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effet, et il n’est pasf an seu’I argumentateur dui puisse résister à : Catherine. Maïs un adversaire redoutable s-’avance : c’est un vieux docteur, dont le visage pâle et le dos voûté ramènent l’espéfanee dans le cœur des vaincus. Tous les regards se portent sar le nouvel arrivant, qui n’est autre que le diable, venu exprès pour contrecarrer les desseins de Dieu. 11 approche à pas lents, avec d’imiwm^es lunettes sur le nez, témoignage irrécusable de sa grande capacité ; il balaye la salle avec une longue robe noire, qui ne peut pourtant dissimuler entièrement la queue énorme qu’il traîne après lui. Tout le monde le reconnaît a ce signe, et l’assemblée attend avec autant d’impatience que de crainte l’issue d’un combat redoutable pour sainte Catherine. Le Malin s’avance ; on lui présente la thèse, qui roule sur l’immortalité de l’Ame. Il sonde d abord le terrain par des arguments captieux, et finit par nier formellement que l’fime soit immortelle. Catherine le laisse longtemps dérouler ses preuves, puis elle le terrasse par le raisonnement suivant : « Orphée est descendu aux enfers : ergo, l’âme est immortelle. » Le diable est confondu, il s’en va au milieu des huées, tandis que Catherine triomphe et est nommée professeur de théologie a l’université. La pièce se termine par un ballet général des citoyens et des citoyennes d’Alcala,

Catherine du mont Sinoï (ORDRE BESaiNTB-). Le martyre de sainte Catherine eut lieu à Alexandrie, et, d’après la tradition, les anges enlevèrent le corps de la sainte et l’ensevelirent sur le mont Sinaï. Vers l’an 1067, sous l’influence des idées que les croisades avaient développées, plusieurs princes Chrétiens créèrent, sur le modèle de l’ordre du Saint-Sépulcre, un ordre militaire qui prit le titre de Sainte-Catherine du montSinat. Les chevaliers suivaient la règle de Saint-Basile, et avaient pour mission de veiller sur le tombeau de la sainte et de protéger les pèlerins qui venaient adorer ses reliques. Lors de la conquête de l’empire d’Orient par les mahométans, cet ordre disparut. La décoration, qui se portait sur le manteatr, consistait en une épée passant par une branche d’épines brodée en rouge.


CATHERINE DE BOLOGNE (sainte), religieuse italienne, née à Bologne en 1413, morte en 1463. Elle était dame d’honneur de Marguerite d’Esté, lorsqu’elle quitta la cour de Ferrare pour embrasser la vie religieuse et devint abbesse des clairistes de Bologne, Elle eut des extases et des visions, comme sainte Catherine de Sienne. Béatifiée par Clément VII, elle fut canonisée par Benott XIII, en 1723. Le plus connu de ses écrits est le livre des Sept armes spirituelles contre les ennemis de l’âme. Elle est honorée le 9 mars.

— Iconogr. Une estampe de R. Sadeler, publiée à Venise en 1598, représente cette sainte en costume de elairiste, assise sur un trône, tenant un livre et un crucifix et ayant sur la tête une couronne de reine.


CATHERINE DE GÊNES (sainte), née en 1448, morte en 1510. Elle était de l’ilinstre famille de Fiesque. Veuve du comte Adorno, elle embrassa la vie religieuse et s’illustra par ses vertus, ses austérités et son dévouement héroïque pendant une peste qui désola l’Italie. Elle a laissé divers ouvrages ascétiques, entre autres un Traité du purgatoire et un Dialogue entre l’âme et le corps, qui sont célèbres parmi les écrits de ce genre. Elle fut canonisée en 1737 par Clément XII, et l’Église célèbre sa fête le 14 septembre.


CATHERINE DE RICCI (sainte), née à Florence en 1619, morte en 1590, au monastère de Prat en Toscane. Elle était issue d’une famille noble, A l’âge de treize ans, elle entra dans le monastère de Prat, de l’ordre de Saint-Dominique et y passa sa vie, se livrant à des mortifications de tout genre. Elle eut des visions, des extases, et l’on préfend même qu’elle reçut le don de prophétie. Canonisée, en 1746^ par Benoît XIV, elle est honorée le 13 février.


CATHERINE DE SIENNE (sainte), née dans cette ville en 1347, d’un teinturier appelé Benincasa, morte à Rome le 28 avril 1380. Elle fit de bonne heure vœu de virginité, et tout ce que ses parents et ses sœurs tentèrent pour la détourner de sa résolution ne parvint pas à l’ébranler. Toutefois, le soin que sa famille avait mis à lui inspirer le goût des plaisirs du monde ne fut pas sans produire quelque effet sur son imagination. Étant entrée, à dix-huit ans, dans un couvent du tiers ordre de Saint-Dominique, elle y fut, trois ans durant, tourmentée par des tentations déshonnêtes. Elle parvint enfin à les surmonter, et s’adonna dès lors tout entière à l’œuvre de son salut. Elle joua cependant un certain rôle politique. Par ses instances réitérées, elle parvint a ramener le pape d’Avignon à Rome et a réconcilier les Florentins avec le saint-siége. Ces succès éclatants lui suscitèrent des envieux ; des docteurs voulurent l’embarrasser par des questions captieuses, mais elle les confondit par la sagesse et la modération de ses xêponses. Elle continua jusqu’à sa mort a travailler a la pacification de l’Église désolée par le schisme. La tradition lui attribue, de nombreux miracles et surtout des visions, dont l’abbé Fleury donne une explication plus sensée qu« pieuse ; « Je ne doute pas, dit-il, qu’elle ne crût de bonne foi tout ce qu’elle racontait ; mais une imagination vive, échauf CATH

fée par les jeûnes et les veilles, pouvait y avoir grande part, d’autant plus qu aucune occupation extérieure ne la détournait de ces pensées. » L’une de ces visions est restée fameuse, et nous ne pouvons nous dispenser de la rapporter ici. Comme la sainte était en prières dans sa cellule, Jésus-Christ lui apparut, tenant un anneau qu’il lui mit au doigt en disant : • Moi, ton créateur et ton sauveur, je te fats mon épouse dans la foi, que tu conserveras pure. « La vision disparue, l’anneau resta au doigt de Catherine, mais visible pour elle seulement. Telle est la légende conservée par l’es dominicains et représentée par plusieurs artistes. Toutefois, certains auteurs appliquent cette légende, avec d’autres détails, k sainte Catherine d’Alexandrie, et beaucoup de peintres ont suivi cette dernière tradition.

La vie de sainte Catherine de Sienne a été écrite par le P. Thomas délia Fonte, et traduite en latin par Raymond des Vignes, général des dominicains, confesseur de Catherine. Elle fut canonisée par Pie II, en 1461, et sa fête se célèbre le 30 avril. Sainte Catherine a écrit ou dicté un Traité de la perfection ; près de quatre cents Lettres, qui ont été traduites en français (Paris, 1644) ; vingt-six discours ou oraisons, un dialogue entre elle et le Père éternel. Ses œuvres complètes ont été publiées à Sienne et à Lucques (1707-1713, 4 vol. iu-4°). Son style est d’une grande pureté, et elle est mise au nombre des auteurs classiques italiens.

— Iconogr. La légende de sainte Catherine de Sienne est une des plus piquantes qu’ait inventées l’imagination féconde des hagiographes italiens, une des plus naïves qu ait acceptées la crédulité des peuples méridionaux. On peut en juger par un recueil de douze estampes in-fol., gravées par P. de Jode, d’après Francesco Vanni, artiste siennois, et éditées en 1597 par Matteo Fiorini, sous ce titre : Vita, mors, gesta et miracula quœdam selecta B. Catherinœ Senensis, authoribus B. fîaimttndo Capuano, dominicani ordinis magistro générali et B.-Th. Thoma Nacaio provinciale Bomano, qui diversis temporibus Virginis confessionein audierunt, etc. La première planche de ce recueil représente le portrait authentique (vera effigies) de la sainte, gravé sans doute d’après le tableau original d’Andréa di Vanni, que l’on conserve dans l’église Saint-Dominique, h. Sienne : Catherine est vue à mi-corps, en costume de religieuse, la tête

Ïienchee, le visage d’une maigreur ascétique, es mains marquées des sacrés stigmates et tenant un crucifix. Autour de ce portrait, sont groupés ceux des divers personnages qui ont connu ta sainte ou se sont occupés de sa vie ; le B. Raymond et le B. Thomas Nacci, domi-I nicains, ses confesseurs ; le pape Pie II, le j chancelier Gerson (Joanne Gersone, cancellario I Parisiensi}, eUi. Les onze autres estampes renferment chacune trois épisodes distincts de la vie de sainte Catherine ; en touttrente-trois compositions d’un dessin très-élégant : l° La sainte, âgée de cinq ans, est transportée par les anfes vers une niche où est placée une statue e la Madone ; 20 A l’âge de six ans, comme elle se promené avec son petit frère, elle aperçoit, sur le faite de l’église de Saint-Dominique, le Christ couronné d’une tiare et ayant auprès de lui saint Pierre, saint Paul et saint Jean l’Evangéliste ; 3» Une autre fois, tandis qu’elle est en oraison, son père voit une colombe planer sur sa tête -f qua guident re commotus, facultatem orandi Deùque serviendi, quant filiœ primum ademerat^ eidem reddidit. Il parait que ce brave teinturier siennois n’était pas très-catholique et qu’il avait grand besoin d’un miracle pour se convertir ; 40 Catherine, toujours très-jeune, s’oublie à prier dans une grotte voisine de Sienne : elle est rapportée en ville par un nuage complaisant ; 5° Elle voit en’songe plusieurs chefs d’ordres religieux qui cherchent à l’attirer à eux ; elle ne se laisse toucher que par saint Dominique, qui lui donne l’habit de dominicaine ; 6° Pendant qu’elle prie, les démons viennent la tenter par toutes sortes de prodiges et d’images obsènes ; 70 Elle se marié avec le Christ, en présence de la Vierge, de saint Paul, de saint Jean, de saint Dominique, du roi David, jouant de la harpe, etc. ; S° Le Christ a}’ant pris la figure d’un pauvre pour lui demander l’aumône, elle ne trouve rien de plus simple que de lui donner sa robe (il faudrait conclure qu’à cette époque, les costumes d’un sexe pouvaient convenir a l’autre) ; 9° Un jour qu’elle est occupée chez ses parents a tourner la broche (inter culinaria opéra carnibus assandis forte occupata), elle est ravie en extase et finit par tomber dans le feu, mais il va sans dire qu’elle ne se brûle pas ; 10° Son confesseur Raymond lui donne a communier ; mais au lieu de rester caché sous l’espèce du pain, le Christ prend la figure d’un bambino microscopique tenant une croix (fulfentis puerait forma...) ; Il» Nouvelle extase, mais cette fois au couvent : Catherine, enlevée de terre, est initiée aux mystères divins et tient avec le Christ, son époux, des conversations d’une douceur et d’une profondeur infinies, que recueillent en toute diligence de vertueux prêtres, amis et compagnons de la jeune viel-ge (pii sacerdotes, virginis familiares ac socivj ; IZ» Elle va trouver à Avignon le pape Grégoire XI et elle lui persuade de reporter le saint-siége à Rome ; 13» Elle rend à la santé un enfant près d’expirer ; 14" Elle guérit une

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prostituée atteinte d’une maladie honteuse (fœdoapostemateseutcancrolaborantem)} 15° Le Christ, son époux, lui apparaît, l’embrasse et lui présente son flanc ouvert pour qu’elle s’y désaltère (virginem complétais labia aperlo laieri suo amabiliier admovet...) ; M» Le Christ lui retire le vieux cœur qu’elle a dans la poitrine et lui en remet un neuf (diuellit ab ejus pectore cor vêtus nowmque restituit) ; 17» Le Christ lui offre deux couronnes, une d’or, une d’épines ; elle choisit celle-ci ; il lui donne les deux ; 18» Justement affligée de songer que sa mère était morte dans l’impénitence, elle la ressuscite pour lui donner le loisir de se repentir ; 19» Elle rend visite aux reliques de la bienheureuse Agnès de Montepuleiano, religieuse dominicaine, morte depuis longtemps déjà ; pour faire honneur a la visiteuse, Agnès ne trouve rien de mieux que de remuer un pied et de l’élever vers Catherine (a virgine pedem élevante mirabititer honoratur)l... Le légendaire ajoute : tOa conserve encore dans un petit vase une partie de la manne qui tomba du ciel à ce moment et couvrit les deux saintes. »Qu’est devenue cette précieuse relique ? ... 200 Catherine guérit une femme à demi écrasée par la chute d’un édifice ; 21° Elle accompagne en esprit deux brigands au supplice et obtient de son divin époux qu’il leur apparaisse et les encourage a bien mourir ; 22° Elle guérit une possédée ; 23<> Après avoir communié, elle tombe en extase, selon sa coutume (de more in extasim rapta), et reçoit les stigmates ; 24» Elle réconcilie les Florentins avec Grégoire XI ; 25° Le B. Raymond étant un peu trop lent & dire sa messe, le Christ descend du ciel, prend un morceau de l’hostie et le donne a son épouse affamée (sponsœ esurienti) j 26<> Catherine décide Nicolas de Pérouse a se convertir, au moment où il va avoir la tête tranchée par le bourreau ; 27° Elle est couchée et gravement malade ; elle en profite pour faire à son confesseur Raymond des révélation^ surnaturelles que celui-ci a l’audace de n’accepter qu’avec réserve ; elle prend alors la figure d’un homme barbu et répond à Raymond, qui lui demande avec effroi à qui il a affaire : « Je suis celui qui est. » 28» Les Romains se révoltent contre le pape ; Catherine s’offre à Dieu comme victime expiatoire. Le Christ lui prend alors le cœur, le presse comme une éponge au-dessus de la cité rebelle et se calme, après en.avoir exprimé le sang le plus pur (Christus purissimo sanguine e corde virginis expresse Itomam adspergensjustissimumfuroremponit) ; 29° Par ses mérites et par ses prières, elle aide le pape Urbain VI à reconquérir le fort Saint-Ange ; 30° En un temps de disette, la Vierge Marie vient trouver Catherine, et, aidée par deux anges, fait avec de la farine gâtée du pain excellent que la sainte distribue aux pauvres ; 31° Catherine meurt ; 32° et33<> Une pieuse veuve de Sienne et Th. Penna, protonotaire apostolique, voient la sainte enlevée au ciel par des anges et reçue dans l’empyrée par le Christ et par Marie.

Afin qu’on ne puisse pas croùre que nous avions exagéré a plaisir les bizarreries de cette légende, nous avons cité, pour les passages les plus délicats, le texte même de l’hagiographe latin. Les trentre-trois compositions, avec le frontispice que nous venons de décrire, ont été gravées en 34 planches petit in-4», par Cornelis Galle et publiées à Anvers par J. Boel, en 1628, sous le titre de : B. Catharinœ Senensis virginis SS. ordinis prœdicaiorum Mita ac miracula selecliora, etc. M. Charles Le Blanc mentionne un autre recueil, comprenant également 34 planches, édité, en 1603, par Philippe Galle. — Une grande estampe, publiée à Rome en 1601, par Dionysius de Cavaleriis, représente le portrait en pied de la sainte entouré de treize petites scènes où sont reproduits dix des sujets traités dans les compositions précédemment décrites (n°s 2, 3,4,5,6,7, 12, 15, 23, 25) ; voici les sujets des trois autres scènes.* Catherine donne à un pauvre une croix d’argent, le seul objet qu’elle ait en sa possession : la Vierge Marie lui apparaît et lui permet de boire à la mamelle qui a nourri l’Enfant Jésus ; après sa mort, la sainte est portée dans l’église de Saint-Dominique, où elle opère de nombreux miracles. Cette église, une des plus remarquables de Sienne, renferme plusieurs belles peintures consacrées à sainte Catherine, entre autres : ('Extase, un Miracle et l’Evanouissement de la sainte, par le Sodoma, chefs-d’œuvre d’un sentiment raphaélesque ; le portrait déjà cité, par Andréa di Vanni, artiste du xive siècle : Sainte Catherine recevant la communion des mains du Christ, tableau de Fr. Brizzio, gravé parTraballesi, etc. L’oratoire, construit h Sienne sur l’emplacement de la maison où naquit sainte Catherine et de la boutique de teinturier de son père, est orné de fresques exécutées par le Pacchiaroto et représentant divers épisodes de la vie de la sainte, notamment son Pèlerinage au tombeau de sainte Agnès de Montepulciano. On voit dans ce même oratoire une peinture de Veutura Salimbeni, dont le sujet est : Sainte Catherine persécutée par les Florentins et une Sainte Catherine recevant les stigmates, du Sodoma. Un tableau d’Alexandre Tiarini, qui est à la pinacothèque de Bologne, nous fait voir la sainte en extase, assistée par deux anges ; elle tend les bras vers un crucifix posé sur une table d’autel^t qui représente le Christ en chair et comme vivant, quoique de petite dimension. Nous retrouvons

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encore Y Extase ou V Evanouissement mystique de sainte Catherine dans un tableau q*e- Tier polo, du musée de Vienne ; dans un© composition de Francesco Vanni y eraivèe. par Th. Thomas ; dans une estampe d’Albartî$5 ?4), etc. Un tableau de l’école italienne de la fin du xve siècle, appartenant au musée Napoléon III, représente la sainte agenouillée (levant un crucifix qui s’incline pour lui parler. Elle figure avec saint François d’Assise et présente des pénitents à la Vierge, sur une grande bannière, du même musée, peinte par Niccolo Alunno» Pietro Sorri a peint Sainte Catherine délivrant une possédée, le Christ prenant le canir de sainte Catherine et la Canonisation de sainte Catherine. Une peinture sur bois, du musée Napoléon III. exécutée par un anonyme italien du xvc siècle, représente la Mort de sainte Catherine ; la sainte est étendue sur un lit qu’entourent plusieurs personnages éplerés ; son âme, sous la forme

d’une petite figure environnée d’une auréole, monte au ciel. Quant au Mariage mystique de sainte Catherine de Sienne, il a été retracé conformément à la légende, par Sallaerts, dans une grande composition gravée par P, de Bailliu (cette pièce, assez rare, se voit au cabinet des estampes, à la Bibliothèque impériale) ; la sainte est agenouillée devant le Christ assis sur les nuages avec la Vierge, les anges, saint Paul, saint Jean l’Evangéliste, saint Dominique, le roi David, qui joue de la harpe, etc. Quelques artistes, confondant laiégendo de sainte Catherine de Sienne avec celle de sainte Catherine d’Alexandrie, ont représenté la première de ces saintes s’unissant mystiquement avec l’Enfant Jésus, au lieu d’épouser le Christ devenu homme ; cette erreur a été commise par Fra Bartolommeo.

— D’ordinaire, lorsque les artistes représentent sainte Catherine de Sienne isolément, ils nous la montrent en costume de dominicaine, le front ceint d’une couronne d’épines, les mains décorées des stigmates et tenant un crucifix, le visage amaigri, les yeux noyés dans 1 extase. Elle a été figurée à peu près ainsi par Ghirlandajo (volet d’un triptyque, au musée de Munich) ; par Annibu) Carrache (gravé par Bartsch) ; par Fra Bartolommeo et le Sodoma (tableaux de l’Institut des beaux-arts, à Sienne) ; par N. Buain, d’après Elisabeth Sirani ; par Théodore von Merlen (1651) ; par Luca Bertelli, d’après Fr. Vanni ; par Jean Boulanger ; par T. Lobeck, d’après Baumgartner ; par F. Jollain ; par Collaert, d’après N. de Vos ; par P. de Bailliu, d’après Diepenbeek ; par Sadeler ; par Bolswert, etc.

Calberine de Sienne (LEMaRIAGB DE SAINTE), tableau de Fra Bartolommeo, au Louvre. La madone est assise sur un trône placé dans une vaste niche, dont les rideaux sont relevés par ’ trois charmants petits anges ; elle tient, de la main gauche, un livre fermé et appuie la main droite sur le front du divin Bambino, debout devant elle. Celui-ci présente l’anneau des fiançailles mystiques à sainte Catherine, vêtue du costume des dominicaines, agenouillée à gauche, au pied du

trône, et dont on ne voit que le profil perdu. Huit saints assistent à la cérémonie : a gauche, saint Pierre et deux saints martyrs tenant des palmes à la main ; à droite, suint Barthélémy, saint Vincent, une jeune et jolie sainte qui n’est désignée par aucun attribut, et, tout à fait au fond, derrière la Vierge, saint Dominique et saint François d’Assise, qui s’embrassent. 1 On retrouve dans ce tableau, dit M. Paul Mantz, cette symétrie savante et libre, ce balancement des groupes, cette ampleur dans les draperies, cette recherche du type généralisé et aussi, mais dans certaines parties seulement, cette richesse de coloration qui sont les caractères principaux du peintre dominicain. La grandeur sereine des attitudes et le bon goût du dessin montrent à quel point le Frate avait été touché du génie de Raphaël, ou plutôt quelle étroite parenté les unissait dans la recherche de l’idéal ; mais, dois-je le dire ? la partie faible dans ce tableau, si puissant d’ailleurs, c’est l’émotion. Comparé à une œuvre d’André del Sarto, le Mariage de sainte Catherine paraîtrait froid. Faut-il croire que le cœur était demeuré moins ardent chez le moine enfermé dans son cloître silencieux, et qu’il avait au contraire gardé la poésie et le don des larmes chez le grand artiste qui, mêlé aux agitations du inonde, savait, pour les avoir éprouvées, toutes les tristesses de la vie ? » M. Viardot, de son côté, comparant le tableau de Fra Bartolommeo à celui que le Corrége a fait sur le même sujet, s’est exprimé ainsi : « Pour rester chrétien, le Frate reste austère ; pour se faire gracieux, Corrége se fait presque païen. Dans l’un, l’action est grave et solennelle ; c’est bien l’union mystique. Dans l’autre, tout sourit, tout émeut, tout charme ; c’est vraiment l’amour. » Un ancien catalogue des ouvrages de Fra Bartolommeo, rédigé par le syndic du couvent de San-Marco et qui a été publié par le P.Marchese, nous fournit, au sujet du Mariage de sainte Catherine, les indications suivantes : « Item, un tableau de quatre brasses et demie environ de hauteur (la hauteur exacte est de 2 m. 57 sur 2 m. 28 de large), où sont représentés la Vierge, sainte Catherine de Sienne et beaucoup d’autres saints. La seigneurie de Florence en fit présent à un ambassadeur français appelé monseigneur de Otton (sic)..., évêque de..., au mois d’avril