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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/453

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Puis, continuant sur le même sujet, il a conclu avec une chaleur qui tenait de l’inspiration : « La contre-révolution, même en la laissant aller, doit inévitablement se noyer d’elle-même dans la révolution. Il suffit à présent de l’atmosphère des jeunes idées pour étouffer les vieux féodalistes ; car rien ne saurait désormais détruire ou effacer les grands principes de notre révolution ; ces grandes et belles vérités doivent demeurer à jamais, tant nous les avons entrelacées de lustre, de monuments, de prodiges ; nous en avons noyé les premières souillures dans des flots de gloire ; elles sont désormais immortelles ! Sorties de la tribune française, cimentées du sang des batailles, décorées des lauriers de la victoire, saluées des acclamations des peuples, sanctionnées par les traités, les alliances des souverains, devenues familières aux oreilles comme à la bouche des rois, elles ne sauraient plus rétrograder ! ! !

Elles vivent dans la Grande-Bretagne, elles éclairent l’Amérique, elles sont nationalisées en France : voilà le trépied d’où jaillira la lumière du monde !

Elles le régiront ; elles seront la foi, la religion, la morale de tous les peuples : et cette ère mémorable se rattachera, quoi qu’on ait voulu dire, à ma personne ; parce qu’après tout j’ai fait briller le flambeau, consacré les principes, et qu’aujourd’hui la persécution achève de m’en rendre le Messie. Amis et ennemis, tous m’en diront le premier soldat, le grand représentant. Aussi, même quand je ne serai plus, je demeurerai encore pour les peuples l’étoile polaire de leurs droits ; mon nom sera le cri de guerre de leurs efforts, la devise de leurs espérances. »


Opinions de l’Empereur sur plusieurs personnages connus – Pozzo di Borgo – Metternich – Bassano – Clarke – Champagny – Cambacérès – Lebrun – Talleyrand – Fouché, etc..


Jeudi 11, vendredi 12.

L’Empereur a continué de profiter des matinées supportables pour monter à cheval ; il déjeunait dans le jardin ; la conversation se prolongeait ensuite avec un grand abandon et beaucoup d’intérêt sur sa vie privée, les évènements publics, les personnes qui l’ont entouré, celles qui ont joué un grand rôle chez les autres puissances, etc., etc…

Il n’était plus question de leçon d’anglais ; elles ne se prenaient plus qu’à cheval ou dans le cours de la journée lors de sa promenade ; la régularité de la langue y perdait quelque chose, la facilité de s’exprimer gagnait infiniment.