Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 4, Gile-Gyz.djvu/295

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GROS

ou venir de pleurer, ce qui enfle sensiblement les paupières, n Avoir le cœur gros, Eprouver une sorte d’oppression causée par une émotion douloureuse : Avoir le cœur gros de soupirs. Tu as lu cœur GROS, mon enfant ; conte-moi ton chagrin.

Et je me sens le cœur tout gros de fâcherie.

Molière.

— Prov. Les gros poissons mangent les petits, Les puissants oppriment les faibles : Les hommes sont comme les animaux : les gros mangent les petits, et les petits les piquent. (Volt.)

— Archit. Gros murs d’un bâtiment, Ceux qui l’entourent de tous côtés, et sur lesquels reposent les combles et les voûtes.

Gros gibier, Gros animaux que l’on chasse, tels que cerfs, daims, chevreuils, etc.

il Gros ton, Ton bas de la trompe de chasse.

— Ai-t milit. Grosse cavalerie, Cavalerie

fiesamment année, il Grosse artillerie, Artilerie composée de pièces de fort calibre.

— Mar. Grosse mer, Mer fort agitée : S’embarquer par une grosse mer. Dans tes jours de grosse mer, on voit le requin s’ébattre, joyeux et sûr de sa journée, à la périlleuse barre du Sénégal, où chavirent tant de pirogues et de chaloupes. (D. d’Urville.)

Gros temps, Vent violent : Le gros temps nous relient dans le port. Plus un navire est petit, plus il est en danger dans le GR03 temps. f De Bonald.)

— Comm. Grosse aventure, Manière de placer une somme d’argent à gros intérêts sur un navire de commerce, au risque de la perdre si le navire périt.

— Typogr. Gros canon, Caractère qui a de 42 à 44 points typographiques de force de corps. Il Gros œil, Nom donné aux lettres et aux caractères dont l’œil est plus fort que la force de corps ne semble le comporter. Il Gros parangon, Caractère qui a 22 points typographiques de force de corps, il Gros romain, Caractère qui a 18 points typographiques de force de corps, I ! Gros texte, Caractère qui a M, 15 ou 16 points typographiques de force de coips. il Grosse nonptireilte, caractère qui a 96 points typographiques de force de corps.

— Art culin. Grosse viande, Viande de boucherie.

— Econ. rur. Gros bétail, Boeufs, vaches et autres gros animaux qui font partie d’un troupeau, il Gros grain, Froment, méteil et seigle, par opposition aux menus grains, tels que l’orge, l’avoine, la vesce, etc.

— Hist. nat. Se dit d’un grand nombre d’animaux et de végétaux remarquables par le développement considérable de quelqu’une de leurs parties : GROS-Ôec. Gros-coIus. Gros- nez. Gros-œiV, etc. V. ces mots à leur ordre alphabétique.

— Substantiv. Personne corpulente : C’est un gros, avec une moustache noire. Très-bien, mon gros. Merci, ma grosse. Le petit petit, c’est-à-dire le gros GROS, est un enfant admirable. (Mme de Sév.)

— s. m. Partie la plus grosse d’une chose : Le GROS de l’arbre. Le gros du bras. Il Partie la plus considérable : Le gros d’une armée, d’une troupe. Le gros de la foule. Le gros des affaires. Le gros de ta besogne. Il y a des yens d’un très-grand mérite chez les Velches, mais le gros de la nation est ridicule et détestable. (Volt.) À Paris même, le gros du peuple vit de pain bis. (Proudh.) tl Moment principal, celui où l’action est aussi vive que possible : Le GROS de l’été, de l’hiver. Troupe considérable : Un gros de cavalerie, d’infanterie. Un gros de cavaliers, de fantassins.

— Calligr. Se dit d’une écriture servant d’exercice aux débutants, et dont les lettres sont bien plus grosses que les autres : Écrire en gros. Modèle écrit en gros. Il On se sert aussi du féminin grosse.

— Archit. Gros de mur, Pièce de bois qui, dans les constructions en pisé ; sert à.maintenir uniformément écartés les grands côtés ou hanches du moule.

— Mar, Gros de l’eau, Pleine mer au temps des grandes marées.

— Comm. Vente par parties considérables : Vente en GROS, en demi-GROS et au détail. Faire le gros et le détail. Il Gros de Tours, Gros de Nuples, Etoffe de soie à gros grain, qu’on fabrique à Naples et à Tours. Il Gros de Verdun, Espèce de dragée. Il Gros d’autruche. Gros duvet de l’autruche, qu’on emploie à faire les lisières des draps fins de laine destinés k être teints en noir. Il Gros de campagne, Nom donné aux chiffons par les fabricants de papier.

— Ane. niétrol. Subdivision de la livre, égale k la huitième partie d’une once ou à près de 4 grammes, il Monnaie prussienne.

V. GROSCBEN.

— Adverbial. Coûter gros. Gagner gros. Écrire gros. On voit dans nos campagnes des gens qui, ne gagnant rien, dépensent gros. (P.-L. Courier.)

J’ai vu dans le palais une robe ma ! mise

Gagner gros ; tes gens l’avaient prisa Pour maître tel, qui traînait après soi Force écoutants ; demandez-moi pourquoi ? La Fontaine.

Il y a gros à partir que, On a de fortes

GROS

raisons de croire que : Il y a gros A parie» qu’il pleuvra aujourd’hui.

Gros comme, aussi, gros que, De dimension et de quantité à peu près égales à : Prendre gros comme une noisette de résine d’aloès. Il Gros comme le bras, Tout-net, sans ambages, d’une manière tout à fait décidée : Tous les plusi/ros messieurs me parlaient chapeau bas : Monsieur de Petit-Jean, ah ! gros comme le bras.

Racine.

— Loc. adv. En gros, Par fortes parties : Vendre en gros. Marchand EN GROS. Il Sans entrer dans les détails : Huconter une histoire en gros. Dire les choses en gros. Rendre compte de quelque chose en gros.

Tout en gros, En tout, tout compris ; La compagnie n’était pas nombreuse, il n’y avait que six personnes tout en gros. (Acad.)

À la grosse. En prêtant à gros intérêts une somme que l’on perd si le navire périt : Mettre a la grossi- ;. Perdre a la grosse. Contrat, prêt a la grosse. Le contrat a la grosse est productif, puisque, s’il ne se trouvait personne pour courir le risque de mer, il n’y aurait pas de commerce maritime. (Proudh.)

— Gramm. Cet adjectt change de signification selon qu’il est placé avant ou après certains substantifs : Une femme grosse n’est pas du tout la même chose qu’une grossk femme. Lorsqu’il est placé devant un autre adjectif exprimant une couleur, ce dernier est toujours pris substantivement et reste invariable, ainsi que gros : Une robe gros vert, des rubans gros bleu,

— Antonymes. Chétif, exigu, Un, frêle, menu, microscopique, mince, petit, ténu.

— Encycl. Comm. Grosse aventure. V. aventure.


GROS (Pierre des), moraliste et franciscain français du XVIe siècle. Il est l’auteur d’un ouvrage, resté manuscrit, intitulé le Jardin des nobles et composé en 1464, qu’il dédie à Yves du Fou, conseiller et chambellan de Charles VII et de Louis XI. Dans cet ouvrage, fort long du reste, on trouve, près de choses oiseuses, des peintures de mœurs très-piquantes, surtout en ce qui touche la toilette et la coquetterie des femmes de son temps. Gros y parle de Louis XI avec une grande liberté de langage, de Jeanne Darc, des Anglais, contre qui il professe une haine profonde, de l’Université, des jeux de hasard, etc.


GROS (F.-Toussaint), poëte provençal, né à Marseille en 1698, mort à Lyon en 1748. Après de fortes études faites au collège de l’Oratoire, il fut tenté de prendre l’habit de chartreux, mais il y renonça. Comme son compatriote et contemporain l’abbé Pellegrin, il fit sa lecture assidue des livres sacrés aussi bien que des auteurs profanes et s’inspira de la Bible et de l’Imitation de Jésus-Christ, tout autant que de Théocrite, de Bion et de Mocshus ; il a même traduit de ce dernier une idylle, et ce morceau est un des plus achevés de son œuvre poétique.

Gros s’essaya d’abord dans la poésie française ; il n’y réussit point, brûla ses essais, et se mit à versifier dans sa langue maternelle. Marseille avait pour gouverneur militaire le marquis de Simiane, dont la femme, petite-fille de Mme de Sévigné, tenait une sorte de petite cour d’hommes de lettres. Gros y reçut un bon accueil, et, encouragé par sa protectrice, il vint à Paris tenter la fortune ; il y trouva non point la gloire, qu’il cherchait, mais un modeste emploi dans les fermes de Pont-Voisin ; à l’abri du besoin, il put se livrer à son goût pour la poésie.

L’œuvre de Gros est pleine de grâce, d’abandon, de naïveté ; il y a là des traits charmants ; on y sent l’homme qui sous le poids des revers fut toujours doux et bon, dont les mœurs furent toujours pures. Elle se compose d’églogues, de fables, d’épîtres (une des meilleures est adressée à Mme de Simiane), de chansons, de stances, etc. La dernière édition porte ce titre : Œuvres complètes de T. Gros, suivies de morceaux choisis de quelques poètes provençaux (Marseille, 1841, in-8o).


GROS (Louis, baron), général français, né à Carcassonne en 1769. Sous-officier au commencement de la Révolution, il se distingua aux armées d’Italie et des Pyrénées, notamment au combat de Caldero et au passage du Tagliamento ; passa dans les chasseurs à pied en 1803, après avoir fait les campagnes de 1800 en Hollande, de 1801 sur le Rhin ; fit, en qualité de colonel, celles d’Allemagne et de Prusse (1806-1807), et déploya autant de talent que de bravoure à la bataille d’Eylau, puis à celle d’Essling, où il combattit comme général de brigade (1809). En récompense de sa conduite dans cette dernière affaire, Gros fut créé baron et reçut une dotation de l’empereur. Il prit part ensuite aux campagnes de 1810 à 1814, assista aux affaires de Dresde, Leipzig, Montmirail, et fut mis à la retraite comme lieutenant général sous la Restauration. Nous ignorons l’époque de sa mort.


GROS (Antoine-Jean, baron), peintre d’histoire, le plus illustre des élèves de David, membre de l’Institut (1816), né à Paris en 1771, mort par suicide le 25 juin 1835. À l’âge de quatorze ans, il entra dans l’atelier de David, obtint la première médaille au concours de l’Académie des beaux-arts, et quitta Paris, en 1794, dans l’intention d’aller se perfectionner à Rome ; mais, entièrement privé de ressources, il dut s’arrêter dans différentes villes pour y faire des portraits et trouver ainsi les moyens de continuer sa route. Arrivé à Gênes en 1796, et atteint par la réquisition, il fut incorporé dans un régiment et devint bientôt officier d’état-major. L’épée ne lui fit point oublier ses pinceaux. Joséphine, en passant à Gênes, ayant eu l’occasion d’admirer plusieurs portraits de l’officier artiste, l’emmena avec elle à Milan pour peindre celui de Bonaparte. C’est là qu’il fit la belle esquisse représentant le général en chef de l’armée d’Italie s’avançant sur le pont d’Arcole un drapeau à la main. Gros fut, en récompense, adjoint à la commission chargée de recueillir, dans les villes conquises, les objets d’art destinés au musée du Louvre, puis nommé inspecteur aux revues. Les revers de notre armée d’Italie, dans la campagne de 1799, en le ramenant en France, le rendirent tout entier à la pratique de son art. La Peste de Jaffa est le premier tableau d’histoire qu’il ait peint. Exposé au Salon de 1804, il excita un enthousiasme général. Il passe pour le chef-d’œuvre de Gros ; lui-même aimait à le rappeler comme la plus belle inspiration de sa jeunesse. Presque en même temps parut le Combat de Nazareth, toile qui devait avoir 15 mètres de largeur, et pour l’exécution de laquelle le ministre Chaptal avait mis à la disposition de l’artiste l’ancien Jeu de paume de Versailles. Ce n’était point Napoléon, mais Junot, un de ses lieutenants, qui était le héros de cette bataille ; par une jalousie mesquine, couverte du vain prétexte d’économie, Napoléon fît réduire de moitié les dimensions du tableau. À la suite de l’exposition de 1806, où fut exposée la Bataille d'Aboukir, les rivaux de Gros en ce genre durent s’avouer vaincus. Vinrent ensuite la Bataille d’Eylau (1803), la Prise de Madrid et les batailles des Pyramides et de Wagram (1810). Vers 1812, Gros fut chargé par l’empereur de peindre dans la coupole du Panthéon, sur de grandes dimensions, les figures de Clovis, de Charlemagne, de saint Louis et celle de Napoléon lui-même. Le retour de la dynastie des Bourbons, que l’on oubliait dans ce plan, dut le modifier. L’artiste reçut l’ordre de substituer à l’image de Napoléon celle de Louis XVIII. Ce n’est qu’en 1825 que ces peintures admirables furent entièrement achevées. Elles valurent à Gros 100,000 francs et le titre de baron. On y retrouve toutes les qualités de son talent : conception grandiose, dessin remarquablement pur, noblesse d’expression, touche magistrale, coloris éclatant, varié, bien fondu, inimitable. Gros a donné tout ce que pouvait produire en perfection l’école de David. Ses dernières œuvres annoncent la vieillesse. L’apparition de l’école romantique le jeta dans un grand trouble. Déjà, en 1822, son tableau de Saül lui avait attiré de vives critiques de la part des novateurs. « Laissez-les faire, lui écrivait alors David : vos ouvrages resteront, et leurs critiques feront un jour pitié. » Mais, aux Salons de 1831 et de 1833, il se vit comme accablé sous les coups répétés du feuilleton. Il essaya de se relever, en 1835, par le tableau d’Hercule et Diomède : même déchaînement. Alors, s’avouant pour ainsi dire vaincu, il ferma son atelier en s’écriant avec amertume : « Je ne connais pas de plus grand malheur que celui de se survivre. » Peu de temps après, on le trouvait noyé dans la Seine, près de Meudon.

Gros se faisait payer chèrement ; il était fort riche et très-avare. On raconte que, lors de l’inauguration de la coupole du Panthéon, il avait demandé sérieusement d’être autorisé à percevoir 50 centimes par chaque personne qui viendrait la voir. Il faut lui rendre cette justice, pourtant, qu’il n’abandonna jamais son maître David, et qu’il usa, vainement il est vrai, de tout son crédit à la cour de Louis XVIII et de Charles X pour le faire rappeler de l’exil. À ceux de ses tableaux déjà cités nous ajouterons les suivants : Sapho à Leucade (1801) ; l’Entrevue de Napoléon et de l’empereur d’Autriche en Moravie (1812) ; François Ier et Charles-Quint visitant l’église de Saint-Denis (1812) j la Duchesse d’Angoulême s’embarquant à Pauillac (1819) ; Charles X au camp de Reims (1827). Il a peint aussi un grand nombre de portraits, parmi lesquels on remarque surtout ceux du général Lasalle, de l’impératrice Joséphine, de Louis XVIII, de Charles X et de Chaptal. Les plafonds du musée égyptien et la salle d’introduction du musée des tableaux lui doivent leur décoration.

Nous terminerons cette notice en reproduisant un des meilleurs jugements qui aient été portés sur le talent et l’œuvre de Gros ; c’est celui de M. Ernest Chesneau : « Gros n’est pas un homme de génie ; il a les instincts du génie, mais il n’a pas la puissance de cerveau qui domine, ordonne, centralise et gouverne ces instincts. De Nazareth à Eylau, il s’abandonne, sans les combattre ni les diriger, à ses forces naturelles et à ses forces sensibles. Après Eylau, passé maître, infiniment supérieur à toute son école, sa mollesse reprend l’avantage ; n’étant plus stimulé par la chaleur de la position à enlever, sa fougue s’abat tout d’un coup ; ce n’est plus son sang qui travaille, c’est son esprit, esprit limité, incapable de renouvellement... Gros eut bien plus le goût de la peinture qu’il ne fut réellement peintre. L’exécution l’ennuyait ; la rapidité réglementée de son pinceau le prouve surabondamment. Il a fait un assez grand nombre de tableaux, et, volontiers, il n’en aurait fait qu’un seul, toujours le même, tant il se complaisait dans la satisfaction d’une œuvre réussie. Nature sans consistance, inconsciemment puissante, il ne demandait qu’à s’abdiquer. Ayant en lui des forces qui pouvaient le mener à la plus extrême postérité, il les dépensa, les épuisa à solliciter les faveurs du présent. C’est ce qui lui fit interrompre la grande veine des batailles. Il n’eut en réalité que la vision de la guerre, il n’en eut pas l’intelligence. Il peignit la guerre en rêvant mythologie. Et, parce qu’il n’avait pas conscience de ce qu’il faisait, il cessa de peindre les sujets militaires, au moment où, transfigurés par la passion populaire, par la légende prématurément formée, ils devenaient matière à poésie ; au moment où les esprits industrieux, non les génies de premier ordre, — Béranger, Charlet, inventaient Vieux Caporal et Grognard. Nous ne saurions donc plus nous étonner que Gros, l’une des belles figures de notre école française, ne soit réellement pas un maître. Il lui reste un très-grand titre de gloire : il a le premier introduit l’émotion idéale dans la vie moderne, la puissance d’émotion dans la puissance de vie. »

On peut consulter sur cet éminent artiste : Delestre, Gros et ses ouvrages (Paris, 1845) ; les Notes de M. Rouget ; Eugène Delacroix, art. de la Revue des Deux-Mondes (1er septembre 1848) ; le Journal des arts (1848,1850).


GROS (Jean-Baptiste-Louis, baron), diplomate français, né k Ivry-sur-Seine en 1793. Il embrassa la carrière diplomatique en 1823, reçut le titre de baron eu 1829, fut envoyé, après la révolution de Juillet, au Mexique, comme premier secrétaire de légation, puis nommé chargé d’affaires à Bogota (1834). Pendant la fin du règne de Louis-Philippe, le baron Gros fut chargé de plusieurs missions importantes dans l’Amérique méridionale, notamment dans la Plata. En 1849, il passa en Angleterre pour y remplir une mission relative à l’expédition française à Rome ; l’année suivante, il se rendit k-Athènes, en qualité de ministre plénipotentiaire, régla le différend qui existait alors entre la Grèce et l’Angleterre, puis devint, en 1854, un des plénipotentiaires nommés pour établir définitivement la délimitation des frontières entre la France et l’Espagne. C’est k ce titre que, deux ans plus tard, il signa la convention de Bayonne (2 décembre 1856), qui a mis fin à des difficultés pendantes depuis des siècles. L’habileté dont il avait fait preuve dans ces diverses négociations valut it M. Gros d’être envoyé en Chine, au commencement de l’année suivante, comme ambassadeur extraordinaire, pour obtenir, de concert avec lord Elgin, l’ouverture de nouveuux ports chinois au commerce européen et une protection efficace pour nos missionnaires. Le 25 juin 1858, il conclut avec le gouvernement du Céleste-Empire le traité de paix de Tien-Tsin, puis se rendit dans la capitale du Japon, à Yeddo, où il signa un traité de commerce le 9 septembre de la même année. Lorsque, en 1860, par suite de la violation du traité de Tien-Tsin, la France, de concert avec l’Angleterre, envoya en Chine une expédition sous les ordres du général Cousin-Montaubau, le baron Gros rejoignit ce général, qui s’empara des forts de Takou, à l’embouchure du Peïho (20 août 1860), battit Sang-Ko-Lin-sin à Palikao, se rendit maître de Pékin (12 octobre) et contraignit les Chinois à ouvrir de nouvelles négociations de paix. À la suite de ces négociations, qui amenèrent le traité de Pékin (24 octobre), le baron Gros revint en France. Depuis 1859, il avait été appelé à faire partie du Sénat. Eu 1862, il fut nommé ambassadeur en Angleterre ; mais, dès l’année suivante, il prit sa retraite. Le baron Gros est grand-croix de la Légion d’honneur (1861).


GROS (Étienne), philologue et humaniste français, né à Carcassonne (Aude) eu 1797, mort à Paris en 1850. Il suivit la carrière de l’enseignement, fut professeur dans divers collèges de Paris, puis devint inspecteur de l’Académie de Paris (1838) et proviseur du lycée Bonaparte (1851). Nous citerons de lui : Discours sur l’alliance de la sagesse avec le goût des sciences et des lettres (Paris, 1824, in-8o) ; Mémoire sur ta rhétorique chez les Grecs depuis la mort d’Alexandre jusqu’à la destruction de Corinthe (Paris, 1836, in-4o) ; des traductions de la Rhétorique d'Aristote (1822), de l’Examen critique des plus célèbres écrivains de la Grèce, par Denys d’Halicarnasse (1826-1827, 3 vol. in-8o), des Œuvres d’Ovide (1835-1836), de l'Histoire romaine de Dion Cassius (1845-1855, 4 vol.), traduction restée inachevée ; enfin, des éditions de Pline le Jeune, de Suétone, de la Rhétorique de Philodemus, etc.


GROS DE BESPLAS (Joseph-Màrie-Anne), théologien français. V. Besplas.

GROS DE BOZE (Claude), archéologue et numismate français. V. Boze.

GROS DE SÀINT-JOYRB (René), poète français, né à Lyon vers 1570, mort âgé da près de cent ans. Il comptait le pape Clément IV parmi ses ancêtres. Il alla terminer ses études à Padoue, où il composa des harangues latines (1585-1586) et publia un recueil de poésies italiennes, intitulé : Rime del signor Renato Grossi (Padoue, 1590, in-4o). De retour à Lyon et devenu possesseur da la