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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 13, part. 2, Pubi-Rece.djvu/32

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des et n’ayant à offrir à Dieu que des prières, mais point de fatigues.

On le voit, Punch a le sentiment des nuances ; il sait examiner et juger aussi bien chez les autres que dans son propre pays ; il comprend à demi-mot et, au besoin, devine. Ses plaisanteries cachent du bon sens, ses jeux de roots une pensée morale. Son crayon sait garder une réserve délicate, et jamais on ne le voit donner au visage humain une expression honteuse ; il ne le défigure pas ; ses caricatures restent naturelles et n’ont point d’aigreur. Nous devons ajouter qu’aucune signature ne se lit dans le journal, soit au bas des dessins, soit au bas des articles. Cependant la partie littéraire n’est pas a dédaigner. Parmi ses rédacteurs, le Punch a compté, outre Maghew, son fondateur, Horace et Auguste Maghew, frères de ce dernier ; Marc Lemon, qui lui succéda dans la direction du journal ; Albert Smith et Thackeray. Ce dernier a fait paraître dans le Punch ses étonnantes études physiologiques sur les snobs.

Punch e« Judith (Tragical comédy of Punch and Judy), version populaire du thème favori des marionnettes anglaises, publiée par M. Payne-Collier (1828, in-18). Le texte adopté par cet érudit lui a été en grande partie fourni par un vieux joueur de marionnettes italien, nommé Piccini, et dont il a, du reste, confronté le libretto avec ceux de plusieurs autres puppet-pluyers ambulants. Ce drame parait être d’une date assez récente en Angleterre. Le plus ancien texte où M. Payne-Collier ait trouvé la mention des aventures qui en forment la matière appartient aux dernières années du x.viir" siècle (v. polichinelle). M. Mugnin voit, en effet, dans ce drame des allusions récentes ; mais il pense que la tradition sur laquelle il est basé est assez ancienne et que le personnage de Punch y reproduit l’ancien type populaire de Old Vice (Vieux Vice) et se rattache ainsi à tout un ordre d’allusions antérieures. Old Vico finissait toujours par emporter le diable dans les anciennes moralités ; Punch, en arrivant de Paris ou d’Amsterdam à Londres, ne manqua pas de s’approprier cette partie du répertoire de Old Vice, son devancier ; mais il alla beaucoup plus loin, il tua le diable. « Or, tuer le diable, dit M. Magnin, c’est là la gande affaire, le mot suprême, quelque chose de supérieur, comme le duel de Satan et du Péché dan3 Milton ; c’est là aussi le grand exploit de Punch. L’esprit logique de la nation anglaise a bien compris que c’est dans l’étrangeté même de ce dénoûment ultra-fantastique que réside toute la grandeur du drame de Punch and Judy. • M. Payne raconte qu’un joueur de marionnettes ambulant ayant un jour refusé, par scrupules religieux ou autres, de faire tuer le diable par maître Punch, fut hué et maltraité par les spectateurs.

. Cette tragique comédie faisait depuis longtemps les délices de la multitude, lorsque, vers les premières années seulement du xixe siècle, elle commença a piquer la curiosité du monde élégant et subit, en conséquence, diverses retouches et des additions qui lui firent perdre souvent son caractère primitif. Dans une de ces rédactions nouvelles, dont il est rendu compte en 1813, Puuch.après avoir, sous l’empire d’une jalousie frénétique, donné la mort à sa femme et à son fils, est jeté dans les cachots de l’inquisition d’Espagne et parvient à s’ouvrir les portes de sa prison au moyen d’une clef d’or. Attaqué par la Pauvreté, que suivent la Dissipation et la Paresse, il la combat sous la forme qu’elle a prise d’un chien noir et la met en fuite. Il triomphe également de la Maladie, qui l’accoste sournoisement sous le costume d’un médecin. La Mort, à son tour, veut le saisir ; mais il secoue si bien les os desséchés du vieux’squelette, qu’il lui porte enfin à elle-même le « coup mortel. • Dans une autre rédaction, on trouve une conversation originale, entre funch et notre Barbe-Bleue, sur la pluralité des femmes.

PUNCTICULAIBE adj. (pon-kti-ku-lè-redimin. du lat.punctum, point). Pathol. Fièvre puncticulaire, Nom donné au typhus, fièvre maligne qui provoque une éruption de petites taches seinbables à des points.

PUNCT1FOBME adj. (pon-kti-for-me — du lat. punctum, point, et de forme). Hist. nat. Qui a la forme d’un point.

PUNCT11LE s. f. (pon-ktille ; Il mil.dimin. du lat, punctum, point). Chose de peu d’importance : La vie même n’est qu’une conlexture de punctillks et de niaiseries. (M’e de Gournay.) H Vieux mot.

PUNDJAB, présidence de l’Inde anglaise. V. Pendjab.

PUNGITIEs. m. (pon-ji-sî — duhitin.pun^o, je pique). Ichthyol. Syn. de céi’Halacantue.

FUNGO s. m. (pon-go). Manïm. V. pongo.

Pungolo (il) (l’Aiguillon), journal politique quotidien italien, fondé à Milan en 18D3 et qui, après avoir paru à Naples pendant quelque temps, se publie de nouveau à Milan. Son spirituel et caustique rédacteur, M. Léo Fortis, a donné au Pungolo une allure très-vive ; quoique sans nuance politique bien tranchée, il en a fait un instrument quelquefois sérieux, le plus souvent plaisant et toujours humouristique, d’opposition et de critique de tout ce qu’il considère comme des abus.

mit

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Comme la plupart des journaux italiens, le Pungolo ne coûte que 5 centimes ; son tirage est plus considérable que celui d’aucun autre journal de la Péninsule, car il a de beaucoup dépassé 20,000 exemplaires.

PUNI, IE (pu-ni, !) part, passé du v. Punir. Qui a subi, qui subit une punition : L’abus des vérités doit être autant puni que l’introduction du mensonge. (Pasc.) Un coupable puni est un exemple pour la canaille. (La Bruy.) Le crime n’est pas toujours puni dans ce monde ; les fautes le sont toujours. (Chateaub.)

Le plus faible, c’est l’ordre, est puni le premier.

Lamottb.

— Qui éprouve des désagréments par suite de ses actions : Je suis puni de ma trop grande confiance dans cet homme-là. (Acad.)

Être puni par où l’on a péché, Eprouver du dommage, de la peine par le fait même des choses que l’on a désirées et poursuivies : C’est un gourmand qui a de fréquentes indigestions ; il est puni par où il a péché. (AcûiT.)

PUNICA F1DES (Foi punique), c’est-à-dire foi équivoque, mauvaise fot, perfidie ; telle était, chez les Romains, la réputation des Carthaginois. Il faut bien le dire, les Romains étaient à la fois juges et partie, et la perfide Cartfiage ressemble beaucoup à la perfide Albion. Peut-être le mot de foi romaine avait-il chez les Carthaginois le même sens que celui de foi punique chez leurs ennemis. Mais les Carthaginois n’ont pas eu le bonheur d’avoir un Tite-Live. « Ce ne fut que la victoire, dit Montesquieu, qui décida s’il fallait dire la foi romaine ou la foi punique. > Ah ! gi mes confrères savaient peindre I s’écrie le lion de la fable en voyant le tableau qui représente un des siens terrassé par un homme.

« L’esprit mercantile ne pouvait que développer une disposition naturelle à la perfidie, et puisqu’on trompait les dieux eux-mêmes, par la substitution de victimes étrangères aux enfants qu’on promettait d’immoler, comment n’eût-on pas trompé les homine3 ? On sait l’adage punica fides. »

P. de Golbéry.

PUNICÉ, ÉE adj. (pu-ni-sé — du lat. malus punica, grenadier, proprement pommier punique). Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte au grenadier. Syn. de granaté,

— s. f. pi. Famille de plantes dicotylédones, ayant pour type le genre grenadier. Syn.

de QRANATEES.

PUNICINE s. f. (pu-ni-si-ne — du lat. malus punica, grenadier). China. Matière organique, non azotée, acre, cristallisable, extraite de l’écorce du grenadier par M. Righini.

PUNIQUE adj. (pu-ni-ke— lat. puntcus, du gr. phoinix, phénicien). Qui appartient, qui a rapport à Carihage : Médailles Puniques.

— Linguist. Langue punique, Langue que parlaient les Carthaginois : Le phénicien se divise en deux dialectes : le dialecte oriental et le dialecte africain ou puniq.uk. (Renan.)

— Hist. Guerres puniques, Nom donné aux trois guerres des Romains contre Carthage.

— s. m. Langue de la famille- sémitique, parlée par les Curthaginois,

— Ertcycl. Linguist. La langue punique, originaire du pays de Chanaan, appartient à la famille de langues improprement nommée sémitique, car les Chananéehs, au dire de la Bible, descendaient d’un des fils de Chain. Carihage, on le sait, fut fondée par une colonie de Phéniciens qui apportèrent sur les côtes septentrionales de l’Afrique leurs coutumes, leurs mœurs, leur langage et leur religion. La colonie phénicienne ne tarda pas à devenir une république importante, qui parait avoir mieux conservé que la métropole la langue chananéenne. Les Carthaginois étendirent leur domination sur la Sicile, la Sardaigne, une partie de l’Espagne, Malte, etc., et, après des siècles de prospérité, ils soutinrent contre les Romains une lutte longtemps indécise et qui né dura pas moins de cent vingt ans, avant que le jour de la défaite fût arrivé pour eux. L’idiome qu’ils parlaient se rapproche beaucoup plus de l’hébreu que du phénicien, et les philologues modernes, entre autres Munk et M. Renan, le considèrent comme un dialecte hébreu. Cet idiome, encore parlé sur les côtes d’Afrique du temps des Jérôme et des Augustin, s’est éteint depuis plusieurs siècles.

Quoique les Carthaginois ne fussent que des commerçants, ils ont dû certainement avoir une littérature, quia disparu devant les chefs-d’œuvre de la Grèce et de Rome. On cite les ouvrages en langue punique attribués à Hiempsal, roi de Numidie ; le Périple d’Hannon, appendu à Carthage dans le temple de Saturne ; les colonnes vues par Procope et qui rappelaient l’arrivée des Chananéensdans cette partie du monde ; l’inscription punique et grecque que le célèbre Annibal déposa dans le temple de Junon Lacinienue et qui contenait un récit des exploits guerriers de ce vaillant capitaine, et la fameuse inscription de Marseille, le seul monument important dont les fragments assez considérables ont permis de reconnaître le caractère de l’idiome des Carthaginois. Car le Périple

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d’Hannon nous est parvenu traduit dans une autre langue, et Campomanès croit que ce monument précieux a été primitivement écrit en grec. Il faut convenir que ce dernier idiome était connu, parmi les Carthaginois, des hommes d’un rang distingué qui s’adonnaient à des études littéraires ou à des travaux diplomatiques ; mais il est douteux que les marins de Carthage se piquassent d’une grande érudition, et comme c’était pour eux principalement que le Périple était écrit, il avait dû être rédigé, non pas dans un idiome savant, mais dans la langue vulgaire.

Plaute, au commencement du cinquième acte de son Pcenulus (ou le Jeune Carthaginois), donne quelques vers en punique. C’est une invocation que le Carthaginois Hannon adresse aux dieux, afin qu’il leur soit agréable de lui faire retrouver ses deux filles et son neveu, qui ont été enlevés a sa tendresse et vendus par leurs ravisseurs. Voici cette invocation, telle qu’elle se lit dans les éditions de Plaute les plus correctes :

Ythatonim, vualonuth si chorathisima comsyth. Chym. lâchehunyth mumjs tlialmyctibari imisci Lipho canet hyth bymithii ad ssdin bynuthii. Byrnarob syllo homalonin uby mUyrtholio Bythlym molhym noctathii nelechanti daschmachon Yssideie brim iyfel ylh chylya clion, ton, liphul Vlk bynim yadibut Ihinno cuih nu Agorastocles Ythe manet ihy chyrsse lycoch silh naso Ilyuni id chil luhîti gubylim Uisibilh thim Bodyalyt kerayn nyn nuys lym moncolh lusim. Exanoîim volamts succuratim misli atlicum tsse Concubilum a bello cutius (usant lalacant cltona

(enus es Uuiec tilec paneise arthidamascon alem induberte

(fetono bulhume Celtum comucro lueni, ai enim avoso uber bent liyae/i

(Aristoctem Et te te anache nasoctelia elicos alem’as duberter nii

(comps vespiti Aodeanec lictor boites jussum limnincolm.

« Je supplie humblement les dieux et les déesses qui habitent cette ville de couronner par un heureux succès un voyage que j’ai entrepris pour mes plus chers intérêts. Oui, grands dieux t je vous en conjure, faites-moi retrouver ici mes filles et mon neveu ; mes filles, que l’on m’a enlevées, et le fils de mon frère. C’est là que demeurait, autrefois, mon hôte Antidamas ; maintenant, on dit qu’il a fait ce qu’il fallait qu’il fit par la loi imposée à tous les hommes. Mais on assure que son fils Agorastoelès est ici. Je porte avec moi le dieu hospitalier et la marque qui peut attester les droits que j’ai à l’hospitalité. C’est dans ce quartier, selon les renseignements qui m’ont été donnés, que doit être la demeure d’Agorastoelès. Je m’en informerai à ces gens que je vois paraître.

Aux dieux et aux déesses que j’ai invoqués pour m’aider de leurs conseils et me secourir. Afin d’éloigner de ma demeure le chagrin dont j’ai été accablé, lors même que je chantais leurs louanges. Mais ils n’ont pas écouté ma prière ; je suis très-affligé et je perds courage. O mon espoir, viens ici, et quelque épreuve qui me soit réservée, fais que je la supporte, sois ranimé par la vérité de l’oracle et par la réponse du dieu Tau, par les divinations et les présages et les prodiges ; reçois à propos ton accomplissement : relève-toi et prie ; puissent les dieux t’exaucer ; que le cfmgriu s’éloigne d’un père religieux et que je reconnaisse le fils do mon frère Aristoclès. Écoute attentivement cette lamentation, ô Dieu qui fais ma force ; empresse-toi de répondre à la sincérité des vœux que j’élève vers toi, ô mon Dieu, et mes souillures seront effacées. Oui, désormais, je t’honorerai selon toutes mes facultés, j’offrirai un gâteau du plus pur froment à tous les dieux, en chantant leurs louanges. »

Des seize vers de Plaute, les dix premiers sont en carthaginois et les six autres passent pour être composés eu langue libyque ; mais dans ces derniers M. Renan Voit plutôt des vers macaroniques, à la façon de ceux que l’on j tréuve dans quelques comédies de Molière. I Sisenna, dans son Commentaire sur le car-

! tltaginois, s’exprime ainsi : « Le mot halonius

en langue punique veut dire Dieu, et il faut | allonger la syllabe, ainsi que l’exige la ma- ! sure de l’ïambe. • Cela prouve que, dès l’an| cien temps, les grammairiens qui se chargeaient d expliquer Plaute et de donner des [ éditions de ses œuvres ne connaissaient pas . beaucoup les formes de la langue punique, et qu’ils ont du la défigurer étrangement pour

taire, avec un idiome sémitique, des trimèires

du rhythme latin. Que seront devenues ces phrases phéniciennes en passant par la plume des copistes ignorants pendant tant de siècles, lorsque le latin même était si affreusement mutilé par eux ? Cependant, depuis Bochart, qui employa sa profonde érudition à recomposer, à créer des formespuniguei avec les informes débris que lui fournissaient les éditions et les manuscrits de Plaute (Canaan, liv. II, ch. vi), ou a vu, entre autres, Samuel Petit, Bellarmann, Agius de Soldanis, le colonel Wallancey s’évertuer à expliquer les Putiica. Ce dernier a voulu y voir de l’irlandais. Le chanoine Agius de Soldanis, voulant les expliquer par le maltais, le3 a rétablis ainsi dans son Annone Cartaginense (Rama, 1757, in-<°) :

Kyylh Atonim, valonuth lie o rath ùmacon sit Chia le khai itmau mit tliem, mit darba rhkcm,

(iemtci.

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Li fo rcaneth ythbe mit yaà eth u Mni thai. Birua rob syt lohom, Atonim, u bi mesurielhem. Byt lim tnothin gynot otbitte lech ant damarcton. Ys /i delli brim tyfel yth Chili chont em liphul. Vh bini amis diber thim cutnu, Agorastocles. Yt hemma net M chior selli choc sithna. Binna ed hi loha ? Elis ! Gebuhim, la sebithim. Bo ? Din ? Alet rain eniiuyftà uaf tym mon car tu

(sem. U Alonim, ualltmoth : suce u ratim mistiat u cuma

(eua. Conco bi limia belti cuti béant la lacluma en uses, liai ? si lecpo esse athi amascon al emun diber tefelon u butlium. Cellum, corn, ucra luenu, et oni, u ose u barba thy

(ach Aristocle At assena china toctcl elicom alem u duber com «

(essiti. Eod, eanec lictor de dtti assam limn un col es.

Mais les monuments épigraphiques, sagement interprétés, permettent de se faire une idée plus juste de la langue punique. Un grand nombre de médailles et d inscriptions, trouvées à Malte, en Sicile, en Sardaigne. en Provence, en Espagne, sur les côtes barbaresques, enfin dans tous les lieux où les Carthaginois avaient établi des comptoirs, attirèrent l’attention des savants. Hamaker, Movers, Géséoius, Ewald, Quatremèrc, Munk, M. Judas, M. de Saulcy, l’abbé Bourgade, l’abbé Barges et tant d’autres érudits se sont occupés de résoudre ce problème, et par leurs travaux il est acquis à la science que non-seulement le langage des Carthaginois appartient à la famille des langues sémitiques, mais encore qu’il a une affinité toute particulière avec l’hébreu. Cependant, malgré cette affinité, la punique a des formes qui lui sont propres et qui le distinguent des autres idiomes de la famille ; mais les textes que l’on possède ne sont pas assez nombreux pour que ces formes puissent être déterminées avec exactitude. Les mots usuels, les particules, les pronoms, les formes du verbe et les principales flexions du punique appartiennent à l’hébreu pur, quoique souvent les acceptions soient légèrement différentes dans les deux langues ou que des mots rares et poétiques en hébreu soient usuels en punique. Ainsi, pham signifie en hébreu pas, marche, et en carthaginois pied ou jambe, d’où le nom africain Namphamo, l’homme aux bons pieds ; phal, faire, usuel en carthaginois, est poétique en hébreu.

Voici le texte d’uné inscription punique trouvée intacte près de Mâlqa et conservée au musée de Copenhague :

Lâdabath Lthanath otbaal Kâl-âdân LbaalHamàn eschnadar Abd Malkéreth, haschouti, Uen-Barmalkéretk, Den-Hkanâ.

« À la grande déesse Thanath et au Seigneur de tout maître, Baal-Hammon (Jupiter Hàmmonî), s’est voué Abd - Malkarth, schotien ( ?), fils de Balmarkarth, fils de Hannon. >

« L’intérêt que présente cette inscription, dit M. Falbe qui la publiée le premier à la suite de ses Recherches sur l’emplacement de Carthage (Paris, 1833), est en ce qu’on peut la lire sans hésitation et qu’elle sertàéclaircir le sens de tant d’inscriptions déjà publiées, mais interprétées avec peu de succès.» M. Falbe explique au moyen de cette formule l’inscription bilingue de la bibliothèque Mazarine, considérée ajuste titre comme uu des plus importants de tous les monuments puniques et’sur laquelle reposait alors toute la paléographie phénicienne. Nous ne résistons pas un désir de la reproduire ici :

Laadounéni Lmalkéreth Baal Tsour îschnadar Abdhdû abdhôsir vûhd Osirschâthar schné bné Osrschâthâr Ben-Abdhôser /{isc/tmoua Kâlâm ibârbem.

« A notre seigneur Hercule, dieu tutélaire de Tyr, se sont voués tes adorateurs Denis et mon frère Sérap’ion, fils do Denis ; lorsque Hercule entendra leur voix, qu’il les bénisse. ■

Dans la première de ces inscriptions, le mot Abdmalkurth, nom du personnage qui s’est voué aux divinités, est composé de abd, qui signifie serviteur ou adorateur, et de Alalfearth (Mélicerte, Hercule) ; il veut donc dire adorateur ou serviteur d’Hercule. On peut le rapprocher du nom propre Amilcar. De même Barmalkarth paraît être l’homonyme do Bomilcar.

Mais des monuments isolés, n’offrant que les mêmes formules, composées d’un très-petit nombre de mots, ne pouvaient à beaucoup près suffire pour révéler le génie d’une langue peu connue. Dès 1828, Quatremère supposait avec toute vraisemblance « que les Phéniciens et les Carthaginois, qui avaient étendu si loin leur empire et leurs colonies, avaient, à l’instar des autres peuples, fait graver des décrets publics, des traités de paix et d’autres actes importants que leur orgueil national devait s’attacher à transmettre à la postérité. ■ Ce savant orientaliste ne s’était pas trompé. En 1846, on a découvert à Marseille le monument le plus ancien et le plus important de la langue punique ; c’est un rituel gravé sur une pierre ’de Provence, comme une loi officiellement promulguée avec les noms des deux suffètes, magistrats suprêmes de la république de Carthage. M. Renan, dans son Histoire comparée des langues sémitiques, en recule la date au ’delà du vio siècle av. J.-C, époque de l’arrivée des Grecs sur le littoral, de la Gaule. Telle est

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