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les frégates avec pavillon parlementaire ; il fut répondu qu’elles seraient attaquées. Nous parlâmes de son passage sur un vaisseau neutre. Il fut dit que tout bâtiment neutre serait strictement visité, et peut-être même conduit aux ports anglais ; mais il nous fut suggéré de nous rendre en Angleterre, et affirmé qu’on ne pouvait y craindre aucun mauvais traitement. Nous étions de retour à deux heures après midi.

Le vaisseau anglais le Bellérophon, à bord duquel nous avions été, nous suivit, et vint mouiller dans la rade des Basques, pour se trouver plus à portée de nous. Les bâtiments des deux nations demeuraient en vue et très proches les uns des autres.

En arrivant sur le Bellérophon, le capitaine anglais nous avait adressé la parole en français ; je ne me hâtai point de lui dire que je pouvais, tant bien que mal, entendre et parler un peu sa langue. Quelques expressions entre lui et d’autres officiers anglais, devant le duc de Rovigo et moi, eussent pu nuire à la négociation, si je fusse convenu que je les avais comprises. Lors donc que, quelque temps plus tard, on nous demanda si nous entendions l’anglais, je laissai le duc de Rovigo répondre que non. Notre situation politique suffisait d’ailleurs pour me débarrasser de tout scrupule, et rendait ma petite supercherie fort simple : aussi je n’en parle que parce qu’étant demeuré depuis une quinzaine de jours avec toutes ces personnes, j’ai été contraint de me gêner beaucoup pour ne pas découvrir ce que j’avais caché d’abord, et que plus tard, dans la traversée pour Sainte-Hélène, quelques-uns des officiers anglais ne furent pas sans faire observer que je faisais des progrès bien rapides dans leur langue. Au fait, je lisais l’anglais, mais j’avais la plus grande difficulté à l’entendre ; il y avait plus de treize ans que je ne l’avais pratiqué.


L’Empereur incertain sur le parti qu’il doit prendre.


Mardi 11.

Toutes les passes étaient bloquées par des voiles anglaises. L’Empereur semblait encore incertain sur le parti qu’il prendrait ; il était question de bâtiments neutres, de chasse-marée montés par de jeunes aspirants. On continuait des propositions du côté de la terre, etc.


L’Empereur à l’Île d’Aix.


Mercredi 12.

L’Empereur débarque à l’île d’Aix, au milieu des cris et de l’exaltation