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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 13, part. 2, Pubi-Rece.djvu/31

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fiais à un pris raisonnable, ainsi que du thé naturel et du rhum convenable ; on a donc imaginé le sirop de punch, qui a obtenu et obtient encore une grande faveur, parce qu’il suffit d’avoir de l’eau bouillante pour préparer soi même, à l’instant et sans aucun secours étranger, une boisson agréable et salutaire, qu’on peut renouveler sans cesse, dont on règle facilement la consommation,

uisqu’on lu prépare à mesure, même dans es verres, et dont on détermine les doses au gré de chaque buveur. On peut dire que presque tous les punchs qui se prennent dans les cafés, à Paris, sont faits de cette manière, ce qui a poussé les distillateurs k produire difiérentes sortes de sirops de punch, avec lesquels on obtient une liqueur salubre, mais un peu forte ; on est forcé de l’édulcorer avec une cuillerée de sirop de capillaire pour qu’il puisse plaire aùx’damés.

Voici différentes formules avec lesquelles on pourra confectionner soi-même du sirop de punch :

Sirop de punch au kirsch.

Sucre blanc raffiné.... 5 kilogr.

Kirsch a 55» 2 litres.

Alcool de vin à 85°.... 40 centilit.

Esprit de noyau "10 — de citron, concentré i centilit.

Acide citrique 6 grammes.

Clarifiez le sucre brut et’cuit à 32», passez, filtrez, mettez le sirop dans un congé ; ajoutez l’alcool, l’esprit de citron et l’acide fondu dans un peu d’eau. Mélangez vivement ; couvrez et lutez avec des bandes de papier le couvercle du congé. En remplaçant 1 alcool par du cognac, on a du sirop de punch au cognac, On peut encore fabriquer du sirop de punch au rhum en mélangeant une partie de sirop de sucre très-épais à une autre partie de rhum à 60° C. Ce mélange se fait lorsque le sirop est à peu près tiède ; on aromatise le rhum avec de l’essence de citron, de la cannelle, du girofle, de la vanille ; on filtre et on met en cruchon. Ce sirop sert à faire lo punch à la minute ; pour cela, on le coupe avec son poids d’eau bouillante, ou mieux avec un thé léger.

Le sirop de punch a l’arack se fait de la manière suivante : On prend 2 kilogr, de sucre concassé et l’on en fait un sirop bien clair ; on y ajoute 1/2 litre de suc de citron ; on remue, on laisse prendre un bouillon couvert, on relire du feu et on ajoute, lorsque le tout est froid, 1 litre 1/2 d’arack ; on le prépare ensuite de la.même manière que le précédent.

PUNCH., le polichinelle anglais. V. POLICHINELLE.

Punch (thb), c’est-à-dire le Polichinelle, journal satirique anglais, exerçant sa verve, comme notre Charivari, par des dessins et des caricatures, fondé par Maghew en 1841. ’ It se publie tous les samedis, par livraisons grand in-4o coûtant 3 pence (30 centimes). Le premier numéro, qui parut le 17 juillet 1841, contenait ce programme :

Punch aura l’honneur de faire son apparition tous les samedis et continuera, de semaine en semaine, à offrir au public toutes les plaisanteries qu’il pourra trouver dans les catégories suivantes :

Politique. Punch n’a pas de préjugés de parti ; il sera conservateur dans son opposition aux fantoccini et aux marionnettes ]iolitiques ; mais, désirant des réformes sagement progressives, sera whig avant tout.

« 2° Modes. Ce département sera dirigé par Mm» Punch, dont les relations étendues avec l’élite de la société lut permettront de fournir les informations les plus nouvelles sur les mouvements du monde fashionable.

> 3° Police. Cette partie de la tâche sera sous la direction d’un gentilhomme expérimenté, régulièrement en relation avec les différents ministères, tout dévoué à Punch et constamment à même de lui faire exclusivement des rapports.

■ 4° Revues. Afin que tout ce qui rentre dans cette catégorie soit aussi bien fait que possible, des arrangements ont été pris, qui nous assurent la collaboration du critique John Ketch, esq., que nous avons prié d accepter cette tâche. • •

■ 5° Beaux-arts, Désireux de rendre justice au talent naissant, la critique de la peinture, de la sculpture, etc., est confiée à un de nos artistes les plus populaires du jour : le propre peintre de genre de M. Punch.

6<> Musique et drame. La musique et le drame tiendront la place la plus importante dans la publication. Les chroniques musicales seront faites par le célèbre veutriloque, assisté des professeurs de tambour et de cymbale. Quant aux drames, Punch les fait lui-même.

■ 70 Sport. Un prophète est engagé 1 II prédira non-seulement quels seront les gagnants de chaque course, mais aussi les rates et les couleurs des jockeys.

Les facéties. Elles seront fournies par . les membres des société* savantes qui suivent : la Cour du conseil communal, la Société zoologique, l’Association de tempérance, la Compagnie pour l’essai de l’eau, le Collège dos médecins et le cimetière de Higbgate, les |

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Sociétés des auteurs dramatiques et de mendicité, le Club des biftecks et la Société des anti-dry-rot. 1

On voit, par le ton de ce programme, quel devait être le caractère du journal. Sa devise sera celle de la comédie : Castigat ridendo mores, et, comme il ajoute, il se souviendra toujours, en lançant ses épigrammes, de deux vers de Byron : • Rions de chaque chose, car nous voudrions savoir Si toute chose, en définitive, n’est pas une comédie. »

« De même, dit-il encore, que, sur les scènes de théâtre, l’on voit apparaître beaucoup de personnages, Punch se propose de remplir ses colonnes de facéties, qui n auront d’autre objet que l’actualité et le goût du moment. >

Armé du crayon et de la plume, Punch, en effet, se met aussitôt à l’œuvre et montre tes côtés ridicules de la vie. Parlant peu de politique d’abord, il raille les modes exagérées, représente les femmes accablées sous le poids de chignons gigantesques, les jeunes filles flirtant dans les salons ou courant à cheval à Hyde-Park. Le bourgeois niais et sa femme, qui portent en France le nom de Prudhomme, sont personnifiés ici sous les traits de John Bull et de mistress John Bull. Les scènes d’intérieur, les graves ladies, assises magistralement autour de la tuble où l’on boit le thé, les folies du derby à Epsom, rien n’échappe à Punch, qui plaisante doucement et a pour toutes choses un sourire moqueur. Ses plaisanteries, assurément, ne sont pas toujours fines et délicates, ni ses traits vifs ; mais, du moins, il a de la verve, de l’humour et conserve un ton de bonne compagnie. En 1849, une série de dessins à la manière de Crafti, au trait, sans ombres et pleins de détails charmants, fut très-remarquée : une foule de personnages étaient mis en scène, donnant le spectacle de la vie anglaise sous toutes ses formes. Tantôt le Punch prend à partie les ivrognes et publie des gravures devenues célèbres, où l’on voit alternativement les buveurs de gin avec leurs maladies, leur pauvreté, leur dégradation honteuse, et, d’un autre côté, les buveurs d’eau pleins de vie, de santé, gais et heureux. Tantôt il se moque des duellistes et montre deux gentlemen, coiffés chacun d’un bonnet de fou, allant sur le terrain et tous deux s’avançant, pâles et défaits, le pistolet au poing. Ou bien il s’amuse des volontaires, qui ont, dans la Grande-Bretagne, le même rôle que les anciens gardes nationaux en France, et trace d’eux de grotesques croquis ; il se divertit fort surtout de leurs exercices d’amateurs pour apprendre le métier de la guerre. Une gravure, par exemple, représente un bataillon de volontaires sur le champ de manoeuvre, contemplant tranquillement, d’une hauteur, des batteries qui sont censées les bombarder. Un officier d’état-major, outré de les voir si calmes, s’avance vivement en interpellant le colonel : ■ Faites donc coucher vos hommes l lui crie-t-il ; ne voyez-vous pas que vous êtes sous le feu plongeant des batteries ennemies ? — Faites excuse, répond le colonel, c’est que mes hommes veulent voir ce qui se passe sur le champ de bataille. »

Les opinions politiques du Punch sont toujours libérales. Comme il l’avait annoncé dans son programme, il est whig, mais whig pacifique, n’aimant pas les révolutions et désirant le progrès lentement réalisé. Ennemi des partis exagérés, il les combat tour à tour ; mais, en revanche, il met tout son esprit au service de ’ ceux qui se consacrent à la gloire de l’Angleterre et trouve de sanglantes épigrammes pour les hommes sans scrupule dont l’ambition se trahit par de rapides volte-face. Ceux-ci, qu’ils soient ministres ou membres du Parlement, sont alors représentés en danseurs de corde, en saltimbanques, etc. Disraeli, en particulier, dont la conduite excite ses sarcasmes, apparaît, dans le Punch, tantôt sous la forme d’un caméléon (1852), tantôt en clown ou en Léotard qui fait semblant de tomber et se redresse prestement sur ses pieds (juin 1868), ou bien en acteur changeant sans cesse de costume et de masque.

Généralement, Punch n’est pas méchant ; ses épigrammes sont acérées, mais sans amertume ; elles sont toutes de surface et n’attaquent en aucune occasion l’individu dans sa vie privée. Le scandale déplaît au tempérament anglais ; Punch essaye de faire rire, mais il ne veut pas faire pleurer. Son bon cœur se manifeste en toute occasion et lui fait même prendre parti contre son pays quand celui-ci ne lui parait pas suivre les règles de la pitié et de la justice. Dans la guerre de l’Inde, par exemple, en 1857, le Punch s’indigna des cruautés de l’année anglaise. Dans une gravure intitulée Justice, il représenta l’Angleterre, selon son habitude, sous les traits d une belle femme coiffée d’un casque et brandissant un sabre dont elle frappait les malheureux Indous ; dans le lointain, on apercevait les insurgés attachés k la gueule des canons. Plus tard encore, malgré sa haine pour les fénians, il ne peut résister au sentiment de commisération que lui inspire l’Irlande et montre la Justice pour l’Irlande comme une femme sourde, aveugle, boiteuse et insensible (1866). Aussi, lorsque Gladstone arriva au pouvoir, plein de dispositions bienveillantes pour cette lie malheureuse, il le représenta déposant l’Église d’/-»» lande comme offrande sur l’autel de la Justice, et non sur l’autel des papistes et des assas PUNC

sins ; comme légende, cette brève menace à l’adresse de ces derniers : • Et si... ! > rappelant le Quos ego de Virgile.

Les mêmes sentiments inspirèrent le Punch lors de la guerre de Chine. Le journal soutint Palmerston dans sa lutte contre lord Derby et Cobden. Ces deux derniers, qui refusaient de s’associer aux justes réclamations de Palmerston contre la Chine, furent dépeints sous les traits d’affreux magots. Palmerston, lui, parut en marin aux bras musculeux, à la poitrine puissante et semblant prêt à les écraser (1857). La même année, Disraeli et lord Derby, unis en cette occasion aux radicaux, n’ayant pas craint de blâmer nussi la politique de Palmerston à l’égard de la Chine, le Punch les mit tous deux en scène, le premier sous la forme d’un homme du peuple, en tenue débraillée, le second ayant sur la tête sa perpétuelle couronne comtale, emblème de son caractère hautain.

Dans la longue lutte parlementaire qui est établie en Angleterre entre le parti libéral et le parti conservateur, lePuncA n’a changé ni de sympathie ni de croyances. Le pouvoir peut passer alternativement des mains d’un whig dans celles d’un tory, M. Disraeli ou M. Gladstone peuvent tour à tour être appelés k composer un ministère choisi d’après leurs idées personnelles et représentant des opinions opposées, le Punch gardera ses boutades gracieuses pour M. Gladstone et ses épigrammes pour M. Disraeli. C’est vraiment un curieux recueil à consulter que ce journal pour étudier l’histoire anglaise, et l’on peut avoir une idée de la mesure, de la décence, de la dignité et aussi de laroideur, du guindé parfois que les enfants d’Albion apportent dans leurs plaisanteries, quand on feuillette ces pages remplies d’humoristiques gravures. On dirait même que le Punch a pitié de ses propres victimes, après les avoir frappées d’un fouet bien léger pourtant. Ainsi, il ne désigne que par des lettres d’abréviation les hommes politiques dont il fait la charge, et un lecteur étranger aurait presque besoin d’une clef pour savoir contre qui le Punch- a aiguisé ses traits. Voici, comme exemple, quelques-unes de ces lettres d’abréviation, avec leur signification en regard :

P — n — h’. Punch.

D — r — y Derby.

D — sr — li Disraeli.

Dizzy Disraeli.

Para.* Palmerston.

N — p — 1 — 11.... Napoléon.

W — e Walpole.

S — y Stanley.

Gl — st — ne Gladstone.

Tantôt le Punch, pour représenter l’alliance franco - anglaise contre la Russie, montre l’impératrice Eugénie caressant le lion anglais, la reine Victoria flattant l’aigle impériale, tandis que, de leur côté, Napoléon III et le prince Albert allument ensemble leurs cigares (1855). Tantôt il imagine de dépeindre irrespectueusement, sous* les traits de trois sorcières, les trois empereurs qui se donnent rendez-vous à Gastein pour machiner quelque intrigue politique (1873). Ici l’on voit Gladstone qui tend à Disraeli un verre, sur lequel est écrit le met réforme, en lui disant : • Là, monsieur Disraeli, prenez cette potion en une fois ; plus vous la regarderez, plus elle vous semblera mauvaise. ■

Ailleurs, quand Disraeli est obligé de s’effacer devant la majorité libérale (1868), Gladstone est représenté sous la forme d’un dieu qui tient k la main des foudres, sur lesquelles on lit le mot majorité et dont il se sert pour frapper son adversaire, qui roule dans le ciel attaché à une roue ; la légende est : Ixion chassé du paradis. Quelques années plus tard (1873), Gladstone est renversé k son tour par le parti Disraeli ; mais il conserve toujours les sympathies du Punch, qui ne manque pas d’occasions de les montrer. Voici un dialogue marquant bien l’esprit du journal satirique anglais. Deux maquignons examinent un cheval sur le marché de Northatnpton ; survient le troisième larrou, le marchand : « L’achetez-vous î fait-il. — Combien ? dit l’un des chalands. — Vingt livres. — Vingt livres 1 un cheval avec une tête bâtie de la sorte I-Eh bien, dites donc, et M. Gladstone, il a donc une tête mieux ficelée ? Et.croyez-vous que je vous le laisserais k vingt livres ? ■

Le libéralisme du Punch n’est pas exclusif à son pays ; il est également large pour les nations étrangères ; la France surtout a ses sympathies et c’est avec un ton affectueux qu’il parle de nous en général. Il ne ménagea pas les épigrammes au gouvernement de Louis-Phiiippe et sut, aussi bien que les journaux de Paris, donner un aspect réjouissant à la tête du roi de la bourgeoisie, symbolisée par une poire. Lorsque éclata la révolution de 1848, le Punch se montra son partisan enthousiaste, représentant les rois et le pape ballottés, sur une mer furieuse, dans des coquilles de noix. Il blâma les rigueurs du gouvernement de Cavaignac et défendit la liberté de la presse dans des gravures où les journaux parisiens étaient dessinés ayant un cadenas k leur porte ; on lisait en guise de légende ; Comment on fait les journaux à Paris. Sa sollicitude et sa sagacité ne furent point mises en défaut ni égarées par les promesses du prince Louis-Napoléon, et, après les élections du 10 décern PUNC

bre, il montra la jeune République préparant son suicide en se précipitant dans un gigantesque chapeau, qui rappelait la coiffure traditionnelle de Napoléon, ler} et sur lequel étaient écrits en abrégé ces mots prophétiques : Nap., emp. Franc.

Après le coup d’Ktat, le Punch garda une attitude assez réservée, puis soutint chaleureusement le gouvernement impérial. Tantôt Napoléon III était sous la forme d’un serpent que la Suisse avait réchauffé dans son sein ; tantôt on le voyait, comme après Sadowa, sous la figure d’un chiffonnier cherchant avec son crochet quelque butin sur les bords du Rhin ; Bismarck te rencontrait en cet état et lui disait :

« Pardon, mon ami, mais nous ne pouvons réellement vous permettre de prendre quoi que ce soit ici. >

À quoi Napoléon III répondait ;

« Faites excuse, m’sieu ; mais ça n’a pas la plus petite conséquence I •

Parfois, le Puuch lui-même engageait un dialogue avec l’empereur ; il lui disait, par exemple, en 1869 : « Une moitié de la France, et c’est l’élite, ne veut plus du gouvernement personnel. Faites la conquête de la France en lui inspirant confiance et vous n’aurez jamais ni un Moscou ni un Waterloo. > On voit que Punch était perspicace en politique et donnait de sages conseils.

Quand Napoléon III eut déclaré la guerre à la Prusse, le Punch manifesta hautement se- ; sentiments d’affection pour la France. Son crayon ne peignit les Allemands que sous des traits hideux, et Guillaume fut représenté vêtu eu chef barbare, comme Attila. La révolution du 4 septembre lui parut juste, nécessaire, et, dans une gravure pleine de mouvement, il montra la France faisant à ses enfants un appel désespéré et criant : «Aux armes, citoyens ; formez vos bataillons 1» Cri héroïque, qui nous avait, en 1792, donné la victoire et qui ne put alors nous épargner la défaite.

Les Allemands partout vainqueurs, la France envahie, Paris assiégé, l’horreur de la lutte..., tout cela fait perdre au Punch ses gais éclats de rire. Il montre trois chiens hideux, exhalant leur fureur par d’horribles hurlements contre la capitale et symbolisant le Feu, YEpée, la Famine. Guillaume, Bismarck et de Moltke sont derrière, regardent et attendent. Paris se rend enfin, épuisé, à bout de forces ; le Punch alors fait voir l’empereur Guillaume entrant dans la ville vaincue, sous le costume du chef gaulois Brennus et lançant à ses ennemis un lamentable : Vx victisl Puis la France est représentée sous les traits de Niobé perdant ses enfants : Metz, Strasbourg, l’Alsace, la Lorraine...

Lorsque la ville de Londres, noble et généreuse, eut envoyé à Paris des convois du vivres après les tristes souffrances du siège, le Punch, tout heureux de cette initiative, offre le dessin d’un Bœuf gras qui amène dans la capitale la Paix en deuil ; sur ses cornes, il porte cette inscription en banderole : Apec les sympathies de l’Angleterre. Vient la Commune ; le Punch la combat avec colère ; et lorsque, vaincus, les insurgés échappés au massacre vont chercher sur Te sol britannique un asite, la feuille satirique les accueille avec défiance, mettant en garde ses compatriotes contre leurs doctrines, les représentant tous indistinctement sous les couleurs les plus odieuses.

Attentif à nos luttes parlementaires, le Punch saisit avec esprit les causes de nos divisions et les personnifie habilement sous des traits toujours justes. Il est k Londres le reflet du Charivari, dont il a les opinions libérales et donne sous une forme anglaise, c’est-k-dire moins vive, moins brillante, les saillies parisiennes. Il soutient M. Thiers, dont le gouvernement relève rapidement la France de ses désastres, et représente cet homme d’État aux prises avec deux spectres dont les mains décharnées essayent de s’emparer de notre pays. L’un est le spectre blanc (la monarchie), avec une couronne pontificale sur la tête ; l’autre est le spectre rouge (la Commune), échevelé, brandissant une torche fumeuse ; la France, femme triste et grave, prend son sauveur entre ses bras. Un autre dessin représente M. Thiers sous la figure d’un alchimiste jetant dans un alambic les métuux qui doivent produire l’emprunt de 3 milliards ; à ses côtés hurle la Commune, tandis que la France, à genoux, suit, palpitante, les détails de l’opération. Les partis qui se querellent kl’Assemblée pour s’arracher le pouvoir ont aussi leur tour, et le crayon du Punch, impitoyable pour eux, stigmatise leur fureur ambitieuse. La Légitimité, l’Orléanisme et l'Impérialisme sont représentés comme des cerbères se disputant une proie ; Thiers et Gauibetla, en lutteurs romains, la tiennent en respect avec un glaive sur lequel est écrit le mot dissolution. Au milieu de tout cela perce une fine moquerie, cet humour aimable qui nniene le sourire. Ainsi, lorsque l’engouement des pèlerinages remplit la France de processions et de voyageurs en quête d’eaux miraculeuses, le Punch imagina de mettre en présence deux pèlerins : 1 un, vieux, voyageant, comme jadis, lu besace sur l’épaule, qui reproche au jeune d’accomplir sa pieuse excursion commodément assis dans un chemin de fer, sans danger, sans obsta-