Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/510

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

division ennemie ; cinq fois on lui avait livré l’assaut, et cinq fois il avait couvert les avenues de cadavres. Soret arriva au moment même où l’ennemi tentait un dernier effort : il tomba sur ses flancs, le défit entièrement, lui prit des drapeaux, et dégagea Guieux.

Dans le même moment, la division autrichienne de Gavardo s’était portée sur Lonato, pour prendre position sur les hauteurs, et tâcher d’opérer sa jonction avec Wurmser sur le Mincio. Le général en chef mena lui-même la brigade de Dallemagne contre cette division. Cette brigade fit des prodiges de valeur, la 32e en faisait partie. L’ennemi fut battu, mis en déroute et éprouva une grande perte.

Ces deux divisions ennemies, battues par Soret et Dallemagne, se rallièrent à Gavardo. Soret craignit de se compromettre, et revint prendre une position intermédiaire entre Salo et Dezenzano.

Pendant ce temps, Wurmser avait fait passer sur les ponts de Vérone son artillerie et sa cavalerie. Maître de tout le pays entre l’Adige et le lac de Guarda, il plaçait une de ses divisions sur les hauteurs de Peschiera, pour masquer cette place et garder ses communications. Il en dirigeait deux autres, avec une partie de sa cavalerie, sur Borghetto, pour s’emparer du pont sur le Mincio, et déboucher sur la Chiesa, afin de se mettre en communication avec sa droite. Enfin, avec ses deux dernières divisions d’infanterie et le reste de sa cavalerie, il marchait sur Mantoue, pour faire lever le siège de cette place.

Depuis vingt-quatre heures, les troupes françaises avaient tout évacué de devant Mantoue : Wurmser y trouva les tranchées et les batteries encore entières, les pièces renversées et enclouées, et partout des débris d’affûts, de plates-formes et de munitions de toute espèce. La précipitation qui semblait avoir présidé à ces mesures dut le réjouir agréablement ; tout ce qu’il voyait autour de lui semblait bien plus le résultat de l’épouvante que les suites d’un plan calculé.

Masséna, après avoir contenu l’ennemi toute la journée du 30, passa dans la nuit le Mincio à Peschiera, et continua sur Brescia. La division autrichienne qui se présenta devant Peschiera trouva la rive droite du Mincio garnie de tirailleurs fournis par la garnison et par une arrière-garde laissée par Masséna, laquelle avait ordre de disputer le passage du Mincio, et, lorsqu’il serait forcé, de se concentrer sur Lonato.

En se dirigeant sur Brescia, Augereau avait passé le Mincio à Borghetto. Il avait coupé le pont et laissé aussi une arrière-garde pour border la rivière, avec ordre de se concentrer à Castiglione lorsqu’elle serait forcée.

Toute la nuit du 31 juillet au 1er août, le général en chef marcha avec