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vin et de la bière. Deux ou trois autres espèces de l’Amérique septentrionale rendent des services analogues dans les lieux où elles croissent ; aucune cependant, pour la qualité et l’abondance du fruit, no saurait être comparée au framboisier d’Europe ; aussi sont-elles restées dans nos jardins botaniques comme simples plantes de curiosité. Outre le framboisier, on trouve abondamment dans toute la France la ronce commune et la ronce à fruits bleus ; la première dans presque toutes les haies et broussailles qui se trouvent aux alentours des bois ; la seconde plus habituellement dans les terres cultivées, où elitî traîne sur le sol. La ronce commune est de beaucoup la plus grande ; ses vigoureux sarments, garnis d’aiguillons crochus, atteifnent facilement 7 à S mètres de longueur ans une année si elle se trouve sur un sol riche, et personne n’ignore combien elle contribue à la défense des haies, dans lesquelles elle s’enchevêtre. Agés d’un an, ces sarments donnent naissance à des ramifications latérales qui se terminent par des grappes de fleurs roses, auxquelles succèdent ces baies noires si connues sous les noms de murons ou de mûres sauvages et si recherchées des enfants. Malgré leur vulgarité, ces fruits ne sont pas tout à fait sans valeur ; leur saveur douce, légèrement sucrée et acidulée, plaît à beaucoup de personnes et, dans les localités où les autres fruits n’abondent pas, les gens de la campagne ne dédaignent pas de les recueillir et de les manger. On pourrait en faire des conserves en les additionnant de sucre, et peut-être avec plus de profit en tirer des liqueurs alcooliques analogues au kirsch, comme on le fait avec d’autres fruits sucrés. La ronce commune présente un nombre prodigieux de variétés, considérées même par quelques botanistes comme autant d’espèces distinctes, et, parmi ces variétés, il s’en trouve dont les fruits sont plus gros, plus abondants et plus sucrés. Ce sont ces variétés qu’il faudrait tâcher de multiplier.

La ronce à fruits bleus, outre sa taille moindre, se distingue de la race commune par ses fleurs plus grandes et toutes blanches et surtout par ses fruits, dont les grains ou drupes sont beaucoup plus gros que ceux de cette dernière. Leur teinte est différente aussi, ce qu’ils doivent à une efiiorescence cireuse qui les recouvre et les fuit paraître bleuâtres ou gris bleu. Dans les guérets de nos provinces méridionales, où elle est surtout abondante, ses fruits acquièrent un volume double de celui des fruits de la ronce commune, et à leur maturité, qui arrive en août et septembre, ils sont à la. fois plus sucrés et plus acidulés, en somme préférables comme fruits de table. Cette espèce, mieux que la précédente, mériterait d’être assujettie à la. culture et perfectionnée par la voie des semis.

Les ronces de toutes les espèces peuvent se multiplier par leurs graines ; mais on trouve ordinairement plus expéditif de planter des drageons qu’elles émettent autour de leur pied. C’est lo moyen que l’on emploie pour la ronce commune quand on veut l’introduire dans les haies vives. Comme elle est drageonnante, il est bon de la réserver pour les haies reculées aux limites des propriétés et principalement pour celles qui bordent des chemins publics.


RONCER v. a. ou tr. (ron-sé — prend une cédille sous le c devant a et o : Je ronçai ; nous ronçons). Mar. Pousser, faire avancer en glissant dans le sens de la longueur, en parlant d’une pièce de bois.


RONCERAIE s. f. (ron-se-rè). Agric. Terrain où croissent des ronces.


RONCETTE s. f. (ron-sè-te). Ornith. Nom vulgaire du traquet.


RONCEUX, EUSE adj. (ron-seu, eu-ze — rad. ronce). Teehn. Se dit d’un bois qui a des ronces : Acajou ronceux.

— Agric. Plein de ronces : Chemin ronceux.


RONCEVAUX, bourg d’Espagne, province et à 31 kilom. N.-E. de Pampelune, à 1,800 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans une vallée des Pyrénées. Il doit sa célébrité à la défaite de l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne que commandait l’illustre paladin Roland. V. l’article suivant.

Au milieu du bourg s’élève un couvent, vaste bâtiment massif et lourd, semblable à une forteresse, et que domine une église considérée en Espagne comme l’un des plus célèbres sanctuaires de la chrétienté. Le couvent renferme, dit-on, des trophées de la défaite de l’armée de Charlemagne, notamment un gantelet de Roland, ses bottes, deux masses d’armes et les guêtres de soie cramoisie de l’archevêque Turpin. On remarque dans l’église : une image de la Vierge qui attirait jadis des pèlerins de tous les coins de l’Espagne ; un tombeau de marbre, renfermant les cendres de don Sancho le Fort et de son épouse dona Clementia ; quelques reliques diverses ; un beau tableau représentant la Vierge ; quelques effets ayant appartenu à l’archevêque Turpin et un livre à reliure en argent sur lequel les rois de Navarre prêtaient serment à leur avènement.

La chapelle Sancti-Spiritus s’élève, dit-on, au-dessus de la fosse dans laquelle furent inhumés les preux de Charlemagne.


Roncevaux (DÉFAITE DE). En 778, à l’appel des chrétiens qui souffraient du joug des Sarrasins et sur la proposition d’un chef arabe, Soliman Ibn-el-Arabi, wali de Saragosse, qui voulait se rendre indépendant de l’émir de Cordoue, Charlemagne passa en Espagne avec une formidable armée et descendit dans la Vasconie espagnole par la vallée de Roncevaux-L’expédition n’eut point le résultat qu’il en espérait. Les chrétiens n’osèrent se joindre à lui ; les musulmans, au contraire, oubliant leurs dissidences, se soulevèrent contre l’envahisseur. Après avoir pris Pampelune, Charlemagne entreprit sans succès le siège de Saragosse. Ayant reçu sur ces entrefaites la nouvelle d’une rébellion saxonne, il consentit à traiter et à évacuer le pays moyennant une somme considérable, et après avoir reçu des walis de Pampelune, de Saragosse et de Jacca des otages garantissant que ces chefs se reconnaissaient ses vassaux, Charlemagne ordonna alors à son année de rentrer en France et de franchir les Pyrénées par les vallées d’Engui, d’Erro et de Roncevaux. Il franchit sans encombre la gorge d’Hayeta, avec le gros de son armée ; « mais, dit M. Henri Martin, quand l’arrière-garde, qui protégeait les bagages et qui comptait dans ses rangs la fleur des leudes et la plupart des paladins, eut commencé de se déployer le long de l’étroit sentier qui serpente sur le flanc de l’Altabizcar, une avalanche de quartiers de rocs et d’arbres déracinés roula avec un horrible fracas du sommet de la montagne, broyant, écrasant ou entraînant au fond des précipices tout ce qu’elle rencontra. Tout ce qui n’avait pas été balayé par cette effroyable tempête se rejeta en désordre au fond du val de Roncevaux, où les Vascons s’élancèrent après les Francs. Là s’engagea une lutte atroce, implacable, une lutte d’extermination. Ni la discipline des Francs, ni leurs armes redoutables, auxquelles ils avaient dû tant de victoires, ne les sauvèrent à cette heure ; entassés les uns sur les autres dans l’étroite vallée, embarrassés par leurs heaumes, leurs hauberts, leurs pesantes haches et leurs longues lances, ils tombèrent sans pouvoir se défendre ni se venger sous les javelines acérées des Vascons, qui perçaient les cottes de mailles comme si elles eussent été de laine ; leur courage ne leur servit qu’à mourir. » Là pétrirent Eginhard, prévôt de la table royale (ou sénéchal), Anselme, comte du palais, et Roland (Hroudlandus, Rotlandus), commandant de la marche de Bretagne, et bien d’autres. « La nuit vint et la vallée rentra dans un silence qu’interrompaient seulement les plaintes des blessés et le râle des mourants ; l’arrière-garde franque, jusqu’au dernier homme, gisait dans le val et dans les gouffres qui l’environnent. » Cet effroyable massacre, dont Charlemagne ne put tirer vengeance, devint aussitôt fameux et son souvenir passa de génération en génération, grâce à la tradition, à la poésie qui en fit le sujet de chants et de poëmes héroïques, à la légende qui transforma Roland, officier obscur, en un héros, dont les hauts faits, de pure invention, ont passé et passent peut-être encore auprès de bien des gens pour historiques.

Les populations de la montagne répètent encore aujourd’hui le chant d’Altabizcar (Altabizcaren cantua), composé par les bardes vascons du xie siècle, pour perpétuer le souvenir de ce grand désastre de l’armée française.

« Ils viennent, ils viennent ! enfant, compte-les bien. — Un. deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze, treize, quatorze, quinze, seize, dix-sept, dix-huit, dix-neuf, vingt. — Vingt et des milliers d’autres encore. — Mais les rochers en tombant écraseront les troupes ; le sang ruisselle, les débris de chair palpitent. Oh ! combien d’os broyés ! quelle mer de sang !

« ... Ils fuient, ils fuient.... Où est donc la haie de lances ?... Combien sont-ils ? Enfant, compte-les bien. — Vingt, dix-neuf, dix-huit, dix-sept, seize, quinze, quatorze, treize, douze, onze, dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois deux, un ! — C’est fini.......

« La nuit, les aigles viendront manger ces chairs écrasées, et tous ces os blanchiront dans l’éternité ! » V. Roland et chanson de Roland.


Roncevaux (LA BATAILLE DE), pëme du XIIe siècle, du troubadour Turold ou Thouroulde. C’est la composition la plus régulière que l’on ait sur cet événement fameux, dans les fastes de la chevalerie, et en même temps le poëme du moyen âge qui satisfasse le mieux aux conditions de l’épopée. On sait le désordre avec lequel sont écrits la plupart de ces grands romans en vers, destinés à chanter le cycle de Charlemagne ; au rebours, le roman de Thouroulde, divisé en cinq chants, suit une marche méthodique et les faits s’enchaînent, comme dans l’Iliade ou l’Odyssée. La Bataille de Roncevaux est une épopée véritable, écrite avec cette naïveté de couleurs, cette originalité de peintures qui distinguent les poëtes primitifs. L’intérêt est concentré sur les personnages principaux avec une habileté qui, pour nl’avoir pas été calculée chez le vieux chantre, n’en est pas moins grande : Roland, le premier de tous ; Olivier, l’archevêque Turpin, Charlemagne et le traître Ganelon offrent des peintures de caractère douées véritablement de la vie. Les démêlés de Roland et de son beau-père Ganelon, la trahison de celui-ci qui se ligue avec le roi sarrasin Marsiles, renfermé dans Saragosse ; la déroute de Roncevaux. Charlemagne revenant trop tard pour sauver ses pairs, mais assez tôt pour écraser Marsiles et ses Sarrasins ; Ganelon jugé au champ de mai, en France ; le combat de son champion et de celui de Roland, la victoire de ce dernier et le supplice du traître, concourent à remplir suffisamment le large cadre de cette épopée qui va droit au but et ne s’égare dans aucun épisode. La haine de Ganelon contre Roland, dont il veut se venger, et le courage chevaleresque de ce paladin forment les deux ressorts principaux du poëme ; la grande figure de Charlemagne n’est qu’au second plan. Les séductions dont le roi sarrasin entoure Ganelon, envoyé comme ambassadeur à la cour de Saragosse, la manière habile dont il flatte ses rancunes, pour l’amener à livrer l’arrière-garde de l’armée française, sont très-finement décrites ; mais le poëte surtout s’est surpassé dans la description de la bataille elle-même, la déroute des vingt mille dans les défilés de Roncevaux. À la variété de ces peintures, à leur vérité saisissante, on pourrait croire qu’il connaissait et avait étudié certains chants de l’Iliade. Tous les preux tombent les uns après les autres ; Olivier, aveuglé d’un coup d’épée, les yeux pleins de sang, décharge un coup terrible sur Roland. « Sire Olivier, le faites-vous exprès ? Vous ne m’avez défié en nulle guise ! Je suis Roland, votre ami. » Olivier lui répond : « Pardonnez-moi ; je vous reconnais au parler, car je n’y vois plus. — Je n’ai point de mal, je vous pardonne ici et devant Dieu, » répond Roland. Et ils continuent à frapper les Sarrasins. L’archevêque Turpin qui, blessé à mort, donne l’absolution aux combattants et pour pénitence leur enjoint de ne pas lâcher pied, complète ce tableau. Les pressentiments sinistres de Charlemagne, se retirant à petites journées, sont aussi dépeints en vers très-poétiques, et son retour furieux lorsqu’il apprend la trahison, sa victoire et le massacre des ennemis ont fourni à Thouroulde quelques belles pages. Une des plus touchantes raconte, en quelques traits rapides, empreints d’une grâce singulière, la mort de la belle Aude, qui, dans ce poëme, n’est que la fiancée de Roland. Le grand empereur arrive à Aix ; voici venir à lui Aude, la demoiselle, qui dit à Charles : « Où est Roland le capitaine, qui a juré me prendre pour femme ? » Charles alors sent sa douleur s’accroître, ses yeux se remplissent de larmes, il tire sa barbe blanche : « Hélas ! ma sœur, ma chère amie, tu t’informes d’un homme mort ! Mais je saurai t’en faire un bon échange ; écoute, je ne puis mieux te dire, Louis est mon fils, il tiendra ma promesse. » Aude répond : « Ce discours m’est étrange ; à Dieu ne plaise, ni à ses saints ni à ses anges qu’après Roland je reste vive ! » Et, en disant ces mots, elle tombe morte aux pieds de Charlemagne.

Le poème de Thouroulde a suscité entre les érudits de nombreux débats. M. Paulin Pâris a publié, sous le titre de Chanson de Roland, la version française de l’un des manuscrits de Paris ; Génin a publié le texte provençal d’un manuscrit qui se trouve à la bibliothèque d’Oxford, en l’accompagnant d’une traduction en vieux français et d’une savante introduction (1850, in-8°) ; mais en refaisant sa traduction en français moderne, il a rendu au poëme de Thouroulde le titre de Roncevaux, sous lequel il est ordinairement désigné par les érudits. (Histoire littéraire de la France, t. VIII.)


RONCHAMP, bourg et comm. de France (Haute-Saône), cant. de Champagney, arrond. et à 11 kilom. de Lure, sur le chemin de fer de Paris à Mulhouse et au pied des derniers prolongements du ballon de Servance, vers le S. ; pop. aggl., 1,692 hab. — pop. tot., 3,009 hab. Usine métallurgique, verrerie ; exploitation d’un gisement de houille aux environs du bourg.


RONCHONNER v. n. ou intr, (ron-cho-né). Pop. Gronder, murmurer.

RONCIE s. f. (ron-sl). Ane. art milit. Espèce de faux dont on armait les soldats.

KOSCIGLIONE, ville d’Italie, anciens États del’Église, délégation et à 15kilom. S.-S.-E. de Viterbe.sur la rivegauchedu Ricano, près du lac de Vico, à l’entrée de la campagne de Rome ; 4,800 hab. Forges, papeteries. Ruines pittoresques d’un château gothique. Aux environs, chambres sépulcrales’ creusées dans le tuf. A 4 kilom. N. de Ronciglione s’élève le château de Caprarola, chef-d’œuvre de l’architecte Vignoïe. Ce palais, bâti par le cardinal Farnèse, neveu de Paul III, est élevé sur une colline entourée de rochers qui ont permis le déploiement d’une forme variée et théâtrale, dit le savant écrivain J. Du Pays. La forme générale est un pentagone dont le soubassement, flanqué de cinq espèces de bastions, donne à l’ensemble une certaine apparence de forteresse et lui imprime, par un mélange des deux caractères d’architecture civile et militaire, un style imposant de force et de grandeur. Les Zucchari ont décoré les appartements de fresques et d’arabesques, à la gloire des Farnèse. Vignole lui-même y a peint des perspectives. Ce magnifique palais

RONC

est en tous points digne de la réputation dont il jouit.

RONCIN s. m. (ron-sain). Cheval de bât. n Vieux mot.

— Encycl. Certains feudataires devaient à leur seigneur un cheval ou roncin de service : Ce roncin était un cheval commun laissé ordinairement aux paysans. Les Etablissements de saint Louis (ch. cxxxi) parlent de cette redevance et disent que le roncin de service réclamé par le seigneur devait être amené dans les soixante jours avec frein et selle, ferré des quatre pieds. Si le seigneur le refusait comme trop faible, le vassal pouvait lui dire : « Sire, faites-le essayer comme vous devez. » Le seigneur pouvait faire monter le roncin par le plus fort de ses écuyers, portant en croupe une armure ou haubert et une botte de fer et l’envoyer à douze tieues. Si le roncin faisait la course et revenait le lendemain, le seigneur était obligé de le recevoir. Dans le eus contraire, il pouvait le refuser.

RONCINAGC s. m. (ron-si-na-je — rad. roncin.) Féod. Service d’un cheval que le vassal devait à son seigneur.

RONC1NÉ, ÉE adj. (ron-si-né — du lat. runcina, rabot). Bot. Dont les feuilles sont pennatifides, obIongues, à lobes aigus dirigés vers la base.

RONCINELLE s. f. (ron-si-nô-le — dimîn. de ronce). Bot. Genre de rosacées.

RONC1N1ÈRE s. f. (ron-si-niè-re — rad. roncin). Ecurie pleine de mauvais chevaux. Il Vieux mot.

BONCOou B1DENTB, rivière d’Italie. Elle prend sa source en Toscane, dans la province de Florence, près de Corniolo, passe dans les environs de Forli et de Ravenne et va se perdre dans la mer Adriatique, après un cours d’environ 100 kilom.

RONCO, village d’Italie, province et à 25 kilom. S.-E. de Vérone, dans l’ex-royaume Lombard-Vénitien, sur la rive droite da*l’Adige. Le 55 brumaire an V, les Français y jetèrent un pont devenu célèbre sous le nom de pont d’Arcole.

RONCONI (Georges-Alexandre), chanteur italien, né à Venise le 6 décembre ISIS. Il entra de bonne heure au collège militaire de Milan. Mais déjà ses dispositions artistiques s’étaient révélées, tet le compositeur Pacini, qui lui avait donné ses conseils et ses leçons, qui l’avait présenté encore enfant dans les plus brillantes réunions de la ville des lagunes, s’était attaché à détourner les parents de Roncini de leur projet de faire de leur fils un officier. Les parents avaient tenu bon ; mais l’enfant, secondé par sa sœur, continua ses études musicales et parut avec un tel I succès devant la Société philodramatique de Milan, que le père du virtuose, éclairé sur sa vocation, n’arrêta plus son essor. En 1831, à

Eeine âgé de dix-neuf ans, M. Ronconi dénia à Paris dans la Straniera, puis passa de ville en ville, obtenant partout des applaudissements mérités. En 1843, après un engagement au théâtre de la Reine, à Londres, il revint à Paris, se fit entendre dans divers salons et parut de nouveau au Théâtre-Italien, où ses débuts dans Lucia de Lammermoor et dans Maria di Rokan causèrent une immense sensation. 'Il Barbiere, 1 Puritani, Le Cantatricivi liane établirent définitivement Sa réputation parmi la haute société pari-Sienne. Peu après, il créa avec beaucoup de bonheur le rôle de Nabucco, dans l’opéra de ce nom du compositeur Verdi, et se montra successivement dans toutes les pièces du répertoire à côté de Lablache, de Mmes Persiani, Alboni, etc. La saison de 1849 le trouva directeur de la troupe italienne, et, bien que la fameuse muxime^de Beaumarchais : « Il fallait un calculateur, on prit un danseur, ■ se trouvât enfin renversée par ce fait tout naturel, mais qui ne s’était pas produit depuis longtemps, d’un musicien a la tête d’un théâtre de musique, M. Ronconi ne put mener a bien son entreprise, que rendait impossible d’ailleurs la situation politique. Malgré la bonne composition de sa troupe, il dut bientôt abandonner son privilège. Il quitta Paris, où nous l’avons revu dans le Barbier en novembre 1860. Fixé au théâtre de Covent-Garden, à Londres, il y a abordé, entre autres rôles nouveaux, -celui de Papageno, dans la Flûte enchantée de Mozart, en 1865. Parmi les opéras dans lesquels cet excellent chanteur s’est produit avec le plus de succès, nous citerons encore Gemma di Vergi de Donizetti, Lucrèce Borgia, la Cenerentola, Yltaliana in Algeri, la. Gazza ladra, ouvrage dans lequel il a eu à lutter contre le souvenir de Lablache ; le Trovatore et la Sonnambula. Talent mâle et d’une énergie quelquefois triviale, mais capable de produire un grand effet, M. Ronconi brille par la fermeté du style, la largeur du chant, la netteté de l’articulation. C’est un baryton, mais plus près du ténor que de la basse ; sa voix est plein», vibrante, et son excellente méthode a du rapport avec la manière de Duprez, Il se distingua dans le cantabile. Son ieu plein d’intelligence et de volonté a une grande expression, et l’on a pu dire avec raison qu’il rendait aux mots les os et les nerfs dont les chanteurs les privent trop souvent. Admirable dans les rôles dramatiques, il est inimitable dans les rôles bouffes et sait, dans ceux-ci