Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/693

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étaient trois chefs-d’œuvre de laideur. Après le dessert, les deux femmes se retirèrent, et la conversation devint sérieuse. La Reveillère s’étendit longuement sur les inconvénients de notre religion, la nécessité néanmoins d’en avoir une, et vanta en grand détail les avantages de celle qu’il prétendait instituer, la théophilanthropie. Je commençais à trouver, disait l’Empereur, la conversation longue et un peu lourde, quand tout à coup, se frottant les mains avec satisfaction et d’un air malin : De quel prix serait pourtant une acquisition comme la vôtre ! de quelle utilité, de quel poids ne serait pas votre nom ! et comme cela serait glorieux pour vous ! Allons, qu’en pensez-vous ? Le jeune général était loin de s’attendre à une pareille proposition ; toutefois il répondit avec humilité qu’il ne se sentait pas digne d’un tel honneur ; et puis, que dans les routes obscures il avait pour principe de suivre ceux qui le devançaient ; qu’ainsi il était résolu de faire là-dessus comme avaient fait son père et sa mère. Une réponse si positive fit bien voir au grand prêtre qu’il n’y avait rien à faire, et il en demeura là ; mais aussi, depuis, plus de petits soins ni de cajoleries pour le jeune général.

Rewbell, disait l’Empereur, natif d’Alsace, était un des meilleurs avocats de Colmar. Il avait de l’esprit, esprit qui caractérise un bon praticien ; il influença presque toujours les délibérations, prenait