Augustin Chaho, parurent dans l’espace de quelques mois (1841). Ce fut en cette année que Lachambeaudie se maria avec une femme aussi pauvre que lui, morte en 1851, lui laissant un garçon et une fille. En 1843, il fit la connuissancéde Bérunger et de Scribe. En 1844, grâce à leur protection, il partagea avec Pierre Dupont le secours annuel légué parMaillè-Latour-Landry. Dupont reçutl,000 francs, et Lachambeaudie 500. En-