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rant de ce même portrait, a fait un buste du grand artiste, où l’on retrouve la même animation, la même vie que dans la toile du Louvre.

Greuze {PORTRAIT DE LA FKMMK Dli). La

femme de Oreuze a été pour cet artiste ce type de beauté prospère, voluptueuse a la fois et naïve, qu’il a peint dans tous ses tableaux, et qui est resté pour la postérité la beauté de Greuze. Elle lui a servi de modèle pour un grand nombre de compositions, notamment pour la Mère bien-aimée. Greuze a fuit, en outre, plusieurs portraits de sa femme, un entre autres qui la représentait enceinte et qui, exposé au Salon de 1703, a été ainsi jugé par Diderot : ’ Je jure que ce portrait est un chef-d’œuvre qui, un jour à. venir, n’aura point de prix. Comme elle est coilfée 1 Que ces cheveux châtains sont vrais ! Que ce ruban qui serre la tête fait bien 1 Que cène longue tresse qu’elle relève d’une main sur ses épaules et qui tourne plusieurs fois autour do son bras est belle !... Quelle finesse et quelle variété de teintes sur ce front !... Ce portrait tue tous ceux qui l’environnent... L ajustement est simple ; c’est celui d’une femme, le matin, dans sa chambre h coucher : un petit tablier de taffetas noir sur une robe de satin blanc. >

Au Salon de 1765, Greuze exposa deux portraits de sa femme, à propos desquels Diderot fil à Griinin, son ami et son correspondant, la confidence suivante où éclate son caractère spirituel et fougueux : « Ce peintre (Greuze) est certainement amoureux de sa femme ; et il n’a pas tort. Je l’ai bien aimée, moi, quand j’étais jeune et qu’elle s’appelait M’if Babuti. Elle occupait une petite boutique de libraire sur le quai des Augustius ; poupine, blanche et droite comme le lis, vermeille comme la rose. J’entrais avec cet air vif. ardent et fou que j’avais, et je lui disais : ■ Mademoiselle, les Conte* de La Fontaine ;

> un Pétrone, s’il vous plaît... — Monsieur, « les voilà. Ne vous faut-il point d’autres hvresî...

— Pardonnez-moi, mademoiselle.

> Mais... — Dites toujours... — La Religieuse en chemise... — Fi doncl monsieur ; est-ce qu’on a, est-ce qu’on lit ces vilenies-là ?...

— Ah I ah ! ce sont des vilenies, mademoi-^ selle ; moi, je n’en savais rien. « Et puis, un nuire jour, quand je repassais, elle souriait, et moi aussi. »

L’un des portraits du Salon de 1765, celui qui représentait M"10 Greu2e assise dans un i fauteuil et ayant un épagneul sur les genoux, a été gravé.

GRÈVE s. f. (grè-ve— du bas latin gravaria, qui se rattache évidemment au celtique : irlandais grean, kymrique grœun, gri. armoricain grattait, gros sable, gravier, ca.i.ou, où l’on retrouve le radical graûQ» gruit du sanserit gravait, pierre, rocher, montagne, et, comme adjectif, dur, solide). Terrain fjlat et uni, couvert de gravier et de sable, le long de la mer ou d’un cours d’eau : Lord JJyroii avait marqué sa fosse aux orévks de l’Adriatique. (Chateaub.).

Que j’aime il contempler, dans cette anse écartée, La mer qui vient dormir sur la 'jréve argentée, San3 soupir et Bans mouvement !

Lamartine. *

— Parext. et k cause de la place de Grève à Paris, où les ouvriers sans travail aimaient à se réunir, Coalition île personnes du mémo état, qui s’entendent pour cesser tout travail, et arriver ainsi à imposer leurs conditions aux patrons : Se mettre en GniiVE. Faire grève. A Preston, il y eut une fois une gkevis d’un an. (H. Taine.)

— Cousir. Gros sable avec lequel on fait le mortier.

— Encycl. Econ. soc. La grève ou accord des ouvriers pour cesser le travail en vue d’une hausse désalaire n’est plus au nombre des délits, depuis lu loi de 1864 dont nous avons parle à l’article coalition. Le droit du gréviste est fonde sur la liberté humaine. A en examiner le principe, il n’y a dans la grève qu’un des phénomènes ordinaires de l’offre et de la demande. Les gouvernements qui refusent k l’ouvrier la faculté do marchander le prix de sou labeur justifient par cela seul toutes les violences. Aujourd’hui que ce droit imprescriptible est écrit dans la loi, les menaces, violences, voies de fait et manœuvres frauduleuses ayant pour but de

Forcer utteinte à la liberté du travail et de industrie sont seuls réputées délictueuses. Sous la législation antérieure, celle de 1849, la coalition, tant de-la part des patrons que de la pari ues ouvriers, étuit interdite ; mais cette apparente égalité ces deux classes devant la lo. dissimulait dans le fait une inégalité révoltante au détriment de la classe ouvrière. En effet, tandis que les grèves des ouvriers tombaient toujours forcément sous le coup de la loi, les patrons, par suite de leur petit nombre, dérubaient irès-aisement leurs manœuvres à la connaissance de la justice ; leurs coalitions, tenues secrètes, restaient impunies. En supprimant le cielit, la loi de 18C4 h égalisé les situations ; ce n’est qu’une iniquité de moins. Mais la classe laborieuse se ferait d’étranges illusions si la liberté des grèves lui semblait un réim’de définitif à ses maux. Après la promulgation de cette loi, on vu, dans un grand nombre de professions, se former des grèves tlui.t la plupart réussirent, les patrons n’étant pas en

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mesure de résister ; depuis, les grèves ont souvent avorté, comme celle des cochers de Paris, qui fit tant de bruit à la [in de 1865. Il est cla ; r, en effet, que, dans cette lutte euire la caisse du capitaliste et l’estomac de l’ouvrier, les probabilités de la victoire sont toutes pour le premier, et l’exemple de ce qui se passe en Angleterre confirme cette idée. L’Angleterre est le berceau des grèves ; c’est de là qu’elles ont gagné les centres industriels de la France, de la Belgique, de l’Allemagne, et que, traversant l’Atlantique, elles ont poussé jusqu’aux États-Unis. En Angleterre, disonsnous, dans ce pays où, depuis longtemps, la liberté des coalisons existe, les ouvriers s’organisent en trades unions puissantes, dont l’origine est fort ancienne, puisqu’elle remonte au moyen âge, et dont l’influence sur l’industrie britannique a de tout temps été considérable. Ces Irades unions possèdent des caisses de résistance, et, à certaines époques, quand l’occasion semble favorable, elles donnent le signal de grèves générales, qui semblent au premier abord devoir à coup sûr faire céder les capitalistes. Ces grèves, quoique habilement conduites, échouent cependant la plupart du temps, causant, chaque fois qu’elles se produisent, de cruelles misères. En effet, les capitalistes, coalisés de leur côté, bien abrités contre le froid, en garde contre la faim, luttent avec avantage, attendent patiemment que les ressources des ouvriers soient épuisées, ou bien font venir, des pays étrangers, dus travailleurs dont les exigences sont plus modestes. L<s grèves sont donc la plupart du temps une cause de souffrances et d’appauvrissement pour la classe ouvrière. C* n’est point de ce côté que, pour améliorer sa condition, elle doit diriger ses efforts : elle doit viser un but plus élevé, qui est l’affranchissement du salariat. C’est ce que commencent à comprendre, en France surtout, les travailleurs manuels, qui s’essayent a former des associations de crédit et de production, auxquelles malheureusement la législation oppose encore de nombreux obstacles. La vraie question est là : le problème du travail ne trouvera pas sa solution dans les grèves, qui constatent seulement l’état de guerre entre les classes ; il faut que cet antagonisme disparaisse par l’ident.lication des termes : capitaliste et travailleur. Les associations montreront si la classe ouvrière a la capacité nécessaire pour s’affranchir, et si l’atelier sans patron pourra tirer de son propre seiri la force direcrice qui ordonne les travaux et pourvoit à l’exploitation commerciale des produits.

En somme, les grèves, telles que nous les voyons, ne sont qu’un moyen barbare, imparfait, pour résoudre des difficultés qui demandent avant tout, pour être îvsolues, beaucoup de raison, de sang-froid et de loyauté de part et d’autre. Tel est, du moins, l’avis de l’éininent publicisie qui se cache sous le pseudonyme d’Alceste. « 11 s’est présente, à la date du 8 juillet 1872, des cas singuliers, en Angleterre, où le bon sens et la bonne foi ont évité de déplorables conséquences. Les patrons reconnaissaient l’insuffisance du salaire. Ils établissaient, d’autre part, que le prix de la matière première et le fait de telles et telles concurrences ne laissaient en ce moment aucune murge. Ces cas sont rares, mais en les citant ou ne cherche qu’à démontrer la nécessité d’aviser à d’autres moyens de débattre les intérêts du tiavail. Il y a un grand avenir dans les chambres syndicales ouvrières. N’est-ce pas là que le iravail doit trouver des organes réguliers bien supérieurs au mouvement tumultueux d’une grève souvent instantanée ? Quant au gouvernement, vers lequel nous avons en France la mauvaise habitude de nous tourner chaque fois que nous avons une difficulté a vaincre, sou inturventioti ne peut être que désastreuse. Son rôle est de maintenir l’ordre et de faire exécuter les lois. C’est donc aux ouvriers eux-mêmes et ’ aux patrons qu’il importe d’étudieretde résoudre les difficultés qui surgissent. Il y a une mauvaise tendance qui consiste, en pareil cas, adonner tort, au plus faible, c’est-Â-dire à l’ouvrier. L’honneur et l’équité protestent contre ces procédés. Il y a un fait général assez évident en France. Les produits s’y vendent fort cher. La France n’est pas un pays de production à bon marché. Par contre, les salaires y sont trop bas. Je ne crois pas que le système économique protectionniste suit de nature à remédier à cet état de choses. Tant s’en faut ! Mais c’est une raison de plus pour que les patrons apportent un esprit véritablement s-rieux et conciliant" dans ces contins. Tout le monde a pu faire cette remarque, qu’il n’y a point de grèves à Mulhouse. Pourquoi ? Parce que les patrons ont agi en hommes de cœur avec les ouvriers. Ils ont en quelque sorte constitué une grande famille industrielle. L’éducation, l’instruction, le logement, l’hygiène, la sécurité dans le présent et dans l’avenir, tout ce qui peut con, tribuer à rendre l’homme heureux, intelligent, honnête et fort, a été combiné, organisé librement. Dans la crise cotonnière, on a vu h Rouen des patrons égoïstes qui jetaient leurs ouvriers sur le pave, et réalisaient un bénéfice immédiat en revendant leur coton brut. À Mulhouse, on s’est conduit tout autrement. Les patrons ont travaillé sans bénéfice, mais ils ont cru devoir, au lien affectueux qui les attache à leurs ouvriers, au seutuiieiii de loyale confiance que ceux-ci avaient en eux,

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sacrifier quelques avantages temporaires et, ne pas porter atteinte à cette belle harmonie industrielle qu’ils ont su établir autour d’eux. ■

La maladie sociale dont notre temps est frappé a produit coup sur coup des grèves dont le souvenir est encore présent à toutes les mémoires. Les plus fameuses sont celles du Creuzot, de la Rieamnrie, qui ont eu pour premières victimes des femmes et des enfants tombés sous les baïonnettes impériales ;. Celles des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais ont eu, vers le milieu de 1872, un assez grand retentissement, mais il n’en est pas qui aient produit plus de sensation en Europe que celle des ouvriers agricoles du Warwickshire (avril 1872), sorte de grève des paysans, moins violente, plus efficace et non moins curieuse que celle du xvtc’ siècle, et qui comprenait dès le début 60,000 membres effectifs, payant chacun 6 pence d’affiliation (60 cent.) et une cotisation hebdomadaire de 2 pence.

Grève do Samorci (la), par M. Pierre Leroux, 1S61. On peut dire de cet ouvrage, qui fut composé dans l’exil, qu’il parle, comme Pic de La Mirandole, de omiii re scibili et de guibttsdam aiiis. Il est divisé en huit parties : îo la Préface, qui est fort longue ; 2° les Cinquante-deux sectes de File ; 3° le Itoclier des proscrits ; 4° les Fantômes ; 5» Satan ; 6o le Livre de Job : T> la Dispute avec tes savants ; 8° la Postface, qui n’est pas moins étendue que !a préface. Les questions politiques et sociales, les questions philosophiques et religieuses sont celles qu’affectionne M. Pierre Leroux. Il croit en Dieu, mais son Dieu est plutôt I âme universelle du monde qu’un être personnel. Il veut une religion, mais cette religion doit être d’accord avec la nature et avec la science. Il prévoit le prochain triomphe du socialisme, dont les trois principaux initiateurs, Robert Owen, Saint-Simon et Fourier, forment selon lui une triade humanitaire répondant à cette autre triade : liberté, égalité, fraternité ; et il semble attacher à cette nouvelle espèce de trinité une vertu mystérieuse d’où sortira le salut de l’humaniié. Un des charmes de son livre, c’est que nous y rencontrons souvent les figures des plus illustres compagnons d’exil de l’écrivain, Victor Hugo, Louis Blanc, Mazzini, liossuth, Ledru-Rollin et vingt autres. L’auteur nous raconte mille incidents, tantôt tristes, tantôt gais (si tant est que la gaieté puisse s’épanouir en exil), de leur existence commune sur la terre anglaise. On y trouve aussi des souvenirs politiques de France, qui se rattachent aux beaux jours de la république de 1848. Pierre Leroux nous initie même aux petites querelles, aux petites brouilles qui éclatèrent parfois au camp des proscrits, car, il ne faut pas l’oublier, les meilleures amitiés ont leurs jours d’orage.

Grève (place de), ancien nom de la place de l’Hôtel-de-Ville de Paris. Cette place, qu’on pourrait appeler le Forum des Parisiens, tuait son ancien nom de sa situation sur le bord de la rivière.

Au commencement du xiie siècle, la Grève, qui faisait partie d’un fief appartenant aux comtes de Meulan, était déjà le centre d’un des quartiers les plus populeux de Paris. L’an 1116, ce fief tomba, par échange, dans le domaine des rois de France, et, en lui, Louis le Jeune vendit aux bourgeois des environs la propriété de la place de Grève, moyennant 70 livres. Il est dit dans l’acte de vente : • Nous cédons à perpétuité cette place voisine de la Seine, que l’on appelle h). Grève, où existe un ancien marché, .alit) qu’elle reste vide de tout édifice ou de tout autre objet qui pourrait l’encombrer, o

La Grève, par sa position sur les bords de la Seine, était exposée à des inondations fréquentes ; afin d’empêcher l’éboulement des terres que minait l’effort des grandes eaux, le Corps de la ville fit établir, à mie époque très-reculée, des palissades en bois, liées par des attaches en fer, qui furent plus tard remplacées pur un mur.

Pendant longtemps, la place de Grève a conservé une forme très-irrégulière ; elle se divisait en deux parties : sur le bord de l’eau, la Grève proprement dite, où se tenait te marché aux vins et au charbon ; sur le même plan que l’ilô^l de ville, se trouvait la petite place aux Canons, ainsi nommée parce qu’on y mettait l’artillerie de la ville, dans les cérémonies et les fétes publiques ; les palissades dont nous avons parlé la séparaient de la Grève proprement dite. En 1673, Le Peletier, prévôt des marchands, fit construire un quai, qu’il appela le Quai Neuf, mais qui porte aujourd hui son nom.

Au moyen âge, il y avait sur la place de Grève un gibet, signe de la haute, moyenne et basse justice qui appartenait au Bureau de la ville.

Avant la constructiou du pont Neuf, la place de Grève était le rendez-vous des oisifs, des étrangers, des gens du peuple, des ouvriers des divers étals (de là l’expression se mettre en grève). Les truands et les ribauds la fréquentaient, demandant l’aumône ou coupant la bourse, suivant l’occasion. Du temps de saint Loui- ;, les riuuuds de la Crève étaient déjà renommés. Au xvie siècle, les ouvriers sans ouviage venaient cayiuunder sous les galeries formées par les piliers des

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maisons de la Grève. Lu place, encombrée do voitures, de tombereau t, de baquets et de bois appartenant à des charrons, était dans le plus grand état de malpropreté. Charles IX ordonna, en 1563, « la ph.ee estre nettoyée et purgée de toutes immoi.lices, à ce que les personnes étrangères qu y arrivaient de toutes parts pussent, avec !•} plus grand contentement, contempler l’excsllence. grandeur et beauté de ladite place et de l’Hôielde ville.» Il fallut renouveler cette ordonnance en 1571 et en 1576.

La place de Grève était le théâtre le plus ordinaire des fêtes populaires. Le feu de la Saint-Jean tenait une t-rande place parmi • ces réjouissances. Tous fis nns, la veille de la Saint-Jean, on allumait ûj milieu de la Grève un grand feu de joie. Le prévôt des marchands et les échevins présidaient à cette cérémonie. Les rois de France ne dédaignaient pas de mettre de leurs propres mains le feu au bûcher. Les dé ".ouations de l’artillerie de la ville accompagnaient le feu de joie, que suivaient des bt.uquets à l’Hôtel de ville.

Le bûcher de la Saint-Jean consistait en un tronc d’arbre ou mai de 60 pieds de hauteur, dressé au milieu de la place ; ce mât, auquel on attachait un grand nombre de traverses, soutenait une immense quantité do fagots, de bourrées, de bettes de paille et de gros bois, et tout ce bûcher était orné de guirlandes déroses et de tourutines ; au sommet du mât on attachait un grand panier d’osier contenant deux douzaines de chats destinés à être brûlés vifs ; dans les grandes circonstances, on mettait un renard avec les

chats. Pendant que ces malheureuses bêtes brûlaient en poussant desi cris affreux, des danses s’établissaient sur la place de Grève, autour de fontaines d’où coulait du vin.

La place de Grève partageait avec le marché aux Pourceaux le trisie privilège de servir de lieu de supplice. La première exécution en Grève dont il soit fait mention dans l’histoire est celle de Marg lerhe de llaimut, surnommée Ponite, et de Guyart de Cressonnessart, clerc du diocèse de Beauvais, qui, en 1310, furent brûles vifs pour crime d’hérésie, en présence de l’évêque de Paris et de son clergé. En 13S2, un grand nombre debourgeois furent mis à mort sur la place de Grève, comme ayant pris part à la révolte des maillotins. En 1475, Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol, connétable de France, y fut décapité, et sur le lieu de son supplice Louis XI fit élever une colonne de pierre de liais, « en façon de pilier, ayant 12 pieds de haut, base et clapiieau, .-. en laquelle est une épitaphe instrée dedans ladite colonne, contenant certains mots et dits de feu Louis de Luxembourg, jadis connétable de France. •

En 1559, Anne Dubourg, conseiller au parlement, fut brûlé vif en plate de Grève, pour crime d’hérésie. Le 27 octobre 1572, on y pendit l’effigie de Coligny entre deux protestants ; Charles IX, Catherine de Médicis, Henri de Navarre et toute li. cour assistèrent à cette exécution. Montgomeryy fut décapité en 1574, Le 17 septembre !â91, les Seize, qui gouvernaient Paris, firent pjndre à la Grève le président Brisson et dejx autres membres du parlement, étranglés la veille dans les cachots du Petit Chàtelat. Après la rentrée de Henri IV, trois des hommes qui avaient pris part à cette exécution furent pendus à leur tour. Le 7 janvier 1596, le jésuite Guignard, complice de Jea-i Chi.tel, fui pendu et brûlé en Grève. Ravaillac et JUaiuiens y furent écartelés, à 150 ans d’intervalle, avec des raffinements inouïs de ciuauté. En 1617, la malheureuse Eleonore Galigaï, maréchale d’Ancre, y fut brûlée vive, comme coupable de magie. C’est en Grève que l’implacable cardinal de Richelieu fit décapiter Marillac et Montinoreiicy-Bouteviile. La marquise de Brinvilliers, Cartouche, Lally-Tolleudal y furent suppliciés.

Depuis le moment où le Parloir aux bourgeois fut transféré à la maison aux Piliers (Hôtel de ville), la place de Grève l’ut le théâtre des grandes émotions populaires. Sous la dictature d’Étienne Marcel, pendt ut les troubles des maillotins, lors des troub.es de la Ligue, durant les guerres de la Fioude, c’est en place de Grève que le peupie en armes se réunissait, que les orateurs plébéiens haranguaient les masses, que se préparaient les grands crimes et les actions héroïques. La place de Grève vit se déroulé les scènes les plus sombres et les pages les plus grandioses de la Révolution française. Klesselles, Fa- • vras, Foulon, Benhier y tombèrent victimes de la fureur des partis ; la lanterne de sinistre mémoire se dressait à l’ai gle d’une des rues qui débouchaient sur cotte place. La Restauration releva sur la place de Grève l’eihafaud que la Révolution avait transporté loin du palais municipal. Les jeunes sergents de La Rochelle et le fanatique Louvel y furent exécutes. Mais en juillet 1830 la Révolution triomphante rentra dt.ns l’Hôtel de ville, et ce fut sur la place de Grève que le peuple de Paris livra son plus rude combat. La sinistre guillotina fut depuis reléguée à l’extrémité d un obscur faubourg. La place de Grève, appelée désormais j.luce de l’Hûtel-de-Ville, vit les principau. ; événements de la Révolution de 1848 ; cest lit que le gouvernement provisoire fut acclamé et que Lamartine dominait le peuple amjuté, par l’aa-