Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/414

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment et l’intention qu’il fallait juger ici, c’était de l’enthousiasme et de l’amour jusqu’à la rage et au délire.

L’Empereur a ajouté qu’il était à croire que plus d’une personne en parlerait ce soir en Europe, et qu’en dépit de toute surveillance il se viderait bien des bouteilles en son intention.

La conversation est ensuite tombée sur le roi de Rome ; ce jour était l’anniversaire de sa naissance ; l’Empereur comptait qu’il avait cinq ans. Il est passé de là aux couches de l’impératrice, et semblait se complaire à se vanter d’avoir été dans cette circonstance, disait-il, aussi bon mari que qui que ce fût au monde : il aida constamment toute la nuit l’impératrice à marcher. Nous en savions quelque chose, nous qui étions de la maison ; nous avions été convoqués tous au château dès dix heures du soir ; nous y passâmes la nuit entière ; les cris arrivaient parfois jusqu’à nous. Vers le matin, l’accoucheur ayant dit à l’Empereur que les douleurs avaient cessé et que cela pourrait être long encore, l’Empereur alla se mettre au bain, et l’on nous congédia, en nous prévenant de ne pas nous écarter de chez nous. Il n’y avait pas longtemps que l’Empe-