J’ai parlé à ce public, je lui ai fait chanter mes chansons du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Tout le monde a compris, tout le monde a saisi les diverses nuances que peut renfermer un couplet.
L’expérience est concluante. Mais comment un canard d’une pareille dimension a-t-il pu s’envoler et faire le tour du monde ? Deux exemples le montreront.
Je voyageais un jour aux États Unis, en automobile avec un Canadien-français. Nous fûmes au bout d’un certain temps, obligés de faire provision de « gazoline. » Justement à quelques mètres de nous, dans le village que nous traversions, nous aperçûmes l’enseigne d’un marchand.
Il était en même temps épicier, pharmacien et docteur en médecine. Entre deux consultations il vendait une livre de sucre ou un quart de poivre. Dans son arrière-boutique se trouvait une salle d’opérations provisoire. Quand il eut versé sa gazoline dans le réservoir de l’auto, mon ami canadien régla la dépense. En le remerciant, notre docteur-épicier lui dit en un français de Yankee : « À la bonne heure. J’ai affaire à des « Français de France et non pas à des Canadiens. Au moins, je vous « comprends ! » J’expliquai à notre américain que moi seul étais Français et que mon ami, qu’il complimentait si fort, était un pur Canadien. Il ne répondit rien, très vexé probablement et nous partî-