Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/102

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Son extrême jeunesse, lorsqu’il prit le commandement de l’armée d’Italie, ou toute autre cause, y avait établi un singulier usage ; c’est qu’après chaque bataille, les plus vieux soldats se réunissaient en conseil, et donnaient un nouveau grade à leur jeune général : quand celui-ci rentrait au camp, il y était reçu par les vieilles moustaches, qui le saluaient de son nouveau titre. Il fut fait caporal à Lodi, sergent à Castiglione ; et de là ce surnom de petit caporal, resté longtemps à Napoléon parmi les soldats. Et qui peut dire la chaîne qui unit la plus petite cause aux plus grands évènements ! peut-être ce sobriquet a-t-il contribué aux prodiges de son retour en 1815 ; lorsqu’il haranguait le premier bataillon qu’il rencontra, avec lequel il fallut parlementer, une voix s’écria : Vive notre petit caporal ! nous ne le combattrons jamais !

L’administration du Directoire et celle du général en chef de l’armée d’Italie semblaient deux gouvernements tout différents.

Le Directoire, en France, mettait à mort les émigrés ; jamais l’armée d’Italie n’en fit périr aucun. Le Directoire alla même jusqu’à écrire à Napoléon, lorsqu’il sut Wurmser assiégé dans Mantoue, de se rappeler