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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/39

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Les papiers publics, les ministériels surtout, étaient déchaînés contre nous ; c’était le cri des ministres préparant au coup qu’ils allaient frapper. On se figurerait difficilement les horreurs, les mensonges, les imprécations qu’ils accumulaient contre nous ; et l’on sait qu’il en reste toujours quelque chose sur la multitude, quelque bien disposée qu’elle soit. Aussi les manières autour de nous étaient devenues moins aisées ; les politesses embarrassées, les figures incertaines.

L’amiral Keith, après s’être fait annoncer maintes fois, ne fit qu’apparaître : il nous était visible qu’on redoutait notre situation, qu’on évitait nos paroles. Les papiers contenaient les mesures qu’on allait prendre ; mais comme il n’y avait rien d’officiel encore, et qu’ils se contredisaient dans quelques petits détails, nous aimions à nous flatter, et demeurions encore dans ce vague, cette incertitude pire néanmoins que tous les résultats.

Cependant, d’un autre côté, notre apparition en Angleterre y avait produit un étrange mouvement ; l’arrivée de l’Empereur y avait créé une curiosité qui tenait de la fureur ; c’étaient les papiers publics eux-mêmes qui nous apprenaient cette circonstance, en la condamnant. Toute l’Angleterre se précipitait vers Plymouth. Une personne partie de Londres aussitôt mon arrivée, pour venir me voir, fut contrainte de s’arrêter