Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 17, part. 1, A.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

292

ANTI

que de tracer cette surface elle-même sur une sphère ou sur une carte.

Examinons maintenant la disposition des antipodes.

L’ancien continent a son antipode dans l’océan Pacifique ; seule, une petite portion de l’Asie s’inscrit sur l’Amérique du Sud et dans la région australe de l’océan Atlantique. L’antipode du nouveau continent, contournant l’Australie, envahit la mer des Indes. Les antipodes de l’Australie et de la Nouvelle-Guinée s’inscrivent dans le bassin nord de l’océan Atlantique. Ainsi, prises dans leur ensemble, les terres semblent s’être réparties à la surface du globe de manière à n’avoir pas de terres à leurs antipodes.

Dans Beaucoup de régions du globe, les saillies ont le plus souvent des creux pour antipodes, et les cTeux des Baillies. Cette observation s’applique en particulier à l’Afrique. Des antipodes d’Iles coïncident avec les grands coudes de tous les principaux fleuves africains. Ainsi, te grand coude de Kouara, proche Tombouctou, semble déterminé par l’archipel de Viti. Le grand coude du Nil, a sa rencontre avec le Wadi-Melk, est signalé par le groupe de Taïti. Le grand coude du Zambèze, avec la cataracte de Victoria, semble appelé par l’archipel Hawaïen. Enfin, le coude du Congo, au nord de l’équateur, a sa place marquée par le groupe des Iles Jarvts et Brocke. L’antipode de l’Australie tombe précisément au milieu de l’Atlantique, entre l’Afrique et les deux Amériques, et ses contours paraissent guidés par ceux de son bassin. Sa côte nord-ouest est parallèle à.la côte nord-est de l’Amérique du Sud, avec une légère modification cependant au voisinage des petites Antilles, lesquelles semblent lui creuser un golfe. Sa côte occidentale est comme arrêtée par lesBermudes. Le grand golfe du sud s’ouvre en face des bancs de Terre-Neuve. La pointe que forme l’Australie avec la terre de Van-Diémen s’avance dans la direction où s’ouvre l’Atlantique, et le détroit de Bass semble déterminé par la présence des Iles les plus avancées de l’archipel des Açores. Sa côte orientale se bombe dans l’espace laissé libre par les Açores, Madère, les Canaries et les îles du Cap-Vert. Remarquons enfin que les diverses chaînes de montagnes de la grande lie coïncident assez bien avec les vallées de plus grande profondeur de l’Atlantique. Aucun antipode terrestre ne tombe dans l’intérieur de l’Australie, si ce n’est celui de l’écueil appelé les Fausses-Bermudes. La Nouvelle-Zélande a ses antipodes placés en diagonale sur la péninsule ibérique. La moitié à peu près de l’Ile méridionale empiète sur la péninsule ibérique et s’arrête vers le noeud fornfé par la sierra de Avila, la sierra de F ranci» et la sierra de Gredos. Ce nœud se place entre les deux lies, dans la portion occidentale du détroit de Cook. L’antipode de l’Ile du Nord s’étend jusqu’au pied de la sierra Nevada, qui contient les plus hautes montagnes de la péninsule. Sur la sierra Nevada tombe l’antipode de la baie d’Abondance ; à l’E. et au S. s’étendent les deux caps de l’Ile, qui se juxtaposent au Maroc. Près de la Nouvelle-Zélande sont l’Ile Chatam et le groupe d’écueils connu sous le nom de groupe de Bounty ; leurs antipodes tombent en France et ne semblent pas fuir les saillies ; mais aucun autre antipode ne tombe en Europe. L’antipode de 1 lie dite Antipode est dans la Manche, près de Quittebou ; l’antipode de l’Ile Camphell est proche de l’Irlande, vers l’embouchure du Sbannon. Le groupe de Lord-Auckland et le groupe de Macquérie ont leurs antipodes plus loin dans 1 Atlantique. Les antipodes des lies de la Polynésie sont presque tous inscrits dans l’Afrique du Nord et dans l’Arabie ; mais ils évitent les massifs montagneux, l’Atlas, les montagnes de Kong, les montagnes de l’Abyssinie. Ils s’inscrivent dans la grande dépression intermédiaire qui fut une mer à une époque géologique récente, et dans le désert d’Arabie, qui semble le prolongement du Sahara. Dans les régions les plus orientales de l’océan Pacifique, sont quelques lies et quelques récifs qui ont leurs antipodes sur le continent d’Asie. L’Ile de Pâques, l’île Salas-y-Gomez et quelques écueils, forment leurs antipodes dans les lieux bas des bassins de l’Indus et du Gange. L’antipode de la Terre d’Enderby se place sur le lac du Grand-Ours et la vallée du Mackensie. L’antipode des lies Powell tombe sur le cours de l’Aldan, le principal affluent de la Lena. Les antipodes de l’archipel des Nouvelles-Shetland du Sud, de la Terre de Louis-Philippe, de la Terre de Palmer, de la Terre de Graham, tombent tous dans le bassin de la Lena. Les antipodes des terres du pôle antarctique tombent presque tous dans la mer. L’antipode de la Terre Victoria, si on admet qu’elle se prolonge depuis les Iles Bolleny jusqu’aux monts Erebus et Terror, se place entre le Spitzbergetlacôte du Groenland. Les antipodes des monts Ringgold, Reynold et de la baie Peacock viennent entre le Groenland et l’Islande. L’antipode de la Terre Adélie empiète probablement sur le Groenland, mais il s’agit ici d’une portion du Groenland inexplorée et dont la cote est figurée en pointillé sur les cartes. L’antipode des monts Tottens tombe dans le détroit de Davis, et celui de la Terre de Knox dans le eanal Fox.

ANTI

Certaines régions du globe Semblent échapper à la règle précédente. Les antipodes terrestres abondent sur la ligne de la Cordillère des Andes ; les saillies correspondent aux saillies. D’autre part, le bassin sud de l’Atlantique et de la mer des Indes projettent leurs antipodes sur le bassin du Pacifique. Ces régions exceptionnelles se rangent sur lu grand cercle qui partage le globe terrestre

ANTI

en un hémisphère continental et un hémisphère marin. La partie sud-est de l’Asie et les lies de la Malaisie, ainsi que la pointe méridionale de l’Amérique du Sud, s écartent, il est vrai, du cercle de séparation et sembleraient, par conséquent, ne pas devoir trouver de terres a leurs antipodes ; mais on observe que, dans cette superposition d’antipodes terrestres à des terres, les saillies cor La Terre, partagea en un hémisphère marin et un hémisphère continental.

respondent généralement à des dépressions relatives et l’on rentre, jusqu’à un certain point, dans la règle générale.

Ainsi, au nord de l’Amérique du Sud, les antipodes de Java, de Madeira, de Bali, de Lombock, de Sumbawa, se placent au plus profond des bassins de l’Orénoque et de l’Apure. La sierra Paracainia, qui limite au N. le bassin de l’Amazone, n’est recouverte par aucun antipode. L’antipode de Bornéo s’étend sur le Cassiquiare et Sur la large plaine où coulent ie Rio-Negro, le Vapura et l’Amazone réunis par des igarapés. L’antipode de

Célèbes occupe la dépression où coulent côte a côte les affluents de l’Eissequebo et du Rio-Branco ; Célèbes semble écarter ses digitations pour laisser place aux sierras de Tumucucuraque et d’Acarai ; sa digitation la plus méridionale occupe le bassin de l’Amazone. Les lies plus petites, oui pullulent de Java à Gérani et Gilolo, semblent également éviter les lignes de faite. À l’extrémité sud du continent, les saillies paraissent encore rechercher les dépressions ; ainsi, l’antipode de la Terre-de-Keu tombe dans le bassin du lac Balkal et l’antipode des Malouines dans

TABLKAU DE LA SUPERPOSITION DES ANTIPODES.

(Ces antipodes se trouvent, pour la plupart, dans la mer et dans les bassins des prends fleuves. Les surfaces grisées et les noms renversés se rapportent aux antipodes des terres de l’hémisphère marin.)

le bassin de l’Amour. À mesure qu’on s’écarte de l’équateur, il semble que la tendance des antipodes de points culminants à chercher les dépressions ne se manifeste qu’à une plus grande distance du grand cercle de partage ; c’est parce que le niveau marin, en s’abaissant, rend les terres plus vastes et marque moins bien la place des saillies. À une distance d’environ 15° du grand cercle, les antipodes des lies HawaI s’inscrivent dans le sud de l’Afrique. Ils semblent déjà rechercher les dépressions, ils coïncident avec le bassin du lac N’gami et la vallée de t’Omoromba. La Géorgie du Sud a son antipode en partie dans la mer d’Okhotsk. L’archipel nommé terre de Sandwich a pareillement ses antipodes divisés entre la mer d’Okhotsk et la mer de Sibérie. La lnrge surface de l’Amérique du Nord ne reçoit que quatre antipodes : la Terre d’Enderby, la Terre de Kuerguéten, l’Ile Saint-Paul et Vile Amsterdam. Seule, la Terre d’Enderby peut avoir de l’importance par sa grandeur. Elle est plu3 distante du grand cercle que les trois autres terres ; son antipode tombe dans la dépression formée par le lac du Graud-Ours et la vallée du Mackensie. Les trois autres antipodes se dessinent en des lieux situés presque a la même hauteur au-dessus du niveau de la mer, au pied des montagnes Rocheuses.

En résumé, l’étude des antipodes conduit à deux remarques d’une grande généralité :

îo Dans la plupart des régions du globe, les saillies sont antipodales des dépressions, et réciproquement ;

ï« Dans les régions distribuées sur une zone avoisinant le grand cercle qui partage le globe eu un hémisphère marin et un hémisphère continental, les saillies sont antipodales des saillies, les dépressions sont antipodales des dépressions. La zone exceptionnelle intéresse surtout l’Amérique du Sud et la partie S.-E. de l’Asie (ces deux régions sont antipodales et fournissent la majeure

ANTI

partie du total des antipodes terrestres) ; elle n’intéresse qu’à un faible degré l’Afrique et l’Amérique du Nord et cependant y laisse des traces de son action spéciale ; enfin, son long trajet sur l’océan Pacifique a pour antipodes l’océan Atlantique et la mar des Indes.

Il est clair que ces remarques sont purement du domaine de l’empirisme et qu’on ne saurait, sans s’exposer à des mécomptes, les élever au rang ; de vérités absolues ; toutefois, elles paraissent présenter assez d’intérêt pour mériter d’être mentionnées. Elles sont d’ailleurs conformes, dans leur ensemble du moins, à la théorie qui assigne à l’écorce solide de la terre la symétrie tétraédrique.

En effet, dans an tétraèdre ou pyramide triangulaire, à une face est opposé un sommet, c’est-à-dire à une dépression une saillie. Nous exposerons cette théorie à l’article terri :.

ANTIPODES, petit groupe d’Ilots dans l’océan Pacifique, à 700 Kilom. S.-O. des lies Chatham et a 750 kilom. S.-E. de l’extrémité méridionale de la Nouvelle-Zélande, par 490 40’ de lat. S. et 176» Si’ 40" de long. E. La superficie totale est de £7 kilom. carrés. Ce petit groupe est composé de 111e Antipode proprement dite et de six à sept Ilots de 4% h 61 mètres d’élévation qui se groupent autour d’elle à une distance de ïl kilom. environ. L’Ile Antipode a une circonférence de 28 kilom. et une longueur de 7 à 9 kilom. Elle est élevée, accidentée et entourée de falaises à pic qui s’élèvent de 60 a 180 mètres au-dessus du niveau de la mer. L’Ile est de formation volcanique récente ; le sol est tourbeux. La seule végétation qu’on y trouve consiste en un peu d’herbe et quelques broussailles. Lu partie la plus élevée de l’Ile atteint une altitude de 335 mètres environ, tandis que la hauteur moyenne est de 185 à 275 mètres. Au cap S.-O. se trouve une immense grotte de 36 mètres de hauteur. Il est extrêmement difficile et dangereux d’aborder à cette Ile.

(Je petit groupe d’Ilots fut découvert en 1800 par le capitaine Waterhouse ; son nom lui fut donné par des marins anglais à cause de sa position à proximité des antipodes de Grée wich, bien qu’il y ait un écart de près de 225 kilom. vers le N.-O.

ANTIPOINTS s. m. pi. (an-ti-poin — du préf. anti et de point). Géom. Système de quatre points, à savoir : deux foyers réels d’une courbe et les deux foyers imaginaires, points d’intersection des droites imaginaires qui passent par les foyers réels et le3 points circulaires à l’infini. Les portions de droites qui joignent les deux foyers réels d’une part et les deux foyers imaginaires de l’autre sont rectangulaires et se coupent mutuellement en parties égales.

Aml-Prn.sle.il (l’), journal politique, d’abord quotidien, puis tri-hebdomadaire, publié à Paris depuis le mois de juillet 1883. Cette petite feuille k cinq centimes obtint lors de son apparition un assez vif succès. Son titre nous dispense d’entrer dans de longs détails sur le but que poursuivaient ses fondateurs. Exclusivement dirigé contre l’Allemagne, ce petit journal s’était donné pour mission de pourchasser les Allemands en résidence à Paris. M. de Bismarck, qui savait parfaitement à quoi s’en tenir sur l’influence, en somme, assez mince, dont pouvait disposer cette feuille, qui ne franchissait guère les portes de la capitale, M. de Bismarck, disonsnous, fit plusieurs fois semblant de croire que la rédaction de l’Anti - Prussien jouissait, dans les régions du pouvoir, d’une certaine influence. Plusieurs fois, et particulièrement quand il lui fallait demander des subsides au Reichstag pour accroître ses effectifs, le chancelier ne dédaigna pas de faire allusion à cette presse qui ne rêvait que revanche et qui, chaque jour, réveillait la haine aux cœurs des Français. L’AntùPrussien a joué un certain rôle au mois de septembre 1883 dans la manifestation qui accueillit, à la gare du Nord, le roi d’Espagne dou Alphonse k bod retour d’Allemagne. On sait que ce prince fut reçu, le 29 septembre, k Paris, par une bordée de sifflets, qui visaient moins le monarque espagnol que le colonel de uhlans. Or, l’Anti - Prussien s’était fait remarquer parmi les feuilles, assez rares du reste, qui avaient conseillé de faire au roi Alphonse une réception particulière. On criait l Anti-Prussien aux abords de la gare du Nord et sur le passage du roi d’Espagne, qui n’était plus pour les curieux que • le colonel de uhlans ». Dans les pourparlers diplomatiques qui suivirent cet incident, on ne fit comprendre que très difficilement au roi d’Espagne que les journaux qui avaient provoqué cette manifestation, et notamment iAnti-Prussien, ne pouvaient être poursuivis que sur la demande du gouvernement espagnol, et qu’en tout cas ils ne pouvaient être supprimés. Le 3 avril 1886, ce journal abandonna son titre pour paraître sous celui de la Défense nationale.

ANTIPYRÈSE s. f. (an-ti-pi-rè-ze — du gr. anti, contre ; pur, feu). Méd. Médication pour combattre l’élévation de la température du corps dans les maladies infectieuses, la phtisie et toutes les maladies qui s’accompagnent de fièvre.

ANTIPYRINB s. f. (an-ti-pi-ri-ne — du gr. anti, contre ; pur, feu, fièvre). Chim. Basa dérivée de la quinizine, employée comme antipyrétique et fébrifuge.