Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/641

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tier-général français arriva dans les premiers jours de mars à Bassano.

La proclamation suivante fut mise à l’ordre du jour :

« La prise de Mantoue vient de finir une campagne qui vous a donné des titres éternels à la reconnaissance de la patrie.

« Vous avez remporté la victoire dans quatorze batailles rangées et soixante-dix combats ; vous avez fait plus de cent mille prisonniers, pris à l’ennemi cinq cents pièces de canons de campagne, deux mille de gros calibre, quatre équipages de pont.

« Les contributions mises sur les pays que vous avez conquis ont nourri, entretenu, soldé l’armée pendant toute la campagne ; vous avez en outre envoyé trente millions au ministère des finances pour le soulagement du trésor public.

« Vous avez enrichi le Muséum de Paris de plus de trois cents objets, chefs-d’œuvre de l’ancienne et nouvelle Italie, et qu’il a fallu trente siècles pour produire.

« Vous avez conquis à la république les plus belles contrées de l’Europe ; les républiques lombarde et transpadane vous doivent leur liberté ; les couleurs françaises flottent pour la première fois sur les bords de l’Adriatique, en face et à vingt-quatre heures de navigation de l’ancienne Macédoine ; les rois de Sardaigne, de Naples, le pape, le duc de Parme, se sont détachés de la coalition de nos ennemis, et ont brigué notre amitié ; vous avez chassé les Anglais de Livourne, de Gênes, de la Corse… Mais vous n’avez pas encore tout achevé ; une grande destinée vous est réservée : c’est en vous que la patrie met ses plus chères espérances ; vous continuerez à en être dignes.

« De tant d’ennemis qui se coalisèrent pour étouffer la république à sa naissance, l’empereur seul reste devant nous : se dégradant lui-même du rang d’une grande puissance, ce prince s’est mis à la solde des marchands de Londres ; il n’a plus de volonté, de politique, que celles de ces insulaires perfides, qui, étrangers aux malheurs de la guerre, sourient avec plaisir aux maux du continent.

« Le Directoire exécutif n’a rien épargné pour donner la paix à l’Europe ; la modération de ses propositions ne se ressentait pas de la force de ses armées, il n’avait pas consulté votre courage, mais l’humanité et l’envie de vous faire rentrer dans vos familles : il n’a pas été écouté à Vienne ; il n’est donc plus d’espérance pour la paix qu’en allant la chercher dans le cœur des États héréditaires de la maison d’Autriche. Vous y trouverez un brave peuple accablé par la guerre qu’il a eue contre les Turcs, et par la guerre actuelle. Les habitants de Vienne et