Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/30

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envoya son canot au-devant. Le voyant revenir, c’était un grand sujet d’anxiété pour le capitaine Maitland de découvrir avec sa lunette si l’Empereur y était descendu ; il me priait à chaque instant d’examiner moi-même, et je ne pouvais lui répondre. Enfin il n’y eut plus de doute : l’Empereur, entouré de ses officiers, aborda le Bellérophon ; je me trouvai à l’échelle du vaisseau pour lui nommer le capitaine Maitland, auquel il dit : « Je viens à votre bord me mettre sous la protection des lois d’Angleterre. » Le capitaine Maitland le conduisit dans sa chambre, et l’en mit en possession. Bientôt après, le capitaine présenta tous ses officiers à l’Empereur, qui vint ensuite sur le pont, et visita, dans la matinée, toutes les parties du vaisseau. Je lui racontai la frayeur qu’avait eue la veille le capitaine Maitland touchant son évasion supposée ; l’Empereur ne jugea pas comme je l’avais fait : « Qu’avait-il donc à craindre ? me dit-il avec force et dignité, ne vous avait-il pas avec lui ? »

Vers les trois heures, nous vîmes arriver au mouillage le Superbe, de soixante-quatorze, amiral Hotham, commandant la station. Cet amiral vint rendre visite à l’Empereur, demeura à dîner, et, sur les questions