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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/47

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contre la violence qui m’est faite, contre la violation de mes droits les plus sacrés, en disposant, par la force, de ma personne et de ma liberté. Je suis venu librement à bord du Bellérophon ; je ne suis pas le prisonnier, je suis l’hôte de l’Angleterre. J’y suis venu à l’instigation même du capitaine, qui a dit avoir des ordres du gouvernement de me recevoir, et de me conduire en Angleterre avec ma suite, si cela m’était agréable. Je me suis présenté de bonne foi, pour venir me mettre sous la protection des lois d’Angleterre. Aussitôt assis à bord du Bellérophon, je fus sur le foyer du peuple britannique. Si le gouvernement, en donnant des ordres au capitaine du Bellérophon de me recevoir ainsi que ma suite n’a voulu que tendre une embûche, il a forfait à l’honneur et flétri son pavillon.

Si cet acte se consommait, ce serait en vain que les Anglais voudraient parler désormais de leur loyauté, de leurs lois et de leur liberté ; la foi britannique se trouvera perdue dans l’hospitalité du Bellérophon.

J’en appelle à l’histoire : elle dira qu’un ennemi, qui fit vingt ans la guerre au peuple anglais, vint librement, dans son infortune, chercher un asile sous ses lois ; quelle plus éclatante preuve pouvait-il lui donner de son estime et de sa confiance ? Mais comment répondit-on en Angle-