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Page:Larrieu - Une poignée de vérités, 1920.djvu/108

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liberté. Pourquoi ne le fait-elle pas ? Il y a là peut-être des empêchements diplomatiques, que je ne puis deviner : un chansonnier ne fera jamais qu’un piètre politicien.

Cependant, si pour une raison ou pour une autre nous devons ne pas intervenir, faisons au moins sentir à nos frères d’outre-mer que nous sommes avec eux de tout cœur, que nous prenons notre large part de leur misères comme de leurs joies.

On a osé dire que les Canadiens-français n’aimaient pas la France : c’est de l’adoration, passez-moi le mot, qu’ils ont pour elle ; jamais ils n’ont oublié leur mère-patrie. C’est précisément de quoi ils souffrent, c’est ce que leur reprochent encore et toujours les Canadiens-anglais.

Quels sont les Canadiens-français qui n’ont pas rêvé de venir un jour chez nous, de parcourir la Bretagne, la Normandie ou la Saintonge pour voir s’ils ne se trouveront pas un arrière cousin, un neveu, ou quelque parent inconnu ?

En 1880, sept ans après notre désastre, voici ce qu’ils se disaient encore entre eux. C’est encore Sir Wilfrid Laurier qui parle : — « C’est lorsque nous arriva la nouvelle des premiers désastres de l’armée française que nous sentîmes combien nous étions Français. Qui ne se souvient d’avoir vu, dans ces jours funestes, toute la population