Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/333

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Il eût souvent à haranguer à la halle, dans les rues, aux sections et dans les faubourgs ; et une remarque singulière à ce sujet, c’est que, dans toutes les parties de la capitale, le faubourg Saint-Antoine est celui qu’il a toujours trouvé le plus facile à entendre raison et à recevoir des impulsions généreuses.

Ce fut pendant le commandement de Paris que Napoléon fit la connaissance de madame de Beauharnais.

On avait exécuté le désarmement général des sections. Il se présenta à l’État-Major un jeune homme de dix à douze ans, qui vint supplier le général en chef de lui faire rendre l’épée de son père, qui avait été général de la république. Ce jeune homme était Eugène de Beauharnais, depuis vice-roi d’Italie. Napoléon, touché de la nature de sa demande et des grâces de son âge, lui accorda ce qu’il demandait : Eugène se mit à pleurer en voyant l’épée de son père. Le général en fut touché, et lui témoigna tant de bienveillance, que madame de Beauharnais se crut obligée de venir le lendemain lui en faire des remerciements : Napoléon s’empressa de lui rendre sa visite.

Chacun connaît la grâce extrême de l’impératrice Joséphine, ses manières douces et attrayantes. La connaissance devint bientôt intime et tendre, et ils ne tardèrent pas à se marier.


X. Napoléon est nommé général en chef de l’armée d’Italie. — On reprochait à Scherer, commandant de l’armée d’Italie, de ne pas avoir su