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Page:Larousse universel, 1922, I.djvu/1252

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JET cèse de Cahors en 1820, et ayant pour but le soin des malades et l'éducation chré- tienne. jet je n. m. (de jeter). Action de jeter: le jet d'une pierre. Mouvement imprimé à un corps en le jetant. Emis- sion de rayons, d'un fluide : ouvrier brûlé par un jet de vapeur. Jet de pierre, dis- tance égale à l'espace par- couru par une pierre qu'un homme lance de toute sa force. Arme de jet, arme pro- pre à être lancée, ou à lancer des projectiles. Jet à la mer, avarie commune consistant à jeter à la mer tout ou par- tie de la cargaison. Action de faire couler la matière en fusion dans le moule. Canal d'èvent dans un moule. Excé- dent de métal dans la fonte des caractères d'imprimerie. Fig. Expansion soudaine : un jet de verve. Premier jet, ébauche, esquisse. Du pre- mier jet, du premier coup, sans qu'il ait été nécessaire d'y revenir. D'un seul jet, se dit d'une chose conçue avec sûreté, sans tâton- nement: pièce de vers d'un seul jet. Jet d'eau, eau qui s'élance d'un tuyau. Traverse inférieure du châssis d'une fenêtre curviligne à l'extérieur, de ma- nière à faciliter l'écoulement de l'eau. Jet de lu- mière, rayon de lumière qui paraît subitement. Bot. Poussée d'un végétal, droite et vigoureuse. Jone ou rotin pour déboucher les tuyaux. Jet d'abeilles, nou- vel essaim qui sort de la ruche. CALCO ENCYCL. Dr. Jet à la mer. Le jet à la mer ne doit se faire qu'après délibération entre le capitaine et l'équipage; c'est le jet ré- gulier, et l'on dresse aussitôt un procès-verbal, qui est trans- crit sur le livre de bord et af- firmé par le capitaine au pre- mier port où aborde le na- vire. Quand le capitaine agit de sa propre initiative, c'est le jet irrégulier, qui n'en est pas moins une avarie com- mune. La répartition des per- tes causées par cette opération porte le nom de contribution. jetage [ta-je] n. m. Action de jeter. Path." Ecoulement abondant et épais par les nari- nes. Art vétér. Sécrétion muco- purulente, qui s'écoule du nez de certains animaux atteints de la morve, de la gourme, etc. ENCYCL. Art vétér. Le jetage est une sécrétion muco- purulente qui découle du nez d'un animal atteint de certai- nes affections de la muqueuse nasale; c'est ainsi que le je- tage est provoqué chez le che- val par la morve, la gourme, la pneumonie, etc.; chez le chien, par la gourme, la pneumonie; chez le boeuf, par la péripneumonie. Chez le mouton, le jetage peut provenir d'une affection des voies res- piratoires, mais souvent aussi il est occasionné par la présence de larves de l'oestre (eestrus ovis), qui évoluent dans les cavités nasales. Cette affection dis- paraît en même temps que la maladie qui l'engen- dre, si celle-ci est curable. Jet d'eau. Entrée de Jésus à Jérusalem, tableau de H. Flandrin. jeté n. m. Mouvement de danse sans valeur propre, mais qui fait partie du coupé. jetée [té] n. f. Chaussée qui s'avance dans la mer, ou dans un cours d'eau, pour protéger un port contre la violence des lames, ou pour diriger un Jetée. courant un môle se trouve ordinairement à la tête d'une jetée. Amas de pierres, gravier, etc., jetés dans la longueur d'un chemin pour le rendre prati- cable. - jeter [té] v. a. (lat. jactare. - Prend deux t de- vant une syllabe muette: je jetterai.) Lancer: jeter une pierre. Pousser avec violence: navire que les vents jettent sur un écueil. Rendre: abcès qui jette du pus. Proférer: jeter un cri. Se débarrasser: jeter des fruits gâtés. Renverser: jeter un enfant par terre. Fig. Produire des bourgeons: la vigne com- mence à jeter. Jeter l'ancre, la faire tomber dans la mer pour arrêter le navire. Jeter les fondements d'un édifice, les établir. Jeter un pont sur une ri- vière, l'y construire. Jeter quelqu'un dans l'embar- ras, l'y mettre. Jeter un coup d'oeil, regarder. Jeter l'épouvante, remplir de terreur. Jeter les yeux sur quelqu'un, faire choix de lui pour un poste de con- fiance. Jeter de la poudre aux yeur, éblouir, sur- prendre par de faux brillants. Jeter à la figure, face, au nez, reprocher. Jeter à la tête peut signi- fier aussi offrir avec une insistance déplacée: père qui vous jette sa fille à la tête. Jeter de profondes racines, s'enraciner profondément (au prop. et au fig.). Jeter en moule, fondre, mouler. (V. BONNET, COGNÉE, GOURME, HUILE, etc.) Se jeter v. pr. Se pré- cipiter, se lancer, se porter vers. Se jeter dans les bras de quelqu'un, y chercher un appui. Se jeter à la 1239 dans un parti, l'embrasser. Se perdre, en parlant d'une rivière: la Saône se jette dans le lihône à Lyon. jeteur, euse [eu-ze] n. Celui, celle qui jette : jeteur de sort. Jethro ou Raguel, beau-père de Moise, qui garda ses troupeaux pendant de longues années. jetisses adj. f. pl. Agric. V. JECTISSES. jeton n. m. (de jeter). Pièce plate, ronde ou rec- tangulaire, en ivoire ou en métal, pour marquer ou payer au jeu. Jeton de présence, piéce de métal que l'on remet à chaque membre présent de certaines compagnies et qui lui sert à toucher une somme déterminée, en rémunération de son dérangement. Loc. fam. Etre faux comme un jeton, avoir un carac- tère faux (parce que le jeton imite souvent une pièce de monnaie). Petite règle d'acier, qui sert à vérifier la régularité des caractères d'imprimerie. jetonnier [to-ni-é] n. m. Fam. Académicien assidu aux séances (à cause des jetons de présence). jettatore [djèt-ta-to-ré) n. m. (mot napolitain). Sorcier, jeteur de sort, en Italie. Pl. des jettatori. jettatura [djèt ta-tou-raj (mot napolitain) ou jettature [jèt-ta] n. f. Mauvais ceil; sorcellerie. Action de jeter un sort, en Italie. Jette, comm. de Belgique (Brabant, arr. de Bruxelles); 12.880 h. Fait partie de l'agglomération bruxelloise. jette-feu n. m. Appareil qui fait pivoter les grilles des foyers de locomotives, de façon à faire tomber au besoin le charbon enflammé dans le cendrier. jettice adj. f. Laine jettice, laine de rebut. jeu n. m. (lat. jocus). Divertissement, récréa- tion: les jeux des enfants. Récréation fondée sur différentes combinaisons de calcul ou de hasard: le jeu des échecs est connu depuis la plus haute anti- quité. Divertissement où l'on risque de l'argent : avoir la passion du jeu. Jeu de hasard, où le hasard seul amène les résultats, sans que le calcul y soit pour rien: le loto familial est un jeu de hasard. Règle du jeu: jouer le jeu. Enjeu: jouer gros jeu. Jeux de bourse, toute espèce d'agiotage sur les fonds publics, les valeurs, les marchandises, etc. Ce qui sert à jouer à certains jeux: acheter un jeu de dames, un jeu de cartes. Lieu où l'on se livre à un certain divertissement : un jeu de boule ombragé. Manière de toucher les instruments: jeu brillant. Manière de jouer d'un acteur: jeu noble. Jeu de scène, mimique, entrées, sorties, etc. Vieux jeu, suranné (par allus. au jeu des vieux acteurs, que l'on trouve démodé). Maniement d'une arme blan- che; façon de faire des armes: escrimeur qui a un jeu dangereux. Plaisanterie; chose peu sérieuse ou peu sincère: les invectives politiques ne sont qu'un jeu. Caprice, vicissitudes: les jeux du hasard. Fone- tionnement régulier: le jeu d'une pompe, et fig., le jeu des institutions. Facilité de se mouvoir: donner du jeu à une porte. Défaut de serrage, entre deux pièces frottantes: pédalier qui a du jeu. Série com- plète: un jeu d'avirons, de voiles. Jeu de mots, allusion fondée sur la ressemblance des mots. Jeu d'esprit, divertissement, ceuvre qui exerce la saga- cité, l'esprit. Petits jeux, jeux innocents, jeux de société, jeux qui consistent surtout en dialogues et devinettes, et où l'on impose des pénitences à ceux qui, ayant commis une faute, ont dù donner un gage. Ce n'est qu'un jeu d'enfant, une chose facile. Se faire un jeu de, faire facilement. Se piquer au jeu, s'opiniâtrer. Fig. Ne pas se laisser décourager par les obstacles. Ce n'est qu'un jeu pour lui, il le fait facilement. Mettre quelqu'un en jeu, le mêler dans une affaire. Jouer gros jeu, risquer beaucoup, au pr. et au fig. Avoir beau jeu, être dans des condi- tions favora- bles. Cela n'est pas de jeu, ce n'est pas dans les règles. A deur de jeu, être à deux dans des con- ditions de lutte égales. Maison de jeu, établis- sement public Jeux d'eau (tubulures). où l'on joue de l'argent. Jeux d'orgue, rangée de tuyaux de même espèce, formant une suite chroma- tique de sons. Jeu d'eau, formes diverses qu'on fait prendre à un jet d'eau, en changeant les ajutages; nom donné à ces ajutages. Pêch. Ligne de fond munie de plusieurs hameçons disposés de diverses façons. Turf. Faire le jeu, se dit d'un cheval qui, dès le début d'une course, mène un train rapide (le plus souvent pour obliger ses adversaires à épuiser JEU leurs forces et permettre à un cheval associé de les battre sur le fond). Jeu. Au tennis, Quatrième point gagné; point gagné après un avantage. A deux de jeux, se dit lorsque les deux camps gagnant chacun cinq jeux sont à égalité. Avantage de jeux, sixième jeu gagné par le joueur étant deux de jeux. Fig. Faire le jeu de ses adversaires, agir, sans le vouloir, au mieux de leurs intérêts. Pl. Divinités allégori- ques, qui présidaient à la joie (dans ce sens, prend une majuscule): les Jeux et les Ris. Les jeux de Mars, la guerre. Jeux de la nature, combinaisons naturelles qui ont quelque chose de bizarre: les stalactites et les stalagmites sont des jeux de la nature. Prov.: Le jeu ne ou n'en vaut pas la chandelle, le résultat ne vaut pas le mal qu'on se donne pour l'obtenir. Jeu de main, jeu de vilain, il n'y a que les gens mal élevés qui jouent à se frapper, qui se donnent des coups en jouant. ALLUS. LITT. : . Ce sont là jeux de prince, hémistiche de la fable de La Fontaine: le Jardinier et son seigneur (IV, 4). Ces mots jeur de prince dé- signent les fantaisies, souvent cruelles, que se per- mettent les forts aux dépens des faibles. - ENCYCL. Dr. La loi n'accorde aucune action au gagnant contre le perdant pour une dette de jeu (cartes, billard, quilles, etc.) ou pour le payement d'un pari. Cependant, dans aucun cas, le perdant ne peut répéter ce qu'il a volontairement payé, à moins qu'il n'y ait eu, de la part du gagnant, vol, super- cherie ou escroquerie. Le jeu et le pari sont des contrats aléatoires. La fin de non-recevoir opposée à l'action pour dette de jeu s'appelle exception de jeu. Elle ne peut être in- voquée en matière d'opérations de bourse. Le fonctionnement des jeux de hasard dans les. établissements et dans les lieux publics est interdit par les articles 410 et 475 du Code pénal, qui édic- tent, suivant le cas, des peines correctionnelles ou de simple police contre les délinquants. Par déro- gation à ces dispositions, la loi du 15 juin 1907 a autorisé les cercles et casinos des stations balnéaires ou thermales à ouvrir des salles de jeu pendant la

  • saison des étrangers »>.

Jeu de la feuillée, poème dramatique d'Adam de La Halle, représenté à Arras en 1262, où l'auteur se moque des ridicules de ses concitoyens. C'est une des productions les plus originales de l'ancien théâtre français. Jeu de l'Amour et du Hasard, comédie de Ma- rivaux, en trois actes et en prose, une de ses oeuvres les plus délicates et les plus fines dans leur vérité (1730). Afin de pouvoir observer son flancé sans être connue de lui, Sylvie change d'habit et de rôle avec sa femme de chambre, Lisette; de son côté, Dorante, dans le même but, prend la livrée de son valet Pas- quin. Le faux valet et la fausse soubrette s'épren- nent l'un de l'autre. Dorante avoue son subterfuge à Sylvie qui, alors, met son amour-propre à se faire épouser comme femme de chambre. Elle y réussit. Jeu de Paume (serment du), serment que prêté- rent dans la salle du Jeu de Paume, à Versailles, le 20 juin 1789, les députés du tiers état, de ne pas se séparer avant d'avoir donné une Constitution à la France, bien que le roi Louis XVI leur eût refusé la salle habituelle de leurs délibérations. C'est le sujet d'un célèbre tableau inachevé de David (Louvre), (v. p. 1248), dont L.-O. Merson a exécuté une copie en camaïeu dans la salle du Jeu de Paume, à Ver- sailles. Jeu de Robin et Marion, pastorale dramatique d'Adam de La Halle, bluette agréable et spirituelle. C'est dans cette pièce que, pour la première fois en France, la musique profane fait son apparition sur la scène. Elle est le premier des opéras-comiques français (vers 1283). Jeu du prince des sots, par Gringore, trilogie dramatique, composée d'une farce, d'une sotie et d'une moralité, et représentée aux Halles de Paris devant le roi en 1511. L'auteur y défend avec esprit et à-propos la politique de Louis XII contre le pape Jules II. Jeux floraux, académie toulousaine qui distribue chaque année des prix de poésie. Elle fut fondée par des troubadours en 1323, et on lui donnait alors par le nom de Collège de la gaie science. On y distribuait aux meilleures pièces de vers en langue d'oc des prix Prix des jeux floraux: 1. Eglantine; 2. Jasmin; 3. Ama- rante; 4. Immortelle; 5. Primevère; 6. Lis; 7. Violette; 8. Eillet; 9. Souci. consistant en différentes fleurs d'or et d'argent, telles que la violette, l'églantine, l'amarante; d'où le nom de Jeur floraux. Vers 1500, la tradition veut qu'une dame de Toulouse, Clémence Isaure, célèbre par sa beauté et son esprit, ait donné un nouvel éclat à cette académie, à l'avenir de laquelle elle aurait con- sacré une partie de sa fortune. La critique moderne- a démontré la fausseté de cette légende. (V. ISAURE.) En tout cas, les jeux furent réorganisés en 1694 et, à partir de ce moment, le français y fut seul admis.