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Page:Larrieu - Une poignée de vérités, 1920.djvu/119

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Beaucoup de Canadiens en sont arrivés à penser ceci : « Puisque nous sommes ensemble pour toujours, puisque ni les uns, ni les autres ne pouvons nous anéantir, puisque notre hostilité ne peut qu’entraver nos affaires et nuire au progrès de notre pays, prenons-en notre parti supportons-nous et en dehors des questions intéressant la nation, ignorons-nous, ne nous occupons pas les uns des autres, ne nous cherchons plus de querelles. Chacun pour sa religion, chacun pour sa langue, chacun pour ses traditions, tous pour le Canada ! »

Il faudrait que tous les habitants du Canada pensent ainsi. Quand les intérêts vitaux des deux races ne sont pas en jeu, cela va tout seul. Malheureusement aussitôt qu’il s’agit de questions de langue et de race, le feu est mis aux poudres. Il faudrait… il faudrait… enfin beaucoup de choses dont la principale est celle-ci : Que les Canadiens-anglais, les Ontariens surtout, se souviennent que les Canadiens-français sont les premiers possesseurs du sol, qu’ils se montrent moins intransigeants, moins fanatiques. Qu’ils n’oublient pas que leurs compatriotes français ont enrichi cette généreuse terre, qu’ils l’ont gardée à l’Angleterre, et que, sans eux, ils n’y seraient peut-être pas. Si les Ontariens ne veulent pas entendre parler de réconciliation, qu’ils cessent au moins leurs provocations continuelles : qu’ils fassent en Canada ce qu’on faisait dans une vaste brasserie appartenant à une famille