Aller au contenu

Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’Empereur se montra deux ou trois fois au balcon de la préfecture. Beaucoup de propositions lui sont faites par des généraux qui viennent en personne ou envoient des émissaires particuliers.

Du reste, pendant tout le séjour à Rochefort, l’Empereur y est constamment comme aux Tuileries. Nous ne l’approchons pas davantage ; il ne reçoit guère que Bertrand et Savary, et nous en sommes réduits aux bruits et aux conjectures sur ce qui le concerne. Toutefois il paraît que l’Empereur, au milieu de l’agitation des hommes et des choses, demeure calme, impassible, se montre très indifférent et surtout très peu pressé.

Un lieutenant de vaisseau de notre marine, commandant un bâtiment de commerce danois, vient s’offrir généreusement pour le sauver.

Il propose de le prendre seul de sa personne, garantit de le cacher si bien qu’il échappera à toute recherche, et offre de faire voile immédiatement pour les États-Unis. Il ne demande qu’une légère somme pour indemniser ses propriétaires des torts possibles de son entreprise. Bertrand l’accorde, sous certaines conditions qu’il rédige en mon nom, et je signe ce marché fictif en présence et sous les yeux du préfet maritime.