Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/640

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sée de la Carinthie ; une fois dépassé Clagenfurt et Marbourg, ces deux chaussées de la Carinthie et de la Carniole cheminent parallèlement à une vingtaine de lieues l’une de l’autre, et n’ont plus aucune communication transversale praticable aux voitures.

Le projet de Napoléon était de pénétrer en Allemagne par la chaussée de la Carinthie, de traverser la Carniole, la Styrie, et d’arriver sur le Simmering ; mais le prince Charles avait deux armées : l’une en Tyrol, et l’autre derrière la Piave ; il fallait donc laisser une partie de l’armée en observation contre l’armée du Tyrol. Le général français préféra faire prendre également l’offensive aux divisions du Tyrol, les faire arriver jusqu’à Brixen, et les diriger sur Clagenfurt par la chaussée de Pusthersthal, dans le temps que le principal corps de l’armée se porterait sur la Piave, traverserait le Tagliamento, déboucherait par la chaussée de la Carinthie sur la Drave et Villach, où il serait rejoint par son aile du Tyrol ; et alors toute l’armée réunie marcherait sur le Simmering.

Trois divisions, formant un ensemble de quinze mille hommes sous les ordres du général Joubert, furent destinées à l’opération du Tyrol ; quatre, sous les ordres du général en chef en personne, faisant trente-cinq mille hommes, marchèrent sur le Tagliamento ; le 8e, qui se composait en partie des troupes qui avaient marché sur Rome, fut destiné à former un corps d’observation contre Venise, et assurer la tranquillité de nos derrières. Les généraux de division Baraguey-d’Hilliers et Delmas commandaient dans le Tyrol sous Joubert ; les généraux Masséna, Serrurier, Guieux et Bernadotte étaient à la tête des quatre divisions d’infanterie qui marchaient sur le Tagliamento ; le général Dugua commandait la cavalerie. Les armées du Rhin et de Sambre-et-Meuse devaient passer le Rhin et entrer en Allemagne, de manière à arriver sur le Lech et le Danube en même temps que l’armée française arriverait sur le Simmering. On avait compté sur la division du Piémont, forte de dix mille hommes ; mais le retard des ratifications priva l’armée française de ce renfort si important. interligne}} IV. Passage de la Piave, 13 mars. — Dans le Tyrol, tout le mois de février se passa en fortes escarmouches. Les Autrichiens s’y étaient montrés en force et très hardis. Sur la Piave le prince Charles fit divers mouvements pour profiter de l’éloignement d’une partie de l’armée française, qu’il supposait sur Rome. Le général Guieux se crut menacé à Trévise, et repassa la Brenta ; mais le prince Charles, mieux instruit, sut que le général français n’avait mené sur Rome que quatre ou cinq mille hommes, et s’arrêta. Tout se réduisit à quelques escarmouches. Le quar-