Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/151

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On a parlé de romans ; l’une des petites avait lu Mathilde de madame Cottin : ce fut une très grande joie de voir que l’Empereur la connaissait. Un gros Anglais, à face carrée, vrai vacuum plenum à ce qu’il paraît, qui écoutait gravement de toutes ses oreilles pour tâcher de mettre à profit son peu de français, se hasarda de demander avec réserve à l’Empereur si la princesse amie de Mathilde, dont il admirait particulièrement l’excellent caractère, vivait toujours ; l’Empereur lui répondit avec solennité : « Non, Monsieur, elle est morte et enterrée. » Et il allait se croire mystifié, disait-il, quand il vit, à cette malheureuse nouvelle, les larmes prêtes à rouler dans les grands et gros yeux de la grosse face.

Une des petites filles ne fut pas moins naïve : c’était plus pardonnable ; toutefois j’en dus conclure qu’on n’était pas fort ici en chronologie. Parcourant Estelle de Florian, pour montrer qu’elle lisait le français, elle tomba sur Gaston de Foix, et le voyant qualifié de général, elle demanda à l’Empereur s’il avait été bien content de lui dans ses armées, s’il avait échappé à toutes les batailles, et s’il vivait encore.


L’amiral vient voir l’Empereur.


Samedi 21.

L’amiral, dans la matinée, est venu rendre visite à l’Empereur ; il a