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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 13, part. 2, Pubi-Rece.djvu/27

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— Encycl. L’anémone pulsatille, appelée aussi coquelourde, coquerelle, herbe au vent, passe-fleur, teigne-œuf, fleur de Pâques, etc., est une belle planie vivace, à feuilles longuement pétiolées, très-découpées, velues, du milieu desquelles s’élève une tige d’environ om.25, velue, droite, ferme, terminée par une grande fleur d’un violet pourpré ; à celle-ci succède un amas d’akènes terminés par des aigrettes soyeuses d’un bel effet. Cette plante est répandue dans toute l’Europe et en Sibérie. Elle croît particulièrement dans les lieux secs et élevés, les prairies sèches des montagnes, sur les hauteurs exposées au soleil et au vent. Elle commence à fleurir dès le mois de mars ; les anciens croyaient que cette fleur ne s’épanouissait que lorsqu’elle était battue par les vents.

Toutes les parties de cette plante sont à

eu près inodores ; mais elles ont, surtout àétat frais, une saveur acre, caustique, brûlante. La racine, qui est grosse et noirâtre, est moins acre, mais très-ainère ; prise à très-petite dose, elle agit comme apéritive, stimulante ; on la regarde même comme désobstruante et fébrifuge ; à plus haute dose, elle fait vomir ; enfin, à dose très-élevée, elle détermine l’inflammation des tissus comme les poisons corrosifs. Quand on met dans la bouche des feuilles sèches de cette plante, elles ne produisent sur le moment même aucun effet ; mais sa saveur acre et 3on action caustique ne tardent pas à se manifester et durent longtemps. Appliquée sur la peau, la pulsatille produit la rubéfaction et la vésication.

Les empoisonnements causés par cette plante sont très-dangereux ; voici, d’après Fr. Gérard, comment on les traite ; ■ Les moyens propres à combattre les effets délétères produits sont, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, ceux dits antiphlogistiques ; des vomitifs aqueux non irritants, pour expulser le poison ingéré, puis des boissons délayantes en abondance, de l’eau miellée et des tisanes mucilagineuses. Les accidents produits par l’application externe sont calmés par des cataplasmes émollieuts ; quelquefois, quand il s’agit d’un organe important ou que la fluxion est assez considérable pour qu’il se soit formé une congestion qui menace d’avoir pour résultat une désorganisation des tissus, il faut avoir recours à des émissions sanguines et à des médicaments opiacés et antispasmodiques, car les accidents sont parfois assez graves pour causer des plaies gangreneuses et des convulsions, •

Le3 propriétés énergiques de la pulsatille ont attiré de bonne heure sur cette plante l’attention des médecins. Les anciens l’ont regardée comme détersive, résolutive, antipsorique, incisive et atténuante ; ils l’employaient surtout à l’extérieur. Aujourd’hui, on se borne à lui demander une action énergiquement révulsive. On l’a recommandée

contre les humeurs, la gale, les dispositions soporeuses, la cataracte, la syphilis, la goutte, les maladies des yeux, l’amaurose, la paralysie, les ulcères, la carie, les engorgements, les douleurs nocturnes des membres et même la phthisie. On lui a encore attribué des propriétés stimulantes, diurétiques, sternutatoires, etc. La médecine homœopathique en fait un fréquent usage contre la plupart des maladies indiquées ci-dessus et, de plus, contre les céphalalgies, les hémorragies, les maux de dents, l’esquinancie, les vomissements, les constipations, la colique, la rougeole, etc. C’est encore un remède populaire contre les lièvres rebelles, les plaies ulcéreuses, les rhumatismes goutteux, etc. ; dans ces cas, on l’emploie toujours à l’extérieur. On emploie la racine et les feuilles de la pulsatille en poudre ou en infusion ; on en prépare aussi un extrait, une eau distillée et une teinture hydro-alcoolique ; on en fait des pilules. En médecine vétérinaire, on applique avec succès ses feuilles pilées sur les vieux ulcères et surtout sur les blessures des chevaux.

Les fleurs de la pulsatille servent à préparer une couleur verte qui, fixée par un mordant, ne manque ni de solidité ni d’éclat ; on en fait aussi une encre verte. Ce sont ces mêmes fleurs, cuites dans l’eau, ’qui sont employées à teindre les œufs.

En agriculture, c’est une mauvaise herbe ; elle produit sur le bétail les effets délétères que nous avons signalés. Cependant les mouions et les chèvres la broutent quelquefois, mais sans la rechercher. Du reste, comme cette plante disparaît de très-bonne heure, elle ne peut guère se mêler au foin qu’en proportion insignifiante, et d’ailleurs, à l’état sec, ses effets seraient à peu près nuls. On cultive quelquefois cette plante dans les parterres ; mais elle ne s’y conserve pas longtemps’, parce qu’elle n’aime pas les labours. Aussi convient-il de la placer au milieu des gazons, autour des arbustes des derniers rangs dans les jardins paysagers.

On désigne aussi quelquefois sous le nom de pulsatille l’anémone des prés, dont les fleurs sont d’un rouge brunâtre et qui croit dans les champs stériles ; elle ressemble beaucoup à la précédente par ses caractères et ses propriétés.

PULSATION s. f. (pul-sa-si-on — lat, pulsatio ; ne pulso, je bats). Battement répété.

— Physiol. Battement d’un organe : Pulsation du cœur, des artères f.es artères de

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mes tempes battirent avec tant de force, que je pouvais compter les pulsations. (E. About.)

— Pathol. Battement qui se manifeste dans une partie malade. Il Pulsations abdominales, Affection consistant en battements plus ou moins forts qui se manifestent à l’abdomen.

— Physiq. Mouvement de vibration qui se manifeste dans les fluides élastiques.

— Encycl. Physiol. Nous n’avons rien à ajouter ici à ce qui a été dit longuement au mot cœur ; nous voulons seulement rappeler un calcul assez lugubre qui a été fait au sujet des pulsations, qui correspondent, dans l’état de santé, à peu près à une seconde. On a établi que la somme des morts sur la surface de la terre est, en moyenne, d’un peu plus de 333 millions par an, 91,000 pur jour, 3,730 par heure et 60 par minute. De telle sorte que chacune de nos pulsatiojis à peu près marque le décès d’une créature humaine. Il est vrai que, heureusement, on peut ajouter’, pour compensation, qu’il y a un nombre à peu près égal de naissances.

— Pathol. Littré et Robin donnent le nom de pulsation abdominale à une affection consistant en des battements plus ou moins forts qui se font sentir à la région abdominale. Les femmes y paraissent plus sujettes que les hommes. La symptoniatologie de cette affection est constituée presque exclusivement par l’impulsion de l’aorte abdominale. Les pulsations sont assez souvent précédées de symptômes précurseurs, tels que troubles variés des fonctions digestives, tiraillements d’estomac, vomissements spasmodiques, etc. Les pulsations elles-mêmes s’étendent ordinairement depuis l’appendice xyphoïde jus

?u’à l’ombilic et parfois même jusqu’à la biurcation

de l’aorte. Les opiacés, les antispasmodiques et les antihystériques sont

naturellement indiqués dans cette affection dont, toutefois, le traitement n’est pas encore assis sur des bases certaines.

PULSATOIRE adj. (pul-sa-toi-re — du lat. pulso, je bats). Pathol. Qui produit des pulsations : Mouvement pulsatoire.

PULSILOGE s. m. (pul-si-lo-je — du lat. pulsus, pouls, et du gr. logos, discours). Pathol. Instrument servant à mesurer la vitesse du pouls et à en faire connaître la qualité, il Ce mot est cité dans les dictionnaires, mais l’instrument est aujourd’hui inconnu.

PULSIMÈTRE s. m. (pul-si-mè-tre — du lat. puisas, pouls, et du gr, metron, mesure). Pathol. Instrument au moyen duquel on peut mesurer la vitesse du pouls. Il On dit mieux

SPHYOMOMÈTRB.

PULSION s. f. (pul-si-on — du lat. pulso, je frappe). Action de pousser. Il Vieux mot.

— Ane. physiq. Propagation du mouvement des ondes dans un fluide élastique.

PCLSNITZ, ville du royaume de Saxe, dans le cercle et à 28 kilom. O. de Bautzen, sur la petite rivière de son nom ; 2,000 hab. Fabrication de toiles, rubans en fil et en laine.

FULSOMÈTRE s. m. (pul-so-mè-tre). Syn.

de PULSIMBTRB.

PULSZKY’ (François-Aurèle), écrivain et homme politique hongrois, né à Eperies, comitat de Saros, le 17 septembre 1SU. Il appartient à une famille originaire de la Pologne. Ayant perdu ses parents tout enfant, il fut élevé par un oncle très-versé dans les sciences archéologiques. Sous la direction de ce savant, il lit de fortes études philosophiques, théologiques et s’occupa môme de législation. Pulszky parcourut ensuite la Hongrie, l’Allemagne et l’Italie et fut, durant son séjour à Rome, nommé membre de l’Institut archéologique (1836). Il visita ensuite la Russie, l’Angleterre et la France et, à son retour en Hongrie, il entra en relation avec Kossuth et les principaux chefs du mouvement national, dont il adopta les idées. En 1837, il publia à Pesth, en allemand, le Voyage d’un Hongrois en Angleterre. Elu, en 1840, député du comitat de Saros à la diète hongroise, il se fit remarquer parmi les membres de l’opposition et fut nommé membre de la commission chargée de présenter un nouveau code hongrois. Aux diètes de 1843 et de 1847, son mandat ne lui ayant pas été renouvelé, il se contenta de développer dans les journaux libéraux les idées qu’il ne pouvait développer à la tribune. En même temps, comme, à la suite d’un mariage (1845), il était devenu possesseur d’importantes propriétés, il s’occupa beaucoup d’agronomie. Lors des événements de 1S48, M. t’ulszky, nommé sous-secrétaire des finances dans le ministère Batthyanyi, vint à t’esth pour remplir son mandat. Il se rendit, peu de temps après, auprès du prince Esterhazy, ministre des affaires extérieures d’Autriche, qui l’avait fait venir pour lui confier le même emploi. Il eut dès lors sur les affaires une certaine influence, à laquelle on attribua eu partie les événements du mois d’octobre. Compromis et sur le point d’être arrêté par la police, il parvint à passer en Hongrie, où il fit partie du comité de défense nationale. Il dut, quelque temps après, se réfugier en Galicie et de là en France, d’où il passa à Londres au mois de mars 1849 et reçut de Kossuth le titre d’ambassadeur. Lorsque l’insurrection nationale eut été comprimée grâce aux baïonnettes russes, M. Pulszky, condamné à mort par contumace, quitta l’Angle PULT

terre et se rendit avec Kossuth aux États-Unis, En 1861, M. Pulszky fut élu député à la diète par le comitat de Nergrad. N ayant pu rentrer dans son pays à cause.de la condamnation qui avait été prononcée contre

lui, il se rendit alors en Italie, OU il prit part au mouvement garibaldien du mois d’août 1862, fut arrêté, mais recouvra la liberté peu de temps après. En 1866, M. Pulszky obtint du gouvernement autrichien la permission d’aller voir sa femme et sa fille, qui étaient malades àBude ; il les trouva mortes l’une et l’autre à son arrivée. Cette même année, il fut reçu en audience particulière par l’empereur, qui lui fit remise pleine et entière de sa condamnation, et, au commencement de 1867, il devint membre de la diète hongroise. On a de lui plusieurs ouvrages, également remarquables par le fond et par de réelles qualités de style : les Jacobins en Hongrie (Leipzig, 1851, 2 vol.) ; Blanc, rouge, noir, esquisses de voyages en Amérique (Londres, 1852, 3 vol.) ; Philosophie de l’histoire delà Hongrie ; Un drame en Hongrie, traduit en français par M. Am. Pichot (1862), etc.

— Sa femme, Thérèse Walder Pulszky, est née à Vienne en 1815 et morte à Bude en 1866. Son père était un riche négociant qui lui fit donner l’éducation la plus brillante. Elle suivit, en 1849, son mari en Angleterre, puis, lorsque la fortune qu’ils possédaient eut été confisquée, elle chercha des ressources d : ms les travaux littéraires. En 1866, elle se rendit avec sa fille en Hongrie, afin de hâter la révocation de l’arrêt qui confisquait ses biens ; mais elles tombèrent malades l’une et l’autre et succombèrent le même jour à une attaque de choléra. On doit à Mme Pulszky deux ouvrages écrits en anglais dans un style élégant et qui ont été traduits en allemand : Mémoires d’une dame hongroise (Londres, 1850,2 vol.) ; Récits et traditions de la Hongrie (Londres, 1851, 2 vol.). Outre ces ouvrages, qui ont eu beaucoup de succès en Angleterre et en Allemagne, elle a fourni de charmants morceaux dans Blanc, rouge, noir, esquisses de voyage de son mari.

PULTACÉ, ÉE adj. (pul-ta-sé — du lat. puis, bouillie). Hist. nat. Qui a la consistance de la bouillie : Matières poltacéës.

PULTARIUM s. m. (pul-ta-ri-omm — mot lat. formé de puis, bouillie). Antiq. rom. Vase dans lequel on servait le puis.

PULTAVA, PULTAWA, POLTAVA ou POL-TOVA, ville de la Russie d’Europe, chef-lieu du gouvernement et du district de son nom, sur la rive droite de la Vorskla, à 900 kilom. de Moscou et à 1,533 kilom. de Saint-Pétersbourg ; par 49» 35’de latit. et 320 16’de long ! t. ; 28,501 hab. Evèché grec, cour d’appel, gymnase, école de filles nobles, école de district, école de cadets, séminaire. Fabriques de tabac, de bougies, de savon, etc. Les rues sont larges et bien alignées ; la construction de la plus grande partie de la ville date de ce siècle ; elle possède une vingtaine d’églises, un jardin public et quatre places. Pultava comptait, au commencement de notre siècle, moins de 4,000 habitants. Cette ville fait un commerce considérable, surtout à l’époque de sa foire annuelle, du 10 juillet au 10 août, et qui est la troisième de Russie en importance. On y apporte sur 10,000à 12.000 chariots de 55 à 65 millions de marchandises ; les transactions consistent en laines, cuirs, peaux de mouton ; en toiles, en chevaux, en poissons, sel, poix, huile, tabac, goudron, etc. Pultava est surtout célèbre par la victoire de Pierre le Grand sur Charles XII, en 1703 (v. plus bas). On voit aux environs de la ville le tumulus, de 8 mètres de hauteur sur 30 mètres de circonférence à la base, où sont enterrés les Suédois tués dans cette bataille. Un monument commémoratif de la bataille de Pultava a été élevé dans la ville même, par les ordres d’Alexandre I«, en 1809.

PULTAVA (gouvernement de), gouvernement de la Russie d’Europe, situé dans la Petite Russie, entre ceux de Tchernigof au N., de Koursk et de Kharkow à l’E., d’iekaterinoslaw au S., de Rherson et de Kiev à l’O. ; 48,990 kilom. carrés ; 2,002,118 hab., Ruthènes, Grands-Russes, Israélites et Allemands. Il est divisé en 15 districts, savoir : ceux de Pultava, Gadiatch, Khorol, Kobyliaki, Konstantynogrod, Krementchoug, Lokhvitsu,

Loubny, Mirgorod, Pereiaslaf, Piriatyn, Prilouki, Romny, Zenkof etZIotonocha. C’est un pays de plaines, arrosé par le Dnieper et par ses affluents, l’Orel, le Psiol, la Soula, le Soupoï, le Troubiji et la Vorskla. La température maxima, en été, est + 43° cent. ; en hiver —30". « Ce gouvernement, dit Schnitzler, est, avec ceux qui l’avoisinent, le grenier de la Russie ; elle en a peu qui soient mieux cultivés, couverts d’aussi magnifiques champs de blé, demandant peu d’engrais et donnant cependant jusqu’à six grains pour un. • La culture du tabac y est très-développée ; on en vend annuellement plus de 200,000 ponds. Les fruits abondent dans les districts du midi ; dans ceux du nord, on cultive la betterave sur une grande échelle. Le fourrage des steppes et des prairies nourrit de grands troupeaux de bestiaux, de moutons et de chevaux ; les paysans possèdent partout des abeilles-, c’est aux environs de Konstuntynogrod que la récolte du miel est le plus abondante. Le gouvernement possède beaucoup

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de fabriques de drap, de toiles, de tapis, de suif, de cuirs, de sucre, de salpêtre, et surtout des distilleries. Il en existe de 400 à 500, c’est-à-dire plus du double du chiffre total de toutes les autres fabriquée ! du gouvernement. Le gouvernement de Pultava, conquis sur la Pologne par le czar Alexis Mikaîlovitch, lui fut cédé par cette puissance une première fois par le traité d’Andruszowen en 1667 et définitivement par celui d’Iavorof en 16S6. Il fut distrait en 1802 du gouvernement de la Petite Russie, dont il faisait partie, et il a conservé depuis tors ses limites actuelles.

Puhnvn (bataille de), dans laquelle Charles XII fut vaincu pur Pierre le Grand, 1« 8 juillet 1709. Le roi de Suède, sans munitions et sans vivres au fond de l’Ukraine, ne pouvait trouver son salut que dans la prise de Pultava, où le czar avait établi de vastes magasins. lien forma le siège avec 18,000 Suédois et un nombre à peu près égal de Cosaques ; mais il trouva une résistance à laquelle il ne s’attendait pas, et il put s’apercevoir qu’il avait lui-même appris 1 art de la guerre à ses ennemis. Dans un assaut livré à la place, il eut l’os du laion fracassé par une balle, et c’est dnns cette situation qu’il apprit l’approche rlo Pierre le Grand à la tête d’une année de 70,000 hommes. Le czar prit aussitôt ses dispositions avec une grande habileté. Il établit sept redoutes sur le front de son infanterie, plaça deux bataillons dans chacune et disposa la cavalerie sur les ailes de l’infanterie, rangée en arrière. Le 8 juillet, dès qu’il fit jour, l’armée suédoise, forte d’environ 25,000 hommes, sortit de ses retranchements, n’ayant que quatre canons de fer pour toute artillerie. Charles, porté sur un brancard, s’avançait en tête de son infanterie. Il donna le signal de l’attaque, qui s’engagea à quatre heures et demie du matin entre les deux cavaleries. Au premier choc, les escadrons russes furent enfoncés et rompus, etlo czar, qui accourait pour les rallier, eut son chapeau traversé dune balle ; Menschikoff, qui prit une part brillante à cette bataille célèbre, eut coup sur coup trois chevaux tués sous lui ; déjà les Suédois criaient victoire ! Charles avait détaché, au milieu de la nuit, le général Kreutz aveu 5,000 cavaliers pour prendre les Russes en flanc, tandis que lui-même les assaillirait de front ; mais Kreutz s’égara, et Pierre eut le temps de rallier sa cavalerie. Fondant à son tour sur celle des Suédois, il l’enfonça également et la mit en désordre. En même temps, il ordonna à Menschikoff de se porter entre Pultava et les Suédois, afin de les isoler complètement de leurs lignes, Menschikoff exécuta ce mouvement avec une telle habileté, que non-seulement il coupa la communication entre l’armée suédoise et son camp, mais qu’il réussit à envelopper et à tailler en pièces un corps de réserve de 3,000 hommes. Le roi, qui commençait à manquer de poudre et qui voyait son armée écrasée par le feu de 72 canons, essaya de ressaisir la victoire dans un élan impétueux, général, imprimé à toutes ses troupes. Rangeant toute son armée sur deux lignes, son infanterie au centre, sa cavalerie sur les ailes, il marcha résolument sur les Russes. Le maréchal de Saxe, dans son tangage vif et pittoresque, rapporte que co prince et ses généraux ne s étaient point aperçus des sept redoutes qui protégeaient les bataillons ennemis, et qu’ils ne virent de quoi il s’agissait que lorsqu’ils eurent le nez dessus, t Mais comme la machine avait été mise eu mouvement, il fut impossible de s’arrêter et de s’en dédire. Les Suédois les attaquèrent et y trouvèrent une grande résistance. II n’y a point d’homme de guerre aui ne sache que, pour emporter une redoute, faut une disposition particulière ; que l’on est obligé d’y employer plusieurs bataillons, pour l’attaquer par plusieurs côtés à la fuis, et que souvent, quand elle est bien défendue, on ne vient pas à bout de s’en rendre maître. Les Suédois en prirent cependant trois, non sans une grande perte, et furent repoussés aux autres avec un grand carnage. Il était impossible que toute l’infanterie suédoise no fût rompue en attaquant ces Redoutes, pendant que celle des Moscovites, rangée en ordre, regardait de 200 pas ce spectacle fort tranquillement. Le roi et les généraux suédois virent le péril où ils étaient ; mais l’inaction de l’infanterie russe leur laissait entrevoir quelque espérance de s’en retirer. > Cette inaction ne dura pas longtemps ; le czar ayant consulté ses généraux, l’un d’eux lui repondit : Si Votre Majesté n’attaque pas les Suédois dans ce moment, après il n’en sera plus temps, t Sur-le -champ les ordres furent donnés ; la ligne s’ébranla, marchant au travers des intervalles des redoutes qu’on laissa garnies pour favoriser la retraite, en cas d’échec. À peine les Suédois s’étaient-ils arrêtés pour se tonner et pour se mettre en bataille, qu’ils eurent toute l’infanterie russe sur les bras. »

Dana ce moment critique, un boulet abattit les deux chevaux du brancard qui portait Charles XII ; il en fit atteler deux autres. Une seconde volée mit en pièces le brancard même et renversa le roi. On le crut mort, tous prirent la fuite, et ia confusion devint générale dans l’armée suédoise. Cependant, quoique tout meurtri de sa chute, Charles se faisait porter par quatre grenadiers et s’écriait avec fureur : Suédoisl Suédois/ Mais