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frir des incursions des Français, et essayèrent vainement d’entamer le Canada.

La guerre de la reine Anne (1702-1713) eut pour résultat la prise de l’Acadie aux Français et sa réunion à l’empire Britannique, sous le nom de Nouvelle-Écosse.

Pendant la guerre du roi George (1744-1748), la ville de Louisbourg, la principale place forte des Français en Amérique, fut emportée, le 28 juin 1745, par les troupes de la Nouvelle-Angleterre, commandées par William Pepperell, riche commerçant du Maine. Cette guerre fut terminée par le traité d’Aix-la-Chapelle (18 octobre 1748), qui rendit Louisbourg aux Français, à la grande mortification des colons.

En 1749, le gouvernement de la Virginie concéda, par l’ordre de la métropole, à la compagnie de l’Ohio, 500, 000 acres de terre situés entre le Monongohela et le Kanawha et sur l’Ohio, dans une région dont la France réclamait à juste titre la propriété. Aussi les Français s’opposèrent-ils aux établissements tentés par les concessionnaires. Les autorités virginiennes, relevant la querelle, chargèrent George Washington, qui n’avait encore que 22 ans, mais qui, pendant trois ans, avait rempli les fonctions d’adjudant général du district septentrional de la Virginie, d’aller porter leurs plaintes et leurs remontrances au chef des établissements français sur l’Ohio. Washington accomplit sa mission avec autant de courage que de jugement, et son rapport décida la Virginie à soutenir ses prétentions par les armes.

C’est alors (1754) que commença cette longue série d’hostilités connue, en Amérique et en France, sous le nom de guerre indienne.

À l’arrivée du général Braddock, envoyé d’Angleterre comme commandant en chef des troupes royales (printemps de 1755), quatre expéditions furent simultanément organisées contre les Français. Toutes quatre échouèrent, par suite de l’incapacité des généraux anglais ; celle que dirigeait Braddock contre le fort Duquesne, et à laquelle Washington prit part en qualité de colonel, se termina par un véritable désastre. Pendant les deux campagnes qui suivirent (1756-1757), l’énergie et les talents du marquis de Montcalm, commandant en chef du Canada, donnèrent aux armes françaises une supériorité marquée. En 1758, 50, 000 Anglais ouvrirent la campagne. Les forts Louisbourg, Frontenac et Duquesne tombèrent entre leurs mains. Ces avantages furent balancés par la défaite subie à Ticonderoga par les généraux Abercrombie et lord Hove ; Montcalm les battit avec des forces quatre fois inférieures en nombre. L’exploit culminant de la campagne et de la guerre fut la prise de Québec par l’armée du général Wolfe, après la sanglante bataille d’Abraham (13 septembre 1758), dans laquelle périrent Wolfe et Montcalm. Cet événement termina virtuellement la guerre en Amérique ; mais on continua à se battre en Europe et sur l’Océan, jusqu’au traité de Paris (1763), traité si désastreux pour la France, et qui donna à la Grande-Bretagne le Canada et toutes ses dépendances.

Nous sommes maintenant arrivés aux faits qui éveillèrent le sentiment patriotique des colonies, et qui eurent pour conséquence la déclaration de leur indépendance.

En 1764, le Parlement de la Grande-Bretagne porta une loi établissant un droit sur le sucre terré, l’indigo, le café, la soie, les mélasses, les calicots, etc., produits par les colonies d’Amérique. Les colons s’y soumirent, non, toutefois, sans adresser à la métropole des plaintes et des remontrances, auxquelles celle-ci répondit par une loi qui soumettait à un timbre proportionnel tout document commercial, vente ou transaction (22 mars 1765). L’agitation fut immense ; la résistance fut résolue dans un congrès réuni à New-York le premier mardi d’octobre, et le 1er novembre, jour de l’application de la loi du timbre, les cloches sonnèrent dans tout le pays, les pavillons furent mis en berne pour marquer les « funérailles de la liberté. » Les transactions s’opérèrent partout sans papier timbré et les tribunaux décidèrent de la validité des contrats. En même temps, des associations se formèrent pour prévenir l’introduction des marchandises anglaises, jusqu’au rappel de la loi. Ces manifestations de l’opinion publique forcèrent le Parlement à prendre en considération ce rappel. Sur les énergiques discours de Pitt et de Burke, qui se firent les avocats du rappel, sur les observations de Franklin, que la Chambre des communes cita à sa barre, le Parlement rapporta cette loi néfaste (18 mars 1766).

Cette leçon, dont la Grande-Bretagne aurait dû tirer profit, ne l’éclaira pas cependant : elle ne put se résoudre à abandonner le système des taxes imposées à l’Amérique et, en 1767, le Parlement vota une nouvelle Loi qui établissait des droits sur le papier, le verre, le thé, et quelques autres articles importés dans les colonies. Les colons renouvelèrent immédiatement leurs associations contre l’importation, ce qui produisit un tel effet en Angleterre, que le gouvernement se vit obligé d’abolir tous les droits, à l’exception de celui de 3 pence sur la livre de thé, lequel fut maintenu. Les Américains ne combattaient pas le montant des impôts, mais le principe lui-même. La conséquence ne se fit pas attendre. Les cargaisons de thé expédiées à New-York et à Philadelphie furent renvoyées ; celles qui avaient été débarquées à Charleston ne furent pas mises en vente. À Boston, dix-sept personnes déguisées en Indiens abordèrent, pendant la nuit du 18 décembre 1773, les navires chargés de la denrée frappée d’interdiction et en jetèrent quarante-deux caisses à la mer.

Quoique le mouvement fût général, le gouvernement anglais considéra la province de Massachusetts et, en particulier, la ville de Boston comme le foyer de la résistance à l’autorité ; et c’est Boston qu’il résolut de frapper. Le Parlement vota un bill qui fermait le port de cette ville et transportait à Salem le siège du gouvernement colonial. D’autres bills imposèrent des garnisons à toutes les colonies et décidèrent que ceux des agents du gouvernement colonial qui se refuseraient à faire exécuter les lois seraient transportés en Angleterre pour être jugés. Ces actes, considérés comme une violation des chartes et privilèges des colonies, portèrent à son comble l’indignation du peuple.

Le 5 septembre 1774, cinquante-cinq délégués, représentant toutes les colonies, sauf la Géorgie, et parmi lesquels se trouvaient Washington, Patrick Henry, Richard-Henry Lee, Edward et John Rutledge, Christophe Godsdear, Samuel et John Adams, Roger Sherman, Philippe et William Livingston, John Jay, se réunirent à Philadelphie et constituèrent ce que l’on nomma le « vieux congrès continental. » Ce congrès, qui choisit pour président Peyton Randolph, de la Virginie, et pour secrétaire Charles Thomson, de la Pensylvanie, vota une déclaration établissant le droit des colons à s’imposer eux-mêmes, à rédiger leurs lois, le droit de jugement par le jury, le droit de réunion, le droit de pétition. Cette déclaration protestait contre le maintien d’une armée permanente dans les colonies sans leur assentiment, et, en même temps, contre onze lois promulguées depuis l’avènement de George III, au mépris des droits et privilèges des colonies.

Le conflit devenait de plus en plus inévitable et le peuple s’y prépara énergiquement. C’est le 19 avril 1775 que coula le premier sang de la révolution. Le gouvernement provincial du Massachusetts avait établi à Concord des dépôts d’armes et de munitions. Le général Gage, gouverneur de la colonie, les envoya détruire ; mais, à leur retour, les soldats rencontrèrent à Lexington les citoyens armés, et il s’ensuivit un combat dans lequel les Anglais perdirent 273 tués et blessés ; ils effectuèrent leur retraite vers Boston avec la plus grande difficulté. Boston fut immédiatement bloquée, Ticonderague et Crown-Point furent pris. Le combat de Bunker’s-Hill (17 juin) prouva aux généraux anglais qu’ils avaient devant eux des adversaires résolus à vaincre ou à mourir.

Le second congrès continental se réunit à Philadelphie, le 10 mai 1775. Le 15 juin, il nomma George Washington général en chef des troupes levées ou à lever pour la défense des colonies. Le 7 juin 1776, Richard-Henry Lee proposa au congrès de secouer définitivement le joug de la métropole ; et, après un long débat, les treize colonies furent déclarées libres et indépendantes sous le nom d’États-Unis d’Amérique (4 juillet 1776).

En juin et juillet, 3, 000 soldats anglais, commandés par les généraux Clinton et sir Peter Parker, tentèrent de détruire le fort placé sur l’Île Sullivan, près de Charleston (Caroline du Sud). Le fort était défendu par le colonel Moultrie et 400 hommes. Après une action de dix heures et une perte de 200 hommes, les Anglais furent forcés de se retirer. Les Américains n’avaient perdu que 10 tués et 20 blessés.

Peu après l’évacuation de Boston par les troupes anglaises (17 mars), Washington s’établit à New-York avec la plus grande partie de son armée. Le 22 août, lord Howe et son frère, sir William Howe, débarquèrent, avec 24, 000 hommes, sur l’île Longue (Long-Island), à 14 kilom. de la ville. Les Américains, qui ne comptaient que 17, 000 hommes, composés en majeure partie de recrues, furent battus à Long-Island (27 août). Il s’ensuivit une série de désastres, et, à la fin de l’année, Washington avait été obligé de reculer au delà de la Delaware avec un peu moins de 4, 000 hommes. La cause de l’indépendance semblait perdue ; mais Washington conservait sa robuste confiance dans le succès final. L’indolence et la prudence craintive du général Howe l’empêchèrent de profiter de ses avantages, et deux succès remportés à Trenton (26 décembre) et à Princeton (3 janvier 1777) relevèrent tous les courages.

La campagne de 1777 fut couronnée par la capitulation du général anglais Burgoyne à Saratoga (17 octobre). Le 6 février 1778, un traité de commerce et d’alliance fut conclu entre Louis XVI et les commissaires des États-Unis. Des troupes françaises arrivèrent peu après en Amérique et donnèrent aux événements une tournure de plus en plus avantageuse. Dans les États du Sud, où il n’existait pas d’armée régulière américaine, les officiers patriotes Marion, Sumter, Morgan et Greene avaient organisé des guérillas qui, par des escarmouches incessantes, décimaient les forces ennemies.

Le 19 octobre 1781, lord-Cornwallis capitula, à Yorktown, entre les mains de Washington et de Rochambeau, tandis que la flotte anglaise de l’Hudson se rendait au comte d’Estaing. Cette victoire termina la guerre et assura l’indépendance des États-Unis.

Adams, Franklin, Jay et Laurens, chargés par le congrès de négocier la paix, en signèrent à Paris, le 30 novembre 1782, les articles préliminaires ; le traité définitif porte la date du 3 septembre 1783. L’Angleterre y reconnaît formellement la liberté, la souveraineté et l’indépendance des États-Unis. Cette indépendance fut reconnue également par le Danemark et la Suède, en février 1783 ; par l’Espagne, en mars ; par la Hollande, en avril, et par la Russie, en juillet. New-York, le dernier point de la côte encore occupé par les Anglais, fut évacué le 25 novembre 1783.

Mais la confédération n’avait pas encore de constitution suffisante, et le peuple comprit bientôt que son existence politique ne serait assurée qu’autant qu’il aurait un gouvernement général puissant. Le travail d’élaboration de la constitution dura six années.

Rédigée par Thomas Jefferson, elle devait, pour avoir force de loi, réunir les suffrages des deux tiers des treize États composant alors la confédération. Ces États l’adoptèrent successivement par des conventions particulières.


En 1789, tous les États, sauf deux, avaient donc ratifié la constitution, et, le 4 mars de la même année, elle commença à être mise en vigueur. New-York fut désignée comme la capitale de la confédération ; ce ne fut que le 16 juillet 1790 que le siège du gouvernement fut transféré à Washington. George Washington, premier président, élu à l’unanimité, fut installé le 30 avril 1789, avec John Adams comme vice-président. À partir de cette époque et jusqu’à la guerre civile de 1861, l’histoire des États-Unis se confond avec celle de ses présidents ; on la trouvera aux articles biographiques consacrés à chacun d’eux. Nous nous contenterons de donner ici la liste chronologique de ces présidents, avec la simple indication des principaux actes qui ont signalé leur administration.

1. George Washington, 4 mars 1789, réélu le 4 mars 1793. — Vice-président, John Adams. — Adoption de la constitution. — Création de la Banque. — Formation des partis politiques.— Admission dans l’Union des États de Vermont (1791), de Kentucky (1792), de Tennessee (1796).

2. John Adams, 4 mars 1797. — Vice président, Thomas Jefferson. — Guerre avec la France (1798-1800).

3. Thomas Jefferson, 4 mars 1801, réélu le 4 mars 1805. — Vice-présidents, Aaron Burr et George Clinton. — Admission de l’Ohio (1802). — Acquisition de la Louisiane (1803). — Guerre avec les États barbaresques (1804).

4. James Madison, 4 mars 1809, réélu le 4 mars 1813. — Vice-présidents, George Clinton et Elbridge Gerry. — Guerre avec la Grande-Bretagne (1812-1814). — Admission de la Louisiane (1812), de l’Indiana (1816). — Fondation de la Société américaine de colonisation (1817).

5. James Monroë, 4 mars 1817, réélu le 4 mars 1821. — Vice-président, Daniel-D. Tompkins, réélu avec Monroë en 1821. — Différend du Missouri, qui, pour la première fois, divise sérieusement le pays sur la question de l’esclavage. — Admission du Mississipi (1817), de l’Illinois (1818), de l’Alabama (1819), du Maine (1820), du Missouri (1821).

6. John Quincy Adams, 4 mars 1825. — Vice-président, John-C. Calhown. — Loi des tarifs (1828), basée sur le principe de la protection et qui eut, plus tard, pour résultat des complications politiques de la nature la plus sérieuse.

7. Andrew Jackson, 4 mars 1829, réélu le 4 mars 1833. — Vice-présidents, John-C. Calhown et Martin Van Buren. — Classifications des partis : whigs et démocrates. — Extinction de la dette nationale. — Guerre avec les Indiens Séminoles de la Floride. — Admission de l’Arkansas (1836) et du Michigan (1837).

8. Martin Van Buren, 4 mars 1837. — Vice-président, Richard-M. Johnson. — Crise financière. — Continuation de la guerre avec les Séminoles (terminée en 1842).

9. William Harrison, 4 mars 1841, mort le 4 avril 1841. — Vice-président, John Tyler, qui lui succède, en vertu de la constitution.

10. John Tyler, 4 avril 1841. — Vice-président, le président du sénat, élu par ce corps. — Annexion du Texas (1845).

11. James Polk, 4 mars 1845. — Vice-président, George-M. Dallas. — Guerre du Mexique (1846-1848). — Annexion du Nouveau-Mexique et de la Californie (1848). — Admission du Wisconsin (1848).

12. Zacharie Taylor, 4 mars 1849, mort en exercice le 9 juillet 1850. — Vice-président, Millard Fillmore. — Découverte de l’or en Californie. — Admission de la Californie (1850).

13. Millard Fillmore, 9 juillet 1850. — Vice-président, le président du sénat, élu par ce corps. — Invasion de Cuba par des flibustiers américains, commandés par le général Lopez (1851). — Premier traité de commerce avec le Japon.

14. Franklin Pierce, 4 mars 1853. — Vice-président, William-R. King. — Acquisition de l’Arizona (1853). — Bill Kansas-Nebraska (1854), esclavagisme. — Organisation du territoire de Washington (1853). — Expédition de Walker au Nicaragua (1851-1855).

15. James Buchanan, 4 mars 1857. — Vice-président, John-C. Breckinridge. — Constitution esclavagiste du Kansas (1858). — Affaire de John Brown (1859). — Admission du Minnesota (1857), de l’Orégon (1859). — Lutte électorale (1860). — Sécession de la Caroline du Sud (20 décembre 1860), du Mississipi (9 janvier 1861), de la Floride (10 janvier), de l’Alabama (11 janvier), de la Géorgie (19 janvier), de la Louisiane (26 janvier), du Texas (1er février).

16. Abraham Lincoln, 4 mars 1861, réélu le 4 mars 1865. — Vice-présidents, Hannibal Hamlin et Andrew Johnson. — Guerre civile. — Abolition de l’esclavage (résolution du congrès du 2 décembre 1862 et proclamation du président du 1er janvier 1863).

17. Andrew Johnson, 15 avril 1865. — Vice-président, le président du sénat, élu par ce corps. — Fin de la guerre civile.

L’élection de M, Lincoln à la présidence fut, comme on le sait, le signal de la guerre civile qui a déchiré les États-Unis pendant plus de quatre ans. Nous avons fait ailleurs (V. Amérique, guerre de l’) le récit de ces graves événements, en nous arrêtant, naturellement, à la date où cet article a été publié. Nous allons retracer sommairement la conclusion de ces fratricides hostilités.

Nous avons laissé l’armée fédérale, après les sanglantes batailles de Wilderness, de Spottsylvania et de Southannah (5-19 mai 1864), en face des formidables retranchements de la vallée du Chickahoming, où est venue se fondre, en 1862, l’armée de Mac-Clellan. Après un assaut inutile donné à ces ouvrages (3 juin), et dans lequel les fédéraux perdirent 6,000 hommes, le général Grant tourna la position et, par une marche rapide, se porta devant Petersburg, petite ville située sur l’Appomattox, et qui est la sentinelle avancée de Richmond. Une impétueuse attaque effectuée contre la ville (17 juin) ayant échoué, Grant en commença résolument le siège. Semblable au héros de Virgile :

Nunc hos, nunc illos aditus, omnemque pererrat
Certe locum, et variis assultibus irritus urget.

Nous ne pouvons raconter dans tous ses détails la magnifique épopée de ce siège, pendant lequel fédéraux et confédérés déployèrent un héroïsme égal. Avec la ténacité qui forme le côté saillant de son caractère, Grant ne recula pas d’une semelle. Il étendit graduellement ses lignes, resserra la valeureuse armée du général Lee dans un cercle de fer et attendit patiemment l’exécution du plan de campagne confié à ses lieutenants, et dont la réussite devait fatalement faire tomber Richmond entre ses mains.

En occupant Atlanta (Géorgie), le 1er septembre 1864, le général Sherman, le plus heureux des lieutenants de Grant, s’était éloigné de plus de 160 kilomètres de sa base d’opérations. Perdu, pour ainsi dire, au milieu d’une population hostile, pressé en face et en queue par les confédérés, qui interceptaient ses communications, Sherman prit un parti héroïque : il chercha, en se dirigeant vers l’Est, à gagner l’Atlantique et à s’appuyer sur la flotte fédérale. C’était une tâche aussi rude que difficile ; le succès qui la couronna fut le résultat de la rapidité de ses mouvements et de la surprise dans laquelle cette décision plus que téméraire jeta les confédérés. Le 14 décembre, il atteignit l’Atlantique et investit aussitôt Savannah, qui, évacuée le 21, par le général Hardee, fut immédiatement occupée par les fédéraux. Disons tout de suite que l’évacuation de Savannah entraîna celle de Charleston, de Wilmington et de Mobile. À ce moment, la confédération du Sud, de plus en plus étouffée, n’avait plus que deux armées qui méritassent ce nom : celle de Johnston, dans la Caroline du Nord, et celle de Lee, à Richmond et à Petersburg.

Après avoir donné à ses soldats un mois de repos, Sherman se remit en marche vers le milieu du mois de janvier 1865. Malgré les efforts que fit pour l’arrêter le général confédéré Johnston, il traversa la Caroline du Sud, une partie de la Caroline du Nord, s’avançant lentement, mais résolument, dans la direction de la capitale du Sud, et livrant presque chaque jour des combats, dans lesquels il n’avait pas toujours l’avantage, mais qui ne le détournèrent pas un instant du but vers lequel il tendait. Les plus graves de ces rencontres furent celles de Kinston (10 mars 1865), d’Averysboro et de Goldsboro (15 et 21 mars).

Pendant que ces événements se passaient en Géorgie et dans les Carolines, un autre des lieutenants de Grant, le général Sheridan traversait dans toute sa longueur la vallée de la Shenandoah, repoussant partout les confédérés, et, à la fin de mars 1865, il franchissait le James-River et ralliait, avec ses troupes victorieuses, l’armée de siège devant Petersburg et Richmond.

Ainsi, les plans du lieutenant général Grant avaient été accomplis ; l’armée de la Virginie occidentale (celle de Lee) se trouvait, par la fait, réduite aux abois.

Sherman s’était avancé si près qu’il pouvait, à la fois, donner la main au lieutenant général et tenir en échec l’armée de Johnston, désormais incapable de communiquer avec Lee, encore moins de lui venir en aide. Sheridan, parti d’une direction tout opposée, avait atteint le théâtre même des opérations